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lundi 31 août 2009

Comment les Américains organisent leur emploi du temps ?

Grâce à une Rencontre, on m'a envoyé dernièrement un courriel avec une adresse d'un site web . Sachant de quoi il en retournait, j'ai cliqué. The American Time Use Survey a demandé à des milliers de résidents américains d'indiquer minute par minute leur emploi du temps de la veille. C'est une méthode bien connue (on pourra se reférer à l'ouvrage classique de Gilles Pronovost Sociologie du temps).

On peut comparer différentes catégories de personnes : par exemple le genre ou le niveau de diplôme, l'origine ethnique, l'âge ou encore leur statut économique. Pour cette dernière catégorie, comme le dit l'article :
The comparison may seem obvious, but differences in time spent by these two groups can be striking.
On notera par exemple que les gens se lèvent plus tard quand ils sont sans emploi. On voit aussi l'impact de l'aménagement made in US typique de la société nord-américaine habitant en banlieue et passant tellement de temps dans les transports. Anti-écologique, anti-convivial, ce mode de vie est décrié par Ivan Illich qui a calculé que si on comptabilisait le temps passé pour payer et entretenir sa voiture, la vitesse est d'environ de 6 km/h. Je suis preneur d'une nouvelle estimation...

Les travailleurs-travailleuses sont donc 65% à dormir à 6h du matin (oui si tôt que ça). Tandis que les chômeurs sont 82% à dormir au même moment. Quant aux inactifs (retraités, scolaires,...), ils sont encore à rester dans leur sommeil.

Les inégalités en terme de sommeil se remarquent aussi en terme de diplôme. Ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures (ni bachelor, ni advanced degree) sont deux plus nombreux à travailler à 3 heures du matin. On dort 20 minutes de moins quand on est très diplômé (8h12). Quant à ceux qui ont des enfants, ils sacrifient 14 mn de sommeil par jour quand ils ont deux enfants par rapport à ceux qui n'en ont pas, mais ces stratégies sont équivalentes en France.

Grâce à des données qu'on ne pourrait pas avoir en France, nous savons que les Afro-américains passent bien deux heures à des offices religieux, soit presque deux fois plus que les autres américains. Ils passent aussi le double du temps au téléphone des autres Américains (notamment en soirée). Les blancs passant 8h30 à dormir, on remarque que les noirs passent en fait 20 mn de plus et les hispaniques 26 mn de plus.

L'aménagement du temps est aussi spécial puisque à 10h30 seulement 50% des travailleurs sont au travail, ce qui laisse supposer un fort étalement en terme d'horaires. Ce n'est pas qu'une question de diplôme puisque pour les très diplômés le pic à 10h30 reste à 45% alors que c'est le moment où le plus de gens de cette catégorie travaillent. J'ai l'intuition que la situation en France est différente. Par exemple pour la couleur, les blancs et latinos passent grosso modo 3h30 à travailler par jour tandis que les noirs travaillent 35 mn de moins. L'intérêt du graphe est de visualiser surtout que beaucoup de noirs ne travaillent pas au même moment que les autres.

On pourrait travailler longuement sur les inégalités en terme de genre, beaucoup de choses ont été publiées dans ce domaine (les activités ménagères) : cela reste d'autant toujours pertinent, puisque les femmes passent 50 mn de plus que les hommes à s'occuper de la maison (l'enquête compte l'entretien de la pelouse là-dedans). Ici on remarquera que lorsqu'on est une femme, on passe deux fois moins de temps à faire du sport (13 mn contre 27), mais qu'on passe 3 fois plus de temps au téléphone (le cliché... mais c'est leur rôle de maintenir les liens dans la famille).

Des nouvelles données aident à remettre en cause les préjugés liés au diplôme. On passe ainsi plus de temps autour de la sociabilité avec un faible diplôme qu'avec un haut niveau d'études. Les peu diplômés passent aussi deux fois plus de temps à la relaxation que les très diplômés (16 mn contre 8). Mais d'autres durées nous paraissent plus familières : les très diplômés font 10 mn de sport de plus que les peu diplômés (25 contre 16), ils passent aussi plus de temps à manger. Ils passent aussi peu de temps devant la télé (1h53 contre 3h).

Évidemment, ce sont ici des données des États-Unis et grâce à des politiques des temps sociaux et tout simplement des politiques sociales différentes, les inégalités ne sont pas absolument les mêmes en France.

dimanche 30 août 2009

Comment le PS pourra-t-il refuser la démocratie interne ?

Je lisais les compte-rendus des ateliers du Parti socialiste pour les universités d'été de La Rochelle à la recherche de mots-clés. Vous devinez ? "Promotion de la santé" et "démocratie participative"...

Je n'ai pas participé à ces ateliers, donc je n'ai qu'une connaissance indirecte par Internet. Il n'a pas été visiblement question du rôle de la promotion de la santé pour réduire les inégalités de la santé. Je ne dis pas que c'est l'alpha et l'omega d'une politique de santé (hein Bastien...). Mais comme le montrait depuis longtemps Illich, cela fait un moment que la contribution des richesses nationales (en terme de PIB) au système de santé a considérablement augmenté sans que l'espérance de vie augmente.

Il y a plusieurs déterminants des inégalités de santé parmi lesquels évidemment la présence d'un système de soins (le droit à la santé est défini par ça comme je l'expliquerai dans les jours qui viennent). Mais les plus importants restent le milieu social (défini et par le diplôme et les revenus, le diplôme étant plus marquant que le revenu d'ailleurs), les comportements à risque et les évènements traumatiques. Ce sera évidemment le sujet d'un autre billet prochainement (mais pas trop vite car j'ai mon mémoire qui m'occupe).

Comme l'indique le titre du billet, je voulais davantage aborder la question de la démocratie interne au Parti Socialiste. En 2007, Ségolène Royal entendait révolutionner les pratiques avec la consultation ouverte pour bâtir son programme de Désirs d'avenir. Le processus de synthèse échappait aux militants, ce qui n'avait pas échappé à l'époque à Yves Sintomer qui avait critiqué la méthode.

Même si c'était de la comm' c'était un premier pas pour changer la méthode. Mais le souffle s'est-il éteint ? Comme le souligne Frédéric Chéreau :
à quand un laboratoire des méthodes ? Le comment faire, voilà le vrai enjeu !
Ryden en rajoute :
Qu'avez-vous fait des 1787 contributions des adhérents du Parti ? Etes-vous omniscients ? Avez-vous connu la misère ? [...] Les propositions des adhérents veant de la base du peuple sont-elles indignes d'intérêt.
Il semblerait que le Parti Socialiste comme les autres partis politiques n'ait pas réussi à trouver les méthodes pour animer le débat collectif de manière égalitaire (horizontal). Pourtant des propositions intéressantes existent chez les militants socialistes grâce à Internet notamment. Et BaptisteP s'interroge :
Le PS souhaite-il la mise en place d'un véritable "réseau social" sur internet permettant aux militants et sympathisants de dialoguer et d'échanger les idées, articles, vidéos, arguments sur un espace commun?
Le contrôle de l'information est pourtant stratégique pour un organe de pouvoir. La présence au Conseil National aussi... Pierre Vidal-Naquet, qui voulait organiser une chose similaire pour la direction de l'EHESS, aurait été fier d'entendre Pierre Dorémieux proposant :
le tirage au sort de la moitié des membres du CN parmi les militants (à jour de cotisation, actifs... à voir) [...] Le tirage au sort national :
  • évite les tactiques d'écuries dans la présentation de listes;
  • favorise le brassage;
  • permet statistiquement de représenter l'ensemble des militants.
Rien de moins que le fameux anti-conseil qui est pour le moins révolutionnaire... et sensé. À rajouter dans ma liste des conditions pour que j'adhère de nouveau à un parti...

samedi 29 août 2009

Comment trouver la bonne place pour l'animateur de débat

Difficile de trouver une bonne place pour animer le débat. Quel que soit le public, quel que soit la raison, il n'est pas possible de poser des questions sans oublier sa neutralité. C'est une vieille question traitée dans les manuels de sociologie sur la manière de conduire des entretiens. Empathie ou pas empathie. Ne faire que poser des questions ou pas. Etc. On retrouve aussi ce problème avec les débats "participatifs".

À l'écoute d'une conférence dans le cadre de la formation pour le réseau La main à la pâte, je vois que ce sont les mêmes questions qui reviennent. Ici il est question d'animer des débats philosophiques à l'école primaire ou au collège. Quelle place pour le professeur ? Isabelle Millon et Gabriel Viallet apportent leurs réponses à partir de la méthode d'Oscar Brenifier.

Le professeur doit mener le débat avec rigueur pour amener les enfants à penser par soi même, de "penser la pensée".

Pour Isabelle Millon, l'animateur "n'intervient pas" sur le sujet, qu'il soit d'accord ou pas. On évite les "moi aussi, je voulais dire la même chose", les accords superficiels qui n'apportent aucune idée supplémentaire. Si on croit vouloir dire la même chose, on s'essaye à reformuler et ce sont les autres qui diront si nous avons réellement dit la même chose.

Les différents travers.

Comme le professeur organise sa classe, un intervenant apporte la contradiction sur l'hypothèse de la neutralité. "C'est lui qui décide qu'on va passer à un autre sujet." "Donner 5 mn pour une question n'est pas neutre parce que vous avez estimé que 5 mn suffisait." Isabelle Millon précise qu'il ne doit pas dire son opinion, son accord ou son désaccord sans revenir sur la question stratégique de la gestion de la montre.

En cas de "dérapage", l'adulte va demander aux petits camarades de "Attention tu as dit ça, tu peux justifier ce que tu as dit ?" puis ensuite de demander l'avis des camarades. Alors le contradicteur doute de la neutralité s'il faut penser à faire justifier l'enfant quand on est d'accord. Isabelle Millon rétorque que demander la justification doit être fait systématiquement (elle n'est pas ethnométhodologue...).

Un autre participant revient sur le fait que des questions, des positions de fond ne peuvent pas être tranchées par un débat, notamment quand il y a une part de vécu. Isabelle Millon revient sur une expérience qu'elle a eu lors d'un débat sur "est-ce que les parents ont le droit de taper leur enfant ?" et répond un peu à côté sur le fait que ces débats peuvent effectivement faire émerger des choses douloureuses. L'extérioriser permet de réfléchir, de mieux respecter l'avis des autres si on veut que les autres respectent mon avis, même si "ça ne résout pas tous les problèmes".

Stopper le débat pour des raisons d'horaires, négocier l'ordre du jour, autant de petits pouvoirs de l'animateur. Selon les auteurs, le prof ne fournit rien de lui-même, une sorte de tabula rasa auquel je ne crois guère moi non plus. Quand on cherche à mettre tout le monde à l'aise pour faciliter la parole, on favorise toujours une position plutôt qu'une autre. Toutes les relances ("je n'ai pas très bien compris ce dernier point", "qu'est-ce que tu entends par là ?",...) ne peuvent être systématiques et démontrent telle expression comme "pris-comme-allant-de-soi". D'où l'intérêt pour le professeur de co-animer le débat avec un élève qui change à chaque fois.

Parce que savoir questionner est aussi important que répondre.

vendredi 28 août 2009

Comment Internet reste un espace (incomplètement) public

Ils [les utilisateurs] exploitent les propriétés des différentes plates-formes pour construire un public adressé tout en se cachant des autres. Sur leurs Skyblogs, les adolescents paradent devant leurs copains. Parents, professeurs ou responsables d'établissement ne font pas partie du public visé et même s'ils peuvent accéder à leur Skyblog, il leur faut pour cela s'engager dans de fastidieuses et complexes explorations pour les découvrir.

L'opposition binaire privé/public cache en fait des dimensions plus subtiles et de nombreuses positions intermédiaires. [...] Il y a toujours du privé dans le public et inversement.

Extrait de : Dominique Cardon, "L'identité comme stratégie relationnelle", Hermès, Vol. 53, 2009.

Le dernier numéro de la revue Hermès consacrée à TRAÇABILITÉ ET RÉSEAUX. Absolument passionnant, tout semble passé en revue : RFID, l'histoire de Petite Anglaise, la vidéosurveillance, la CNIL, les mobiles,... Cela constituera une excellente base documentaire pour préparer les ateliers de Graines de citoyen sur les données et la protection de la vie privée. Je n'ai eu le temps de lire hier que quelques articles, dont celui de Dominique Cardon.

Il aborde aussi le jeu de certains qui envoient dans le domaine public des vidéos sur des plateformes comme Youtube ou Dailymotion, mais qui taggent et nomment leur vidéos de telle manière que seuls les initiés pourront y avoir retrouver la vidéo. Il y a aussi toute la réflexion autour des différentes identités projetées selon les différents sites communautaires. Le profil sur un site de drague ne développe pas les mêmes "atouts" avec le profil sur Myspace. Le but reste de favoriser les recherches ciblées. Alors les gens tendent à rendre des choses intimes publiques pour gagner du temps. Parfois, ça arrive aussi par erreur. Et c'est le drame.

jeudi 27 août 2009

Comment animer le débat ?

À l'écoute d'une conférence dans le cadre de la formation pour le réseau La main à la pâte, Isabelle Millon et Gabriel Viallet apportent leurs réponses à partir de la méthode d'Oscar Brenifier.

Pour l'animation des débats, notamment dans le cadre de Graines de citoyen, je retiens quelques trucs :
  • critique interne avant la critique externe : on critique d'abord l'argument de l'autre avant de proposer son propre argument au lieu de dire "je ne suis pas d'accord, parce que moi je pense que...". Ainsi on demande de penser autrement que comme il a l'habitude de penser, en se fondant dans la pensée d'un autre.
  • "peser chaque idée" : demander qui est pour et contre par exemple pour faire participer toute la classe. Ensuite trouver les différentes objections. On se retourne ensuite vers l'auteur "alors tu vois ça ne fait pas consensus. Est-ce que tu vois comment il y aurait pu avoir une erreur dans ton raisonnement ?" ; "Bah oui, en pensant de telle à telle idée, je crois que j'ai trop généralisé..."
  • Attaquer une idée, c'est parfois ressenti par l'élève comme une attaque envers lui-même, il faut se décentrer par rapport à son idée. S'il reconnaît des inconvénients à son idée, on le félicite : "bravo, tu as bien alimenté le débat."
  • Pour favoriser le décentrement, on peut aussi demander à un autre élève de faire l'avocat de cette idée ; "est-ce que tu as bien compris ?". On le fait reformuler et on vérifie que l'auteur initial de l'idée est d'accord avec cette reformulation. Tout le monde sait que ce n'est pas son idée, il va désormais défendre une idée qui n'est pas la sienne
  • En cas de polémique, il faut favoriser le débat en demandant par exemple à chacun à poser des questions à l'autre pour interroger les limites. On demande à celui qui questionne "a-t-il vraiment répondu à ta question ?" pour vérifier s'il est satisfait et pour éviter les ruses.
Je perçois quelques défauts, et je pense qu'il est aussi important que le prof co-anime. Le sens de l'arbitrage et de l'animation est aussi une compétence à acquérir par la pratique. Il faut aussi veiller au respect des positions minoritaires, que la technique du "vote/sondage" parmi les élèves peut mettre à jour. Être minoritaire, ce n'est pas avoir tort. C'est pourquoi, comme le dit à la fin Gabriel Viallet, il n'y a "pas de production en dehors de l'exercice lui même". Il n'y pas une seule ou même deux réponses à une question, le débat doit rester ouvert.

Ce sont des petits trucs intéressants à tester dans le cadre d'une expérience d'un apprentissage sur une dizaine de séances. Les deux profs confirment en tout cas l'intérêt de laisser les élèves choisir le sujet du jour, le retour aux "ateliers libres". Mais cela demande un travail en dehors de la semaine "Graines de citoyen". Entre favoriser l'apprentissage des techniques autour de l'argumentation ou privilégier que le maximum de choses soient dites autour des droits de l'enfant... Entre le qualitatif et le quantitatif, difficile de trancher...

Quelques ressources sur le web :

Comment lire un article minable dans un journal estimable

Pour parfaire la série des billets mécontents (vivement la rentrée...), un article de la livraison de mai du Monde diplomatique m'a atterré. C'était aussi dans ce but qu'on me l'avait envoyé après m'avoir prévenu de la teneur de l'article. Il concerne les nouveaux militants (Jeudi Noir, les clowns, les désobeissants, les antipubs,...). Récemment, il y a eu toute cette médiatisation auquel l'article participe évidemment. Mais l'auteur, visiblement plus lucide que les autres journalistes, se place en dehors de cette dynamique.

Sur le plan méthodologique, c'est d'une faiblesse banale. C'est bien sûr une critique que les sociologues adressent régulièrement aux journalistes. Mais là, ça dépasse même la rigueur des journalistes eux-même. Où est l'enquête de terrain ? Où sont les biographies ? Où sont les sources pour une éventuelle analyse de corpus ?

Il est dit que les militants viennent ici butiner, par effet de mode, sans "organisation, ni de perspective à long terme". De vrais bobos. Sur quoi se fonde cet argument ? Est-ce qu'il est suivi d'entretiens pour connaître les carrières militantes ? Sans parcours biographiques, impossible de savoir dans quels collectifs s'inscrivent les militants, leurs expériences passées, etc. Si l'on revient sur l'exemple de Jeudi Noir, je crois savoir que beaucoup sont encartés. Je crois aussi que certains sont associés à d'autres mouvements. D'autres s'inscrivent non dans des partis mais dans d'autres pratiques politiques (squatt, AMAP, fauchage,...). Bref, ce n'est pas l'empirisme qui étouffe Pierre Rimbert.

En filigrane, je peux craindre qu'il s'agisse de dire qu'il vaut mieux militer dans le cadre d'un parti (le NPA ?), que c'est la forme la plus noble et la plus structurée de l'engagement... C'est peut-être la position de l'auteur, mais j'aurais davantage été convaincu par une comparaison intelligente entre les différents modes d'engagements complémentaires plutôt que ce dénigrement narquois.

2002 : la politique autrement ?

Ces engagements sont complémentaires pour deux raisons. Certains de ces militants cumulent différentes casquettes et n'ont pas l'air de les vivre comme des contradictions. Pour ceux que je connais... Mais mon expérience pourrait être contredite par celle de Pierre Rimbert, si jamais il nous en fait un jour part. D'autre part, les partis politiques traditionnels ont toujours des mouvements associatifs dans leur marge, les différents mouvements des années 80 sont là pour nous le confirmer. Des alliances peuvent se faire à l'occasion d'évènements entre différents acteurs. Cela peut même arriver lors des élections ou des nominations au Gouvernement. Souvenons-nous en 2002 de l'arrivée "massive" de la société civile allait transformer le gouvernement pour mieux parler à la France d'en-bas. La prophétie auto-réalisatrice ne s'est pas produite.

Cette date mythique était celle aussi de l'auto-invocation des socialistes au changement. Ils avaient entendu le signal. Comme en 2005. Comme en 2007. Comme en 2009. Mais souvenons-nous, le Parti Socialiste aurait du beaucoup changer si les prophéties auto-réalisatrices n'étaient pas perturbées par l'immobilisme de leur personnel politique. La LCR au moins a réussi à changer son nom (rien que son nom ?) mais ça n'a pas suffi à sa prophétie pour se réaliser.

2002, il fallait donc en revenir au peuple. C'était aussi le nouveau crédo des journalistes. Incapables d'avoir prédit cette profonde désaffection des deux ou trois partis politiques majoritaires, pour ne pas dire des partis politiques en général. Les journalistes allaient faire plus de terrain, c'était promis. La prophétie auto-réalisatrice ne s'est pas produite. Pas même au Monde Diplomatique.

Pour ma part, je ne crois pas que les choses aient changé depuis 2002. Je n'ai pas le temps de proposer une analyse approfondie. Je reprocherai juste les choses suivants aux partis politiques :
  • aucun parti ne fonde son fonctionnement sur sa confiance entière dans les militants puisqu'aucun n'accorde vraiment de place aux militants pour l'orientation stratégique du parti. C'est réservé aux cadres.
  • aucun n'engage une forme régulière de démocratie directe, aucun référendum interne depuis 2005
  • aucun n'a pris des mesures pour accorder une expression politique aux militants qui s'abstiennent de désigner des représentants en interne
  • aucun n'utilise un système de tirage au sort en interne basé sur la liste des adhérents
  • tous pratiquent, développent cette coupure entre les cadres et les militants de base, entre les militants élus et les militants non-élus
  • tous développent le phénomène des courants qui représentent davantage des enjeux de position que des enjeux idéologiques
  • tous décident de leur orientation politique en interne par des motions associées à des questions de postes (ou par les représentants élus via des motions), les questions de fond étant rarement tranchées par l'ensemble des militants
  • tous ont les mêmes travers en interne que la démocratie représentative traditionnelle (cumul, faible renouvellement, écuries, sous-représentation des jeunes, des femmes, des pauvres,...)
  • tous ont tendance à davantage accepter le jeu de la démocratie tant que ça peut les aider à conquérir le pouvoir (et plus particulièrement l'appareil d'État). Une fois élus, lorsqu'ils sont en fait minoritaires sur certains points, ils esquivent la question de la souveraineté populaire avec la certitude de pouvoir changer la société par décret.
Je précise que je milite pour un plus grand usage des référendums, sur le modèle suisse, et que les référendums en France (sauf sur le quinquennat) ont toujours bénéficié d'une plus grande mobilisation que les élections portant sur des personnes. Un parti politique ne peut pas être moderne s'il n'est pas démocratique. Quand Jospin déclare dernièrement qu'il n'aurait jamais fallu organiser le référendum en 2005 sur le projet de Constitution au sein du Parti Socialiste, il n'est ni moderne, ni démocrate. Et son slogan en 2002, "Présider autrement", c'était bel et bien du pipeau.

Ajout du 30 août : sur les nouveaux militants et la relation aux partis politiques, il faudrait analyser cela beaucoup plus finement. Pour les personnes encartées et qui se retrouvent dans ce type de mouvements, il faudrait voir les bénéfices pour elles de cette double-casquette en terme de capital social (et de trous structuraux). Par ailleurs, il faudrait aussi étudier comment justement ces personnes (et ces mouvements) peuvent être à l'occasion "annexées" pour des actions précises. Ce serait une analyse fine de la "récupération" non pas sur le long-terme (comme SOS Racisme) mais "à l'occasion".

Enfin, grâce à l'université d'été du Parti Socialiste, je rajoute une autre condition dans ma liste de reproches aux partis : l'inexistence d'un conseil statutaire issu entièrement du tirage au sort, comme le proposait jadis Pierre Vidal-Naquet.

Comment le Monde Diplo disqualifie les bobos

J'ai toujours été très agacé par l'usage du mot "bobo". Surgi de nulle part comme nouvelle invention rhétorique en même temps que les start-up, pour moi c'est un mot chargé idéologiquement. J'ai pourtant connu un type qui a fait sa thèse dessus à l'EHESS, mais je ne crois pas qu'il l'ait publiée. Dans un article sur les nouveaux militants, ils sont associés aux bobos sans que le lien soit documenté d'ailleurs.

Généralement ce mot est associé à des personnes qui ont un rapport complexé par rapport à leur argent et qui ont un revenu confortable. Elles n'ont pas un usage ostentatoire de leur richesse et s'opposent en cela aux nouveaux riches. Les bobos auraient aussi un rapport décomplexé au politique, ils feraient ça moins "sérieusement". Bref, pas assez établis, trop "bohême"...

Si je tâche me souvenir sans faire de recherche sur qui emploie ce mot, je dirais que c'est la droite bling bling ou la gauche caviar se moquant de la gauche bobo. Un nouveau conflit de classe en quelque sorte : discréditer pour mieux régner. L'arrivée massive d'une nouvelle population, hautement diplômée, allait bien avoir des impacts en terme de représentation politique. Ceux-ci, suppose-t-on, travaillent dans de nouveaux secteurs (urbanisme,...) , ce que définit Bourdieu en quelque sorte comme les petits bourgeois. Il serait par exemple intéressant de faire une étude des universitaires engagés dans les partis politiques. Est-ce une catégorie spécialement surreprésentée parmi les élus politiques ? Je ne crois pas, si on excepte le secteur médical. Les médecins restent depuis longtemps la caricature des notables, avec les avocats : la formation traditionnelle, ça reste Sciences Po, les facultés de droit et de médecine.

L'engagement politique des diplômés non-traditionnels trouvera au fil du temps une niche. Mais ça appelle un partage du pouvoir avec les élites préexistantes. Sans heurt ? Évidemment non, la mixité sociale en politique est une lutte connue. La formule est connue : il faut mieux être un homme blanc CSP+ sexagénaire hétérosexuel et parlant "sans accent" le français. Si on déroge à l'une des conditions, on a intérêt de satisfaire les autres sinon on est en proie à une discrimination multiple.

Sur la jeunesse, qu'une discrimination institutionnelle vient frapper, la situation empire, en témoigne le tableau ici de la répartition par âge des députés présents à l'Assemblée Nationale depuis 1981, réalisé par Louis Chauvel.



Il y a plusieurs motifs de discrimination qui peuvent se superposer, mais qui ne sont pas en conflit. La lutte pour la participation des milieux populaires reste d'une nécessité criante. Mais en quoi le Monde Diplomatique est destiné moins aux bobos qu'aux ouvriers ? Comment certains milieux sociaux seraient plus légitimes à s'engager que d'autres ? Où est l'égalité politique dans tout ça ? Mystère...

mercredi 26 août 2009

Comment le Conseil de l'Europe travaille ses indicateurs des droits de l'homme

Extrait d'un "Point de vue" du Commissaire européen aux droits de l'homme (17/8) :
Le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme a mis au point un modèle intéressant qui distingue trois catégories d’indicateurs : structurels, de méthode et de résultats.

· Les indicateurs structurels portent sur la ratification des traités internationaux et l’existence de lois et de mécanismes institutionnels fondamentaux de protection des droits de l’homme ;

· les indicateurs de méthode évaluent les politiques publiques et les mesures spécifiques visant à honorer les engagements pris ;

· les indicateurs de résultat mesurent les réalisations individuelles et collectives qui montrent dans quelle mesure les droits de l’homme sont appliqués dans un domaine précis.

La dynamique des indicateurs, leur construction et leur utilisation, est passionnante. Au cours du travail à venir sur la démocratisation ou les indicateurs locaux socio-sanitaires, je me souviendrai de cette distinction... Work in progress...

mardi 25 août 2009

Comment le Commissaire européen aux droits de l'homme défend les statistiques ethniques

Extrait d'un "Point de vue" du Commissaire européen aux droits de l'homme (17/8) :
Pour tirer pleinement parti des indicateurs des droits de l’homme comme outils d’évaluation, il faut disposer de données pertinentes et fiables. Différents types de données sont nécessaires pour avoir une image exacte de la situation. Indiscutablement, les organisations non-gouvernementales, les structures nationales des droits de l’homme et les médias sont des sources d’information précieuses en ce qui concerne les atteintes aux droits de l’homme.

Dans toute l’Europe, les pouvoirs publics se sont dotés de systèmes de statistiques officiels qui, en principe, sont aujourd’hui à même de fournir des informations sur le taux de scolarisation, le taux d’emploi ou l’accès aux services sanitaires et sociaux. En pratique, le fait de disposer d’un institut national de la statistique qui fonctionne bien est capital pour réformer l’approche des droits de l’homme.

Il est indispensable de disposer de données ventilées par sexe, appartenance ethnique, orientation sexuelle, handicap et âge. L’absence de ces données qui révèlent les pratiques discriminatoires est un véritable problème. Leur collecte peut-être complexe car, pour de bonnes raisons, les gens peuvent être réticents à divulguer leur origine ethnique ou leur orientation sexuelle. La communication d’informations doit donc être un acte volontaire accompli dans un cadre garantissant la confidentialité des données.

Je partage depuis longtemps cette position. L'harmonisation des indicateurs européens pour faire du monitoring est un pas intéressant avec cette transformation politique. Seule l'harmonisation permet ensuite de comparer les données, ce qui rend possible la comparaison des situations nationales. Sur les indicateurs concernant les droits de l'homme, j'ai déjà évoqué ici le travail à venir sur la construction des indicateurs de démocratisation (au niveau local pour le moment).

La question de la participation devrait aussi être évaluée en fonction des publics concernés. Là encore, les données devraient ventiler selon les critères cités par Hammarberg... quand elles existent. Ce serait très instructif de voir qui se mobilise, arrondissement par arrondissement par exemple sur Paris, et de comparer surtout avec tous ceux qui ne se mobilisent pas. On pourrait étudier cela pour une concertation ou bâtir une recherche comparée sur plusieurs concertations simultanées.

lundi 24 août 2009

Comment favoriser l'aptitude des élèves à débattre

Dans mon projet de la mise en place de la première "école-en-santé" à Paris, une des conditions indispensables est l'animation de la démocratie participative à l'intérieur de l'établissement scolaire. C'est indispensable à la mise en place d'objectifs réalistes et pleinement partagés en prévention. De plus, seule la pratique de la démocratie dès le plus jeune âge inspire les bons réflexes de l'éducation civique au lieu de la théorie. Mais comment former au débat à l'école ?

Il y a donc plusieurs manières de contribuer à l'éducation à la citoyenneté active :
  • les débats sans enjeu pratique qui contribuent à former au débat
  • l'expérience de parlement d'élèves (qui reproduit les mêmes défauts que la démocratie représentative), l'heure de vie de classe
  • la démocratie participative ambitieuse ou la démocratie directe comme l'expérience marginale du lycée auto-géré à Paris

Je ne manque pas de ressources théoriques pour l'éducation à la citoyenneté active. Il y a toute une littérature sur la pédagogie Freinet, certains chapitres des livres de Meirieu que je ne connaissais que de nom. Et puis pour la théorie il y a la Convention relative aux droits de l'enfant avec "le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité." C'est rarement mis en pratique.

Sur Freinet, évidemment, il y a cette volonté (hélas perdue) d'associer les élèves, tous les élèves, à la gestion de la classe et de l'école. Je ne sais pas s'il existe une histoire du mouvement Freinet, une histoire qui donnerait quelques pistes sur l'effondrement de ces initiatives. En tout cas, j'aimerais comprendre un jour pourquoi ce résultat.

Sur la formation au débat, je suis revenu à Philippe Meirieu en lisant le livre sur la Main à la Pâte. Il y a tout un développement sur l'intérêt de la discussion scientifique pour débattre, notamment avec l'exemple d'un rapport de stage d'un enseignant (p.55) :

Le débat scientifique peut aussi former au débat citoyen : l'enfant apprend à présenter son point de vue en expliquant les propositions, à écouter et à respecter les idées des autres, à proposer des moyens pour trancher entre des explications concurrentes. Bien sûr, les sciences ne permettent pas de régler tous les conflits auxquel les maîtres sont confrontés, mais le respect de l'autre peut s'apprendre en faisant, par le débat scientifique, l'expérience d'un désaccord.

Je ne suis pas totalement convaincu par cette vision irénique des mondes scientifico-universitaires : les débats déchainent des passions, de l'animosité, parfois on cherche même le rationnel en vain. Mais passons, le point important arrive à la page 72, on cite Philippe Meirieu lorsqu'il dit :

Ce qui me paraît caractéristique de beaucoup d'élèves, dans l'école d'aujourd'hui, c'est qu'ils débattent en permanence sans que l'objet du débat soit bien identifié : dans un face à face où ils perçoivent l'opinion adverse à celle qu'ils défendent comme attentatoire à leur intégrité, voire à leur existence [...], la distinction est essentielle entre le sujet qui parle et ce dont on parle avec une diversité des points de vue. Il faut sortir d'arguments du type C'est à prendre ou à laisser, Si tu n'es pas d'accord, c'est que tu ne m'aimes pas, pour rentrer dans le C'est à discuter [...].
En gros, la formation au débat sert à éviter le ressentiment du fait qu'on pourrait perdre la face lors d'un débat. Dommage que cet apprentissage ne soit pas repris par Philippe Meirieu dans son appel à construire "l'école démocratique". Ce qui se rapproche le plus, c'est le texte qu'il a écrit sur les Trente deux principes possibles pour une éducation démocratique.

Un autre récit d'expérience nous provient du Conseil de l'Europe avec un livre sur la gouvernance démocratique à l'école. C'est l'occasion de voir qu'il existe le décalage de la France par rapport aux autres pays d'Europe dans la mise en place de ces expériences. Serions-nous sur ce sujet aussi tellement conservateurs ?

Prenant acte de la situation, la section de la LDH du 18e coordonne un projet début décembre pour les 20 ans de la Convention des droits de l'enfant : "Graines de citoyen" se passera notamment dans les écoles. Une petite recherche Google montre que d'autres associations ont pris le même nom. Il s'agira vraisemblablement de réfléchir aux représentations. Dans le cadre d'une semaine, il sera plus facile d'animer des débats plutôt que de transformer le quotidien des élèves.

Les sujets ne sont pas arrêtés pour le moment : Facebook et la notion de vie privée (sa protection, les bases de données) sont forcément intéressants pour des jeunes. La question de la violence comme sanction peut être aussi intéressante. On peut imaginer pleins d'autre sujets : qu'est-ce qu'une sanction juste ? Battre ses enfants est-il légitime ? Sur cette dernière question, une campagne du Conseil de l'Europe existe. Et la France tarde à rattraper son retard par rapport aux autres pays européens. Il y aura aussi d'autres sujets plus habituels comme la liberté d'expression ou les différentes formes de discrimination... Je suis curieux d'entendre l'avis des jeunes qui prendront la parole sur ce sujet (pour ceux qui oseront prendre la parole...)

Partir des préoccupations des jeunes pour amener à une réflexion sur l'actualité des droits fondamentaux donnera le ton de cette initiative. L'éducation à la citoyenneté active est à la traine en France, même si on compte la journée d'appel à la défense là-dedans...

Comment définir une bonne délibération ?

  1. La discussion peut se déployer entre les citoyens et pas seulement entre les citoyens et l'administration
  2. les animateurs neutres facilitent la discussion et le président de séance n'est pas un élu qui cadre les débats en fonction de sa perspective propre
  3. un échange d'arguments peut prendre place à côté d'autres registres discursifs, comme le témoignage ou le cri d'indignation morale
  4. la discussion n'est pas réduite à des séquences purement rhétoriques ou à des échanges technicistes
  5. les interactions discursives sont également orientées vers le bien commun plutôt que vers la seule défense d'intérêts particuliers
  6. la participation est égale entre individus venant de groupes sociaux différents
  7. les règles du jeu procédurales et l'agenda sont explicites
  8. les citoyens peuvent participer à la synthèse de la discussion
  9. les informations données aux participants sont suffisantes
  10. un temps de discussion suffisant est accordé
  11. des sessions de discussion en petits groupes permettent de faire participer un maximum d'individus.
Extrait de : Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Anja Röcke, Les Budgets participatifs en Europe. Des services publics au service du public, La Découverte, 2008, p.71.

On peut toujours améliorer ces critères. Je vais essayer de travailler dans les mois à venir sur une liste pour évaluer et comparer les différentes concertations menées par la Ville de Paris. Je pense qu'il faudrait qu'on réfléchisse à par exemple évaluer chez les participants :
  • la possibilité de contre-attaquer sur des réponses officielles. Par exemple, il m'a paru évident que lors des compte-rendus de mandat de Bertrand Delanoé, la structure même de la réunion est problématique. D'abord le maire prend une série de questions (une dizaine). Puis il y répond durant 45 mn, sans pouvoir ni être interrompu, ni être questionné si par exemple il répondrait à côté ou s'il oubliait par négligence une question. Les seules interventions qu'il permet sont les compléments demandés à ses adjoints. Ce n'est donc pas exactement ce que j'appelle un dialogue.
  • la disposition de la salle (la position des élus/dominants par rapport au public/dominé)
  • la possibilité de modifier l'ordre du jour en début de réunion
  • la possibilité de valider ou d'invalider formellement (vote) ou d'exprimer des réserves sur certaines propositions
  • l'existence d'une réunion de suivi
  • l'existence d'une réponse sur toutes les propositions (pas d'écoute sélective, mais exhaustive)
  • sur le point 8 chez Sintomer, il faudrait vérifier par exemple que le public peut modifier le compte-rendu de réunion avant sa publication
  • sur le point 9, c'est difficile à estimer. Un texte d'une page est rarement utile car les aspects problématiques sont gommés. Un rapport de 30 pages sera rarement lu. Il est probable qu'il faut une petite synthèse avec un rapport plus long.
  • sur le point 10, difficile d'établir un critère quantitatif.

Comment faire la promotion du recensement militaire ?

Imaginons ensemble ce que pourrait être le slogan d'une campagne de communication en faveur du recensement à 16 ans, qui n'a rien à voir l'autre recensement effectué par l'INSEE (bientôt harmonisé au niveau européen) :
  • Le meilleur moyen d'avoir une Rolex avant 50 ans ? Le recensement !
  • Rester beau et intelligent ? C'est possible grâce au recensement
  • L'uniforme te fait rêver ? Fais-toi recenser
  • La France a besoin de toi, va te faire recenser !
Bon je ne sais pas si j'ai réussi à faire mieux que la Mairie de Paris...

Concrètement, serait-il possible d'imaginer de dissocier les droits civils (dont le droit de vote) du fait d'aller fréquenter les bancs lors de la journée d'appel à la défense ? Comment font les autres pays européens par rapport aux "obligations militaires" ? Bon, on peut faire pire, comme la Finlande, avec un service civil est plus long que le service militaire, ce qui est discriminant pour les objecteurs de conscience.

Les missions qu'on donne à l'armée française sont-elles cohérentes ? Est-ce à l'armée de tester "l'illétrisme" lors de la journée d'appel ? Est-ce à l'armée seule de proposer une seconde chance (ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont aucun mérite à le faire) ? Si on cherche une journée pour rassembler toute la jeunesse, pourquoi choisir comme valeur fondatrice l'armée et non la démocratie ? L'armée, la meilleure école pour former des citoyens ? La bonne blague...

dimanche 23 août 2009

Comment galvauder la notion de citoyenneté

Je suis assez mécontent de la dernière campagne jeunesse de la Ville de Paris. Inutile de dire qu'une fois de plus, le Conseil Parisien de la Jeunesse n'a été ni informé, ni consulté sur cette campagne. Il s'agit de la campagne pour que les jeunes aillent se faire recenser. L'affiche au design très étudié nous dit que c'est la première étape dans leur vie de citoyens pour la Mairie de Paris. Ah bon ? comme dirait Roselyne Bachelot...


Rien d'étonnant en réalité. Je reconnais ne pas être très familier des campagnes de comm' du ministère de la défense : j'ai appris récemment que le recensement faisait partie du "parcours de citoyenneté" made in France. Ce parcours comprend aussi la journée d'appel à la défense et les cours de défense au lycée.

Alors quel rapport entre ce parcours et la démocratie ? Absolument aucun. Quel rapport entre le recensement et le fait de promouvoir la citoyenneté active ? Évidemment aucun, ce slogan est mauvais. Alimenter les statistiques n'a rien à voir avec le fait de jouer son rôle de citoyen. Les armées n'ont rien à cirer de savoir si leur État est démocratique ou pas, c'est bien pour ça qu'elles sont aussi présentes dans les dictatures.

La confusion n'est pas que dans le vocabulaire. Si mon blog avait ouvert quelques semaines plus tôt, j'aurais évidemment posté ce billet le jour du 14 juillet où on ne célèbre plus le jour où tous les Français sont devenus citoyens (sauf les femmes). À la place on a un défilé militaire qui nous coûte cher, pour célèbrer l'armée au lieu de la démocratie... Un triste symbole, unique en Europe !

Comment décrire l'impact de la démocratie participative

Raisonnant dans des termes moins techniques, John Parkinson* utilise une métaphore : lorsque les citoyens sont associés à la prise de décision, le processus peut porter sur le "housing", c'est-à-dire sur des questions structurelles. Il peut aussi concerner le "building", à savoir des problèmes importants mais de second plan. Il peut enfin se focaliser sur le "painting", c'est-à-dire sur des enjeux en aval et relativement marginaux. John Parkinson ajoute que, trop souvent, les dispositifs participatifs anglais sont conçus pour faire discuter sur le painting et pour faire oublier le building et le housing. En traduisant de façon libre la métaphore, on peut se demander si, en Europe, les budgets participatifs et plus largement les dispositifs institutionnels qui permettent d'associer les citoyens non élus à la prise de décision portent sur des questions d'urbanisme, d'architecture ou de décoration intérieure. Considérés isolément, les budgets participatifs du vieux continent, dans la quasi-totalité des cas, s'occupent soit de painting, soit de building, mais très rarement de housing - et ce d'autant plus que leur sphère d'influence est cantonnée au niveau local.
Extrait de : Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Anja Röcke, Les Budgets participatifs en Europe. Des services publics au service du public, La Découverte, 2008, p.300.


Cette métaphore exprime bien la difficulté de toutes ces consultations. Bien souvent, ce ne sont que des problèmes subsidiaires qui sont traités dans les instances de démocratie participative. Trois raisons à cela :
  1. l'absence de motivation pour dépasser son propre point de vue. Aucune rencontre ne se fait avec d'autres instances, le Conseil de quartier voisin par exemple, ou sur la même zone le Conseil de la jeunesse ou le Conseil des étrangers extra-communautaires. Aucune communication horizontale pour remettre son avis en cause. Du coup, ce sont des discussions sur fond du NIMBY.
  2. On reste avec des personnes aux revendications personnelles, voire égoïstes. D'une part, il faut se méfier : les égoïstes, ce sont toujours les autres. D'autre part, la formation pose un réel problème. Quels sont les savoirs nécessaires pour être citoyen ou pour pouvoir légitiment dire qu'on ne s'intéresse qu'à l'intérêt général ? Pourquoi, si des savoirs sont nécessaires, aucun test ne serait effectué pour attribuer le droit de vote ? Quoi qu'il en soit, réussir à intéresser un groupe de travail de simples citoyens sur l'urbanisme risque de rapidement tourner au fiasco si cela ressemble à une réunion d'urbanistes.
  3. Il faut bien avouer que les élus pensent être élus sur un programme (ce qui est faux). Pouvoir rediscuter des orientations politiques en prenant le risque pour l'élu de faire réaliser à tout le monde que sa position est en réalité minoritaire demande une sacrée dose de courage et d'humilité. Du coup, certains préfèrent consulter uniquement sur des questions subsidiaires.
* John Parkinson, "Deliberative Democracy in Great Britain : the NHS and citizen juries", communication à la conférence "Instruments d'action publique et technologies de gouvernement", IEP Paris, 20-21 décembre 2004.

Comment améliorer la démocratie locale à Paris

Je publie ici le résultat des travaux du groupe de travail de la LDH sur la démocratie participative dans le cadre de la concertation pour la rédaction de la Charte parisienne de la participation. Le site internet de la fédération de Paris a un problème empêchant toute actualisation. Il fallait bien qu'on puisse retrouver nos propositions quelque part pour les comparer à ce que sera la Charte parisienne de la Participation.

La démocratie participative devrait concerner tous les citoyens. Pour cela, la Mairie de Paris doit faciliter la consultation et la circulation des informations avec les personnes impliquées ou non dans les instances participatives (Conseils de quartier, Conseils de la jeunesse, CICA, etc…) et dans les associations.

I. Principes d'une democratie vivante


Privilégier largement le principe de co-élaboration, ou de co-décision

  • Associer les instances et les associations au diagnostic sur chaque projet, en amont de leur élaboration concrète (dès la définition du cahier des charges et avant enquête publique).

  • Favoriser l'élaboration de scénarios alternatifs et s'assurer que diverses options sont débattues sur la base d’une information suffisante.

  • Expérimenter les démarches de codécision, notamment pour certains projets visant un public restreint et bien identifié (ex. habitants d’une zone résidentielle, collégiens d’un secteur,...).

  • Développer les expériences de budgets participatifs à plus grande échelle.

  • Organiser les directions de la Ville de façon à prévoir le recours aux instances participatives dans le fonctionnement courant du Conseil de Paris et des Conseils d’arrondissement. Stimuler la participation des fonctionnaires et nommer des référents pour chaque concertation.

Développer une logique de projet partagé

  • Privilégier la qualité du débat collectif afin de contribuer à la construction partagée de l’intérêt général et renforcer le dialogue entre différents échelons de territoire : local, parisien, régional…

  • Publier les avis de tous les acteurs des concertations, rendre leurs avis facilement accessibles afin de permettre le dialogue dans la société civile.

  • Organiser des rencontres fréquentes entre les instances (entre niveaux différents et entre instances de nature différente).

Harmoniser les procédures de consultation et de concertation

  • Rédiger un guide méthodologique sur la conduite des processus de consultation et de concertation par la Mission démocratie locale en étroite concertation avec les instances participatives.


II. Les acteurs pour le faire


Garantir l’autonomie d'animation de chaque instance

  • L'ordre du jour est établi par l'ensemble des membres.

  • L'animation est collégiale (collectif d'animation, bureau...).

  • Les débats sont présidés par l’équipe d’animation de chaque instance et non par un élu.

Mettre à disposition les moyens humains, financiers et matériels nécessaires

  • Améliorer la stabilité du personnel assistant les instances participatives.

  • Mettre à disposition des bureaux avec des matériels informatiques. Permettre l’utilisation des moyens municipaux de communication pour diffuser les informations, avis et décisions (panneaux, Internet, journaux municipaux, courrier postal...)

Permettre in vrai débat en dehors des comptes-rendus de mandat, rendre des comptes sur les avis des instances et lutter contre l'écoute sélective des élus

  • Inscrire automatiquement les vœux votés par les instances à l'ordre du jour du Conseil d’arrondissement, puis du Conseil de Paris.

  • Inclure le bilan des échanges avec les instances dans le rapport général d'activités de la Mairie de Paris sur les projets en cours et terminés.

  • Rendre accessible aux Parisiens une description complète des projets (acteurs impliqués, le budget, le calendrier,...).

  • En période de campagne électorale, faire des instances participatives des lieux de débat avec l'ensemble des candidats.


III. Les clés pour associer encore plus... et autrement


Développer la démocratie directe

  • Organiser des référendums locaux consultatifs donnant le choix entre plusieurs scénarios alternatifs. Accompagner ces référendums d’une communication suffisante pour permettre une forte participation.

  • Donner aux partis minoritaires la possibilité de décider d'un sujet par mandature, en accord avec la Commission parisienne du débat public.

  • Réaliser un véritable droit local aux initiatives populaires : les propositions demandées par pétition par au moins 7% de Parisiens sont directement soumis à référendum.

Améliorer la transparence et fournir une information permettant l’implication des Parisiens à chaque phase du projet (conception, réalisation, évaluation)

  • Un site internet unique récapitule tous les projets parisiens (calendrier, budget, processus participatifs …) et communique au fur et à mesure les avis des acteurs.

  • Les activités récentes, les thèmes de la prochaine réunion et le bilan annuel de chaque instance sont facilement accessibles (en mairie, dans les maisons des associations, sur internet, distribution dans les boites aux lettres...). Pour répondre à la question "que font-ils en ce moment ?", on ne doit pas passer plus de 10 minutes sur le site de paris.fr ou à la Maison des associations.

  • Les documents à destination du public offrent différents niveaux de précision pour que le débat soit le plus accessible et le plus constructif pour tous.

  • Les réponses de la Ville sont fournies dans des délais raisonnables (moins d'un mois).

Multiplier les modalités innovantes pour permettre l'implication de tous les publics, même les plus éloignés de la vie publique locale

  • S’appuyer sur les partenaires locaux (associations locales, centres sociaux…) et mettre en place des méthodes d’animation adaptées aux différents publics, par exemple les marches exploratoires.

  • Favoriser l'usage de sondages co-construits par les instances (pour ceux qui n'ont pas assez de temps pour les délibérations).

  • Investir toutes les techniques de délibération permises grâce à Internet.

Renforcer l'évaluation des démarches participatives en vue de leur amélioration

  • Mener les évaluations en concertation avec les instances participatives.

  • Tous les partenaires consacrent à l’évaluation une partie de leur rapport annuel d'activités.

  • Définir des critères d’évaluation à la fois quantitatifs et qualitatifs : moyens financiers et humains (quel budget consacré à la démocratie participative), impact sur l'orientation des actions de la Ville, qualité de l'engagement citoyen (diversité du public impliqué)…


C'est seulement par ces garanties concrètes que notre Ville répondra au défi démocratique.

samedi 22 août 2009

Comment améliorer le Conseil Parisien de la Jeunesse

À la rentrée s'ouvrira un nouveau Conseil Parisien de la Jeunesse renforcé. Enfin c'est ce qui se dit, parce que je suis assez dubitatif sur Bruno Julliard. Et pour le moment, c'est plutôt la croix et la bannière pour que Bertrand Delanoé ait envie de venir nous voir. Je suis rentré au CPJ début 2007 et je ne l'ai toujours pas vu venir nous voir en plénière. Je suppose qu'il voit pourtant le CODEV ou le Conseil scientifique un peu plus régulièrement. Mais voilà, les jeunes n'ont pas la même importance dans son emploi du temps. Les moyens pour la jeunesse ont fondu au niveau municipal de moitié "à cause de la crise", paraît-il. Personne n'en a parlé, parce que c'est toujours un sujet secondaire. Pourtant des solutions pour améliorer le rapport des jeunes au politique existe. Il faut aussi dire que c'est difficile de fédérer la jeunesse avec une instance de 80 membres. Voici les propositions que j'avais formulées l'hiver dernier pour alimenter le débat.


Au séminaire annuel organisé à Dourdan, nous discutons chaque année des améliorations à apporter au CPJ (conseil parisien de la jeunesse) et aux CJA (conseils de la jeunesse d'arrondissement). Une réforme a été entérinée en 2007 et, à la suite des élections, de nouveaux ateliers ont travaillé sur les points à améliorer. Ce document est basé sur des propositions (en gras) ayant fait consensus à Dourdan à propos de la relation avec les élus auxquelles j'en rajoute d'autres. Certaines sont applicables à court-terme, d'autres demandent un peu plus de temps pour pouvoir voir le jour.
Assurer l'empowerment des membres du CPJ


Au niveau parisien, il paraît nécessaire de mieux connaître l’administration et son fonctionnement. Un sondage sur les connaissances des actions de la Ville auprès des jeunes, et même ceux du CPJ, serait éclairant sur le problème de la compétence à se saisir de problèmes politiques. L'une des missions du CPJ (et peut-être aussi des CJA) devrait être de permettre à leurs membres d'acquérir des connaissances au moins sur le fonctionnement de la Ville, sur ce qu'elle offre, les différents choix stratégiques possibles, ainsi évidemment qu'une aptitude acquise sur le tas au débat. Si ces deux compétences sont nécessaires pour le « métier de citoyen », elles restent peu présentes (et inégalement distribuées) tant dans le CPJ que dans le reste de la population.
Il faudrait être consulté au niveau des arrondissements de la même manière que les conseils de quartier, notamment sur ce qui nous concerne :
- Urbanisme
- Les transports (ça a pu se faire dans certains arrondissements pour le tramway)
- Les évènements (sur les évènements récurrents nous donner des « cases » par exemple dans les festivals,…)
- Sur les équipements sportifs
- Sur les cantines
Concrètement, si les élus ne penseront pas forcément à nous, nos animateurs devraient connaître les projets en cours dans lesquels on pourrait intervenir, notamment sur ce qui nous concerne. Pour ça, il faudrait que nos animateurs puissent systématiquement assister aux réunions des collaborateurs du Maire (le cabinet). Cela peut se faire dans certains arrondissements. Ainsi, ils pourront faire le lien entre la Mairie et nous (lien qui existe rarement dans la plupart des arrondissements)
Pourtant, de nombreuses directions proposent des actions dont il est facile de comprendre qu'elles recoupent les préoccupations des membres du CPJ. S'ils avaient une idée précise de ce qui est fait, les jeunes pourraient identifier ce qu'ils jugent être des carences, ou améliorer les dispositifs, ou encore relayer de bonnes pratiques (comme pour le projet de jeunes-relais).
Pris au sérieux, le Conseil Parisien de la Jeunesse fonctionnerait alors comme un panel. Il aurait la possibilité s'il le souhaite de formuler des revendications politiques dans un cadre non-partisan. Parmi les directions concernées en tout premier lieu (ce qui n'exclut pas la collaboration avec d'autres) :
- Direction Jeunesse et Sport : 5 bureaux pour la sous-direction jeunesse, 5 activités dont le CPJ ne connaît presque rien (et n'est guère renseigné par le rapport d'activités annuel disponible sur Internet).
- Direction des affaires scolaires : beaucoup de membres du Conseil de la Jeunesse sont lycéens ou collégiens, pourquoi ne pas les impliquer ? Notamment il faut penser un rapprochement progressif avec les Conseils de la Vie lycéenne de chaque lycée ; on pourrait commencer par des rencontres inter-CVL au niveau de chaque arrondissement avec le CPJ.
- Direction pour la santé : très intéressant pour le projet du CPJ en rapport avec le planning familial et sur les questions de prévention santé avec l'amélioration de l'efficacité des campagnes de communication à la fois des affiches de la DASES et celles parfois naïves des membres du CPJ et des CJA.


Sans attendre la concertation issue de ce comité de pilotage, on peut d'ores et déjà organiser une possibilité de consultation pour tous les projets mis en œuvre en direction des jeunes par les directions en commençant par la DJS, la DASCO et la DASES dès cette année. Si les jeunes doivent être informés, ils se saisissent de ce qu'ils souhaitent : on ne peut obliger qui que ce soit à réfléchir sur un problème qui ne l'intéresse pas au risque d'avoir une réflexion inintéressante (si on réussit à pousser à terme la consultation) ou à faire perdre toute motivation aux jeunes pour venir au CPJ.


L'ordre du jour aura donc à mon avis quelques difficultés à être imposé par l'exécutif parisien. En sens inverse, les CJA et le CPJ auront du mal à faire à se faire entendre de l'exécutif de manière autonome. La responsabilité de la compétence des jeunes uniquement ? Les effets de position des personnes qui gravitent autour de ces instances ont un impact quotidien. Les membres du CPJ et des CJA sont aidés par les animateurs très dévoués malgré le fait que leurs emplois ne sont pas forcément les débouchés qu'ils attendaient : ils sont très diplômés et certains dans des domaines qui n'ont pas de point commun avec la jeunesse. La suite donnée aux emplois-jeunes par la Ville est loin de combler ces animateurs (mi-temps, etc.). Malgré tout, c'est bien grâce à eux que la voix des jeunes se fait un peu entendre. Ils sont aidés (mais pas toujours) par les élus à la jeunesse. Tant que ces derniers resteront des élus « mineurs » aux yeux du reste de l'exécutif, le problème des moyens et de l'écoute accordés aux jeunes avancera lentement.


La communication
Pour préparer cette réflexion, une rapide recherche a eu lieu pour trouver des documents ou des actions à propos des jeunes sur lesquels le CPJ n'a jamais été ni consulté, ni simplement informé :


17 000 agendas d'éducation à la santé pour les CM2
" La cigarette c'est trop bête, le sport c'est trop fort ", et d'autres messages, de prévention du tabagisme et plus largement d'éducation à la santé, ponctuent les pages des 17 000 agendas scolaires offerts à tous les élèves de CM2 des écoles publiques parisiennes, à chaque rentrée depuis 2003. Blagues, dessins et poèmes alertent les écoliers sur les pièges à éviter, à l'heure où 3 franciliens sur 10 ont déjà fumé des cigarettes à l'âge de 13 ans. Le comité de Paris de la Ligue contre le cancer a initié cette opération, soutenue par la Ville de Paris, l'académie et la caisse Primaire d'assurance maladie.


Le Service de l’écologie urbaine a vocation à rendre la ville exemplaire en matière de développement durable. Un programme d’actions éducatives, diversifiées et complémentaires, relatives à l’écologie urbaine a été mis en place de façon à stimuler des évolutions de comportement.


LA COMMUNICATION ET LA SENSIBILISATION DU PLAN CLIMAT
8.1.1 - Vers le jeune public
À partir de la rentrée scolaire 2007-2008, plus de 20 000 scolaires du primaire seront sensibilisés à des gestes simples et quotidiens pour que chacun participe à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ce considérable travail en profondeur sera mené grâce au réseau d’équipements d’éducation à l’environnement de la Ville.
Un concours sera organisé dès la rentrée 2007-2008, pour les écoles primaires, pour rêver Paris en 2050. Les œuvres feront l’objet d’une exposition à l’Hôtel de Ville. Les années suivantes cela sera étendu aux thématiques du développement durable dans le cadre de l’Agenda 21. Pour les collégiens, un programme pédagogique d’économies d’énergie par des gestes simples, comprenant des conférences-débats mais aussi des visites concrètes (bâtiments avec affichage des consommations énergétiques de la campagne européenne Display, centres de tri, constructions ou zones d'aménagement exemplaires...) sera développé par les services de la Ville et les Espaces Info-Energie.


Pire encore, dans le protocole d'accord avec la ville de Malakoff datant de plus de 4 ans, les jeunes du CJA14 ont appris cette année qu'ils avaient été censés entamer une collaboration avec le CJ de Malakoff. Aucune collaboration n'a suivi. D'autres protocoles avec d'autres villes existent (Vanves,...) avec des dispositions similaires.
Le CPJ n'aura jamais la capacité de faire des rapports d'experts mais dans ces exemples, le CPJ aurait pu donner son avis sur sa sensibilité aux campagnes de communications choisies, sur les actions de sensibilisation à mettre en oeuvre, ou encore sur la pertinence de la tranche d'âge. Il faut donc préparer une liste complète recensant les communications organisées à destination des jeunes par la Mairie de Paris parmi l'ensemble des directions. Il semble d'ailleurs significatif que la liste sur cette dimension sectorielle n'existe actuellement pas.
Pourquoi ne pas être consulté systématiquement en amont sur les grands projets (Paris Plage, Plan Climat, PLU par exemple) et les enquêtes publiques (tramway,…) ?
Pourquoi ne pas commencer aussi par nous consulter sur les délibérations appuyées par l’adjoint à la jeunesse ? Pour cela, il faudrait disposer d'une présentation de la politique de la Ville en direction des jeunes ce qui n'est pas le cas. Un bilan écrit de toutes les délibérations (notamment les subventions concernant les associations) peut paraître utile pour engager des partenariats, tout comme un compte-rendu de mandat annuel « spécial jeunes » avec les adjoints au maire dont les occupations rejoignent totalement celles du CPJ (jeunesse, vie étudiante, vie scolaire, protection de l'enfance) et pourquoi pas avec le Maire de Paris (pour les autres domaines). Connaissance ne veut pas dire accord : si le CPJ est un panel, il n'est pas un relais de communication de la politique municipale. Ces compte-rendus pourraient être doublement contradictoires. Ces communications devraient faire place ensuite à un débat avec les membres du CPJ. Un travail en amont pourraient permettre aux jeunes de donner des avis éclairés et éclairants (par exemple une question sur l'évolution du budget de la sous-direction jeunesse depuis 2001 serait trop abstraite actuellement pour beaucoup de membres si elle était posée au CPJ). Par ailleurs, la présence tant de l'opposition que des groupes de la majorité serait peut-être utile pour remettre en perspective les actions de la municipalité en direction des jeunes. Si l'on présentait plusieurs options possibles ou plusieurs projets (pas nécessairement alternatifs d'ailleurs), les jeunes élargiraient leur horizon d'attente.
La relation des groupes politiques vis-à-vis du CPJ (comme des autres instances participatives) est à étudier, puisqu'à Dourdan a été évoqué la possibilité d’assister (avec un statut d'observateur) à la commission du Conseil de Paris traitant de la jeunesse. Cette option a pourtant été jugé impossible à réaliser, alors qu'elle aurait un intérêt « pédagogique » évident pour les nombreux jeunes qui ne connaissent rien au fonctionnement du Conseil de Paris, d'autant que la qualité des débats y est parfois supérieure à celle du Conseil de Paris. Concernant la qualité des débats, il paraît important de noter que ces débats avec l'ensemble des élus ne doivent ni effrayer les plus jeunes (sérénité, rigueur sont nécessaires... dans l'idéal), ni les ennuyer. A ce titre, il faut faire le bilan des deux rencontres organisées dans 2 arrondissements entre les têtes de listes aux municipales et les jeunes des CJA. D'autres rencontres ailleurs ont été tentées, mais se sont heurtées au refus du maire sortant.
Pour la charte de fonctionnement


Le Conseil Parisien de la Jeunesse doit être traité comme les autres instances de démocratie participative, notamment améliorer la capacité à porter notre voix. Nous devrions pouvoir donner des avis (sous forme de vœux) qui seraient inscrits automatiquement à l’ordre du jour du prochain Conseil d’arrondissement pour pouvoir être votés.
Autre problème dû au manque d’information : les CJA et le CPJ devraient être informés de ce que font les autres instances (conseils de quartier pour les CJA, Conseil de la Vie étudiante pour le CPJ,…). Par exemple, à propos des bourses et des dispositifs d'aide à l'emploi, le CODEV a commencé une réflexion concernant le rapprochement des jeunes avec le monde du travail (un annuaire de stage au niveau de la ville pour les collégiens au lieu que ça soit le capital social qui détermine le choix du stage). L'émiettement n'a pas de sens : pourquoi ne pas en discuter au CPJ ?
Il faudrait organiser des réunions communes (sous la forme de plénière commune ? De groupes de travail mixtes ?) avec ces instances, notamment sur des sujets d'intérêt commun comme l'éducation à la citoyenneté européenne, le service civil (obligatoire ?) ou encore le bénévolat sur lesquels la Ville peut aussi avoir un impact. Sur ces sujets comme sur d'autres, l'implication des citoyens doit commencer par les instances de la démocratie participative parisienne.


Ces propositions ont ensuite été reprises par le groupe de jeunes dans lequel j'étais. Heureusement, Bruno Julliard a décidé d'un certain nombre d'évolutions positives. Certains sujets bloquent toujours, qui ne sont pas forcément de son ressort. La séparation entre le Conseil de la Vie Étudiante et le Conseil de la Jeunesse est tout à fait artificielle. Pour le moment, Bertrand Delanoé et son équipe n'ont pas de grands évènements politiques à proposer aux jeunes en dehors de l'entertainement.