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mardi 29 septembre 2009

Comment défendre le droit de porter le burqa ?

C'est étonnant parfois les raccourcis. Je me suis inscrit il y a peu au fil RSS de collectif PRISME, qui traite normalement des PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs.

Aujourd'hui parait un condensé d'un point de vue sur l'émission de Frédéric Taddéi où venait notamment Jean Baubérot : Défendre le droit de porter le burqa ! - PRISME. Je vous livre un extrait représentatif :
Parlant de l’espace public, il nous explique qu-on ne peut y toucher parce que la première exigence de la laïcité c’est la liberté. Comme si la liberté n’était pas réglementée et qu’en société on ne se donnait pas en même temps que des biens communs des interdits pour les faire respecter.
 En cherchant d'où provient ce texte, c'est en fait signé Riposte laïque, un site que je ne connaissais pas. Visiblement Jean Baubérot y est plutôt mal vu : "Ramadan et Bauberot même combat : mettre à mort la laïcité". Bon les raccourcis sont toujours faciles, mais le texte ne fait vraiment pas dans la dentelle :
Au contraire, on devrait d’autant plus l’interdire comme un danger pour les libertés des musulmans ? Que le port de ces archaïsmes soit volontaire ou non n’y change rien, bien au contraire. S’il est volontaire, il doit être d’autant plus combattu, car dans ce cas, la burqa devient l’expression d’une volonté politique s’affirmant au nom d’une religion contre nos valeurs communes, nos principes de liberté d’égalité et de fraternité. La burqa a alors pour objectif de peser sur les décisions collectives et par là-même de jeter le trouble, la discorde entre les citoyens. C’est le retour du cléricalisme en grand dont la société française s’était débarrassée avec le catholicisme et qui revient par la fenêtre. On a le droit d’affirmer face à cela, qu’on ne veut pas que chez nous, en France, on vive de cette façon là.
On atteint bien le fond du problème déjà soulevé par le minimalisme éthique développé par Ruwen Ogien autour de 3 principes :
  1. Principe de considération égale, qui nous demande d’accorder la même valeur à la voix et aux intérêts de chacun : s'il y a consentement, on ne peut pas l'ignorer.
  2. Principe de neutralité à l’égard des conceptions du bien personnel.
  3. Principe d’intervention limitée aux cas de torts flagrants causés à autrui : la burqa n'a tué personne.
Si on veut interdire la burqa, pourquoi ne pas interdire sur la base des mêmes raisons les jeux sadomasochistes qui malmènent l'égalité et la fraternité ? Pourtant, pour certains, cette idée ne viendrait pas à l'esprit puisque cela ne se fait pas dans l'espace public, cela relève uniquement de la sphère privée. En attendant, les violences conjugales, elles aussi du domaine privé, ne baissent pas... Avec le cortège de mortEs chaque année. Bizarrement, ça ne remue ni les foules, ni les députés.

dimanche 27 septembre 2009

Comment battre facilement la France sur la participation des jeunes

Je viens de découvrir le site d'un réseau très intéressant en Grande Bretagne, Home | Participation Works, qui répertorie les actions faites pour promouvoir la participation des jeunes. Ce réseau organise des formations, collecte des outils et communique sur les innovations. Bref, ce que pourrait faire à l'occasion l'ANACEJ, mais avec de vrais moyens.

Je parlerai demain du coup du sondage réalisé à Londres par le successeur de Ken Livingstone, le terrible Boris Johnson.

samedi 26 septembre 2009

Comment parler des accomodements raisonnables

J'ai déjà parlé de la conception un peu différente de la laïcité au Canada. Ce pays a une tradition multiculturelle bien plus sensée que la France qui continue de mépriser les langues régionales et les minorités nationales (il suffit d'aller en Guyane).

Le Canada, c'est aussi le pays de Charles Taylor et de Will Kymlicka, deux grands penseurs du multiculturalisme, précisément ceux qui font mentir l'adage "nul n'est prophète en son pays".

Je signale donc la diffusion d'une conférence de Charles Taylor sur la thématique de la laïcité. Jean Baubérot a fait aussi une intervention dans un colloque qui fait un retour un an après le rapport Bouchard-Taylor toujours sur la question de l'accomodement raisonnable qui a fait coulé beaucoup d'encre au Québec.

lundi 21 septembre 2009

Comment décrire les principes de la participation des jeunes

Lors de la conférence de Bruxelles, un document du bureau européen de l'OMS nous avait été remis que j'ai trouvé très bien fait. Il y a un long plaidoyer pour la participation des jeunes. Il s'agit aussi de qualifier leur niveau de participation dans les actions de prévention en santé, mais en fait cela s'applique à bien d'autres domaines. Dans ce document se rejoignent la santé communautaire et la démocratie participative. D'ailleurs dans le passage qui suit, il sera surtout question de l'intérêt de la participation des jeunes :
  • Compréhension et choix communs
Dès le départ, les buts et objectifs du processus de décision doivent être expliqués aux jeunes. Les jeunes devraient avoir la possibilité de négocier leur participation, en tenant compte de leurs préférences et leurs stratégies de travail. Ils devraient être pleinement informés sur les raisons de participer, mais aussi avoir la possibilité de ne pas participer.
  • Partir d'où en sont les jeunes
Il est important d'encourager et de guider les jeunes vers l'exploration, la réflexion et l'identification de leurs propres préoccupations et de leurs idées novatrices pour des solutions potentielles comme point de départ. Cela signifie que l'orientation et les résultats attendus des processus de participation devraient être ouverts et souples pour appuyer la vie quotidienne des jeunes et leur expérience.
  • Un environnement sûr et stimulant qui est sensible aux besoins des jeunes
Veiller à ce que les jeunes soient protégés contre la violence, la manipulation et l'abus et à examiner attentivement les risques potentiels auxquels les jeunes peuvent être exposés dans les processus participatifs. S'assurer de l'engagement de toutes les parties concernées à travailler ensemble vers des résultats positifs, en respectant les opinions et les perspectives de chacun.
  • Équilibre entre l'orientation et l'indépendance
Il faudrait envisager de fournir un équilibre subtil entre les conseils et le soutien d'une part, et la création d'un espace pour le travail autonome des jeunes d'autre part.
  • Clarifier les enjeux de pouvoir (power-mapping)
On doit rendre les relations de pouvoir transparentes qui sont parties prenantes au processus de prise de décisions. Cela doit être discuté avec les jeunes dès le début, afin qu'ils puissent cerner la sphère réaliste de leur influence. En outre, les adultes peuvent aider les jeunes à élargir le champ de leur pouvoir dans des domaines où, normalement, ils ont peu ou pas d'influence.
  • L'inclusion
Les jeunes devraient avoir une large palette de possibilités pour participer en fonction de leurs intérêts, de leur expérience et de leurs capacités. Une attention particulière devrait être accordée pour assurer que les structures participatives sont en place pour soutenir les enfants marginalisés ou défavorisés (quelle qu'en soit la raison) et les personnes à différents âges. On doit fournir un éventail de choix pour la participation qui sont sensibles à des différences (âge des enfants, stade de développement, sexe, ethnicité et religion). Structurer et faciliter le soutien par les pairs entre les différents groupes de jeunes est également important.
  • L'information continue
Le processus complet du projet doit être transparent et être régulièrement mis à jour tandis que le processus se développe. La pertinence de chaque phase doit être discutée avec les jeunes. Les jeunes ayant des aptitudes, une expérience et des compétences différentes peuvent choisir de participer à différentes phases et à différents aspects du processus décisionnel, ce qui devrait être respecté. En outre, les jeunes doivent obtenir un retour précis et régulier sur l'impact de leurs travaux sur les problèmes dont ils s'occupent.
  • Les liens de proximité, professionnels et familiaux
Les parents doivent être pleinement conscients des buts et objectifs du processus quand c'est adéquat (en fonction de l'âge des jeunes). Les parents ont parfois besoin d'être soutenus pour accepter que les jeunes ont leur mot à dire, et faire marche arrière. Le processus de participation devrait incorporer les structures et traditions locales de soutien pour les jeunes. Les professionnels expérimentés dans le travail avec les jeunes, comme ceux ayant une compétence professionnelle dans le domaine en question, devraient être impliqués dans le processus.
  • Perfectionnement et soutien professionnels
Structurer, faciliter et guider les processus de participation est complexe et exigeante pour les professionnels travaillant avec les jeunes. Leur développement professionnel et le soutien continu sont donc inestimables.
C'est un extrait assez long. Les motifs de discrimination institutionnelle sont clairs, mais il est omis la question sociale : on sait pourtant très bien que les personnes en situation de précarité ont bien des difficultés à prendre part aux décisions. Ce serait intéressant de voir à ce sujet l'évaluation de la place des bénéficiaires du RSA qui sont pour certains d'entre eux évaluateurs du dispositif (parmi les professionnels). Plus connue est évidemment la sous-représentation des classes moyennes et des classes populaires lors des élections politiques. La question du statut social et de l'inégalité économique devrait être plus explicite.

dimanche 20 septembre 2009

Comment décrire le niveau de participation des jeunes

Lors de la conférence de Bruxelles, un document du bureau européen de l'OMS nous avait été remis que j'ai trouvé très bien fait. Il y a un long plaidoyer pour la participation des jeunes. Il s'agit aussi de qualifier leur niveau de participation dans les actions de prévention en santé, mais en fait cela s'applique à bien d'autres domaines.



C'est très intéressant d'appliquer par exemple ce graphique à la contribution des jeunes du Conseil Parisien de la Jeunesse à la réforme de ses statuts qui sera votée prochainement au Conseil de Paris.



Je crois qu'on relève de la 3ème ligne, puisque le débat était principalement articulé autour des propositions et des questions formulées par le cabinet de Bruno Julliard. Des ajouts à la marge ont pu avoir lieu (la question de la formation des jeunes conseillers, ou la reconnaissance par la Mairie via une lettre du Maire). Mais le document de la LDH sur la démocratie locale que j'avais apporté pour qu'il soit diffusé au groupe de réflexion sur la réforme du CPJ a été refusé par le cabinet de Julliard sans qu'on m'en prévienne sous prétexte que c'était hors-sujet. Pourtant le Conseil Parisien de la Jeunesse traverse les mêmes conflits que les autres instances de la Ville comme les Conseils de quartier. C'était prendre le risque de poser les questions qui fâchent : pourquoi par exemple dans certaines instances (mais pas toutes) ce sont les élus président l'instance ? C'est le cas du CPJ bien sûr et ce n'est pas prêt de changer.

L'engagement dans le projet a été limité dans la réforme du CPJ : 5 jeunes engagés sur le long-terme dans le groupe de réflexion regroupant associatifs, chercheurs et fonctionnaires de la Ville. Mais seul un débat avec l'ensemble du Conseil Parisien de la Jeunesse a été organisé. Nos réponses ont été calées d'abord sur les thématiques choisies et il reste à démontrer que nos propres besoins seront pris en compte. Je pense notamment à la formation des jeunes conseillers, comme c'est le cas dans d'autres villes ou au fait que nous n'avons pas les moyens de communiquer entre nous (ce sont des requêtes qui restent sans effet). La sélection du thème a donc été mineure.

Sur l'investigation en revanche, je crois qu'on est allé aussi loin que les animateurs des différentes CJA donc ce point a été particulièrement mis en valeur comme la question des buts. Je me souviens de la position de Margie Bruna défendant tout ce qui pourrait nuire à l'actuelle diversité du CPJ.

Ce travail de réforme aurait dû susciter la résurrection de la commission Charte du CPJ, mais ça n'a pas été le cas. Les actions ne sont donc pas vraiment le point fort du processus déclenché par Bertrand Delanoé lorsqu'il a décidé de la réforme du CPJ avant les municipales. Enfin, il est tout à fait caractéristique des différentes concertations menées par la Ville que la question de l'évaluation et du suivi soit pour l'instant minoré. C'est d'ailleurs pour ça que l'ancien Observatoire parisien de la démocratie locale a périclité quoi qu'en dise le site Internet de la Mairie de Paris.

jeudi 17 septembre 2009

Comment le CPJ pourrait-il rejouer à la Nouvelle Star ?

J'ai déjà critiqué le manque d'enthousiasme de Bertrand Delanoé vis-à-vis du Conseil Parisien de la Jeunesse qu'il a boudé durant de longues années. Un certain nombre de problèmes sur l'attention accordée par la municipalité à la démocratie participative en général, et au CPJ en particulier, ne sont pas du fait de l'adjoint à la jeunesse. Le jeune de service, qu'il s'agisse de Clémentine Autain jusqu'à 2008, et depuis, Bruno Julliard, gère comme il peut. Mais parfois, on a beau trouvé toutes les excuses, on sait qu'il y a du foutage de gueule même chez l'élu à la Jeunesse.

Le Conseil Parisien de la Jeunesse n'est rarement associé, ni informé, aux initiatives de l'élu à la jeunesse, qui anime quelques réunions et/ou évènements festifs. Du temps de Clémentine Autain, je me souviens avoir participé à un jury à la Maison de la Radio pour désigner 3 groupes qui se produiront sur la place du Trocadéro le jour de la Fête de la Musique. Depuis l'arrivée de Bruno Julliard, c'est fini. L'enjeu n'est pas de taille, il s'agit simplement d'intégrer des jeunes dans les jurys comme Paris Jeunes Talents. Symbolique, c'est aussi tout à fait formateur pour les petits nouveaux et une marque de reconnaissance.

Comment ne plus hésiter entre différentes options

La situation a quelque peu changé en deux mois. Nouveau job, nouveau sujet d'étude en perspective, mais serai-je de nouveau étudiant ?

D'abord il faudrait que je finisse mon fameux mémoire d'ici deux semaines, ce qui parait inimaginable. Je viens à peine de recevoir le dernier livre de Gilles Pronovost qui a fini quasiment la même recherche avec les jeunes Québécois en 2006 mais avec un échantillon nettement plus large.

L'Atelier Santé Ville Paris 18e doit terminer aussi son diagnostic général d'ici décembre et des évènements récents font que mon absence va peut-être les destabiliser encore plus. Comme il était probable que je fasse mon Master 2 en deux ans, j'ai décidé hier du coup de prendre une année de plus... Encore une fois...

Il faut aussi dire qu'en début de semaine j'ai reçu la confirmation que le site que j'utilisais pour diffuser mon enquête avait effacé mon questionnaire, ce qui était le risque à prendre en utilisant un accès gratuit (c'était indiqué dans le contrat...). Du coup, je dois recommencer à mettre les questions en ligne... Et je n'ai pas le temps cette semaine.

D'ici décembre, il faut que je me concentre sur de nouveaux entretiens et la diffusion de mon questionnaire qui serviront à mon mémoire et à au diagnostic de l'ASV. Ce fameux mémoire sur les loisirs des collégiens est un vrai serpent de mer. À partir de mars, je commencerai à travailler de nouveau sur les diagnostics locaux de santé, ce qui me servira à aller plus vite l'an prochain.

En même temps, comment se concentrer sur le premier mémoire quand le 9 octobre à Marseille est organisé un colloque sur mon 2e sujet ?

mercredi 16 septembre 2009

Comment inventer la société civile

Je n'ai pas le temps de balayer l'ensemble des travaux universitaires qui ont travaillé sur la société civile. Lors de la première université d'été de l'ADELS, nous étions plusieurs à nous demander si cette notion était vraiment adéquate. Beaucoup de textes référents sur la démocratie participative reposent sur l'articulation entre 3 entités : les élus, l'administration et les citoyens. Or, généralement, les mêmes élus et les mêmes fonctionnaires composant l'administration sont aussi des citoyens.

La société civile organisée est généralement perçue comme faisant face aux élus et à l'État. Je n'ai jamais bien vu la différence avec n'importe quel groupe d'intérêt (lobbying ou plaidoyer) qui fait valoir ses droits. Pour la société civile organisée, généralement, les droits se font toujours « pour le bien commun ». Mais tout le monde s'inscrit dans le discours du bien commun, ce qui peut cacher d'autres phénomènes d'occultation et de domination symbolique. Les polémiques autour de la laïcité en France ou au Québec en sont bien la preuve.

Au-delà du discours du bien commun, il faudrait analyser de manière fine les trajectoires des personnes qui siègent dans les instances. Au niveau international, les transferts de personnes représentant Amnesty vers le Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU ont déjà été analysés (je ne retrouve plus la source). Aux États-Unis, Obama a interdit que les personnes issues de son administration puissent en 2012 devenir lobbyiste lors du second éventuel mandat. En France, Kouchner est l'icône de la société civile depuis les années 70. Martin Hirsch, qui dirigeait son cabinet durant le gouvernement Jospin, est passé ensuite à la tête d'Emmaüs jusqu'à 2007. Se revendiquer de la société civile, c'est donc peut-être simplement de la mystification.

Sans transition aucune, je signale la parution d'un entretien de José Bové avec Emmanuelle Cosse dans la revue Regards (dirigée par Clémentine Autain et Roger Martelli). Il y est aussi question du lien entre partis politiques et mouvements sociaux.

mardi 15 septembre 2009

Comment voir la laïcité française depuis le Québec (3)

Je voulais publier dans Mouvements cette fiche de lecture du livre de Jean Baubérot : Une laïcité interculturelle : Le Québec, avenir de la France ?, Éditions de l'Aube, 2008. Finalement ce texte ne se trouvera qu'ici en 3 billets. Il se fonde aussi sur le rapport de Bouchard et Taylor dans la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles.

« Nous avons peur de dire non »

Un groupe-sonde dans le rapport du comité Fleury faisait ressortir que pour éviter des accusations de xénophobie des demandes d'ajustements avaient été accepté par des directions d’école alors qu’elles les jugeaient déraisonnables. Ces personnes, se sentant démunies et finalement intimidées, demandaient effectivement un encadrement de ces pratiques. Certains fonctionnaires se sentent perdus par l'application concrète de l'éthique minimaliste sur lesquels semblent reposer les aménagements raisonnables (*) : cela requiert une neutralité à l’égard des conceptions du bien personnel, tout en respectant le principe de non-nuisance à autrui. De plus, on accorde une égale considération des revendications de chacun.

A propos du principe de non-nuisance, Baubérot fait lui aussi une évaluation assez critique de la mise en oeuvre des recommandations du rapport Stasi. L'orientation de la loi qui s'en suivit à propos des signes religieux relève pour Bouchard et Taylor d'une « laïcité restrictive ». Dans le rapport Stasi, on pouvait y lire que « sans être une chambre stérile, l’école ne saurait devenir la chambre d’écho des passions du monde, sous peine de faillir à sa mission éducative. » (p.14). C'est une lecture paternaliste de l'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme à propos de la liberté de manifester sa religion « tant en public qu'en privé ». Pourtant, les signes religieux et politiques ont été interdits dans l'enceinte de l'école, même si les vêtements ayant par exemple pour effigie Che Guevara semblent cependant toujours épargnés. Au Canada, les établissements scolaires, au lieu de réserver des lieux de prière permanents, ne peuvent refuser par exemple pour la prière l’utilisation de locaux provisoirement non occupés. L'ajustement concerté n'implique aucune nuisance pour autrui.

Le plus gros conflit revient plutôt sur la considération des droits de chacun, notamment sur le respect de l'égalité des genres ou les décions à propos des mineurs. Baubérot cite le cas en 1994 de parents qui s'opposant à une transfusion sanguine ont vu leur enfant placé sous tutelle temporaire par une Cour d'Appel de l'Ontario. Ce cas rappelle une affaire similaire en juin 2008 à la Cour d'Appel de Lyon qui a rejeté la demande de parents dont le fils était handicapé à 100%. Au moment de l'accouchement difficile, le père avait refusé l'intervention des internes, parce qu'ils étaient des hommes et au final au lieu d'une césarienne, une application au forceps avait été réalisée. La Cour d'appel a jugé que la seule responsabilité incombait au père et non à l'hôpital. On ne transige pas avec le droit des autres sous prétexte du respect des convictions religieuses au Québec comme en France.

L'égale considération des revendications de chacun permet aussi de resituer les convictions religieuses parmi d'autres motifs. Taylor ne voulait faire aucune distinction entre les convictions religieuses et philosophiques, notamment sur l'égalité de traitement nécessaire entre des hindous et des végétariens pour les questions d'alimentation.

Pour Bouchard et Taylor, il va de soi que « le processus d’intégration d’une société diversifiée s’effectue à la faveur d’échanges entre les citoyens, qui apprennent ainsi à se connaître (c’est la philosophie de l’interculturalisme québécois), et non par la mise en veilleuse des identités ».

Cela demande donc une tout autre attitude face à la différence. Il y a d'autres mesures plus intéressantes que les quotas pour favoriser concrètement la prise en charge de la diversité. Jean Baubérot montre pleinement l'intérêt de cette laïcité interculturelle sortant « de l'alternative du « tout ou rien », face aux demandes des minorités ». Cela pourrait être transposé en France à condition d'éviter deux difficultés majeures présentes en France : la confiance minime des hauts fonctionnaires dans le discernement des gestionnaires d'établissements et l'absence d'alternative consensuelle à la culture du vote majoritaire. Même si c'est mal parti, on peut toujours espérer que le Conseil de l'Europe réussira tôt ou tard l'établissement de ce mécanisme.

(*) Alessandra Fachi est assez proche des principes développés par Ruwen Ogien quand elle déclare qu'il n'est pas question de « traitements spéciaux, pouvant entraîner une dérogation à l’égalité formelle, mais de traitements différenciés, se fondant sur une vision pluraliste de la société: selon une telle vision, il n’existe pas un modèle de valeurs et de pratiques privilégiées, qui puisse être considéré comme «normal» et par rapport auquel les autres modèles devraient être qualifiés de spéciaux. »

Quelle cohésion sociale dans une Europe multiculturelle ? Concepts, état des lieux et développements, Tendances de la cohésion sociale n°18, Éditions du Conseil de l'Europe, Strabourg, 2006, p.116.


Lire le passage précédent.


lundi 14 septembre 2009

Comment voir la laïcité française depuis le Québec (2)

Je voulais publier dans Mouvements cette fiche de lecture du livre de Jean Baubérot : Une laïcité interculturelle : Le Québec, avenir de la France ?, Éditions de l'Aube, 2008. Finalement ce texte ne se trouvera qu'ici en 3 billets.

Les accommodements : «traiter de manière différente des personnes en situation différente »

Le principe de l'accommodement ou de l'ajustement repose sur une discrimination systémique, loin d'être forcément intentionnelle. Des effets non-prévus découlent de certains fonctionnements légaux qui finalement ne sont pas justifiés : ce n'est que lorsque le but recherché est en parfait décalage avec la réalité qu'au nom du principe de proportionnalité les aménagements peuvent exister. C'est d'ailleurs au nom du même principe qu'un aménagement est possible si sa mise en place ne bouleverse ni le fonctionnement d'une institution ni son budget. Le but ultime est donc bien de «protéger les minorités contre les lacunes des lois de la majorité » (p.280). Or nous savons à quel sort est d'ores et déjà réservé la notion de minorité dans le débat français.

Contrairement à ce que semble supposer l'ouvrage de Baubérot, les aménagements raisonnables ne sont pas inconnus dans le droit européen et le refus de réaliser ces aménagements est considéré comme une forme de discrimination. Le Comité européen des droits sociaux interprète déjà la Charte sociale européenne en ce sens, comme la Cour Européenne des droits de l'homme : il faut non seulement, dans une société démocratique, percevoir la diversité humaine de manière positive, mais aussi réagir de façon appropriée afin de garantir une égalité réelle et efficace. Alors pourquoi ne réserver en France les aménagements que pour les handicapés et les femmes enceintes ?

Un exemple d'une telle mesure est la programmation de quelques ascenseurs d'un hôpital juif pour qu'il s'arrête à tous les étages sans aucune intervention sur les boutons électriques proscrite les jours de shabbat. Il peut exister un problème de perception de ces accommodements : tel que ça a été rapporté par la plupart des journaux, l'hôpital en question était sensé avoir reprogrammé tous les ascenseurs, ce qui perturbait la fonction même de l'établissement de soins. En réalité, il ne s'agissait que de deux ascenseurs et aucune plainte n'avait été répertoriée contrairement à ce qui avait été annoncé. Le rapport révèle que, dans 15 des 21 cas les plus médiatisés au Québec de mars 2006 à juin 2007, les faits reconstitués sont très éloignés du compte-rendu des journalistes.

Si le rapport parle de « chasse aux accommodements », les journalistes ont détourné leur attention des cas plus ou moins concrets des problèmes liés à l'intégration dès la mise en place de la commission. Ce phénomène courant explique certainement la déclaration de Gérard Bouchard, le 17 aout 2007 au journal Le Devoir pour qui les « gens qui ne sont pas des intellectuels mais qui regardent les nouvelles à TVA ou à TQS, dans le meilleur des cas au téléjournal » avaient une vision déformée des défis multiculturels. A l'époque, ce propos avait suscité un tollé par sa connotation méprisante. Pourtant la responsabilité des médias dans le problème de l'intolérance n'est pas nouveau. Dans son livre, Jean Baubérot rappelle que ces débats avaient animé du début à la fin les délibérations de la commission Stasi. Quasiment rien du rapport n'avait laissé filtré ce problème.

Face à la multiplication des demandes d’accommodement, les médias (notamment la presse populaire) se sont alarmés de la relation à l'identité nationale de ces nouveaux Québécois. Cet aspect a été souligné par la plupart des partis politiques québécois, certains l'analysant comme un signe de mépris envers la société d’accueil. Cette problématique n'est pas non purement fantasmatique au Québec puisque c'est une minorité culturelle. Taylor avait déjà écrit ailleurs « qu'on ne saurait concevoir un Etat québécois qui n'aurait pas la vocation de défendre ou de promouvoir la langue et la culture françaises, quelle que soit la diversité de notre population. » (Charles Taylor, Rapprocher les solitudes, Presses Universitaires de Laval, 1992, p.143.)

La commission et l'ensemble des débat qu'elle a entrainé a permis de relativiser l'impact de ce dispositif. Si les demandes d’ajustements sont très variées, elles relèvent surtout de nouveaux mouvements religieux (Jehovah,...) avant d'être utilisées par des immigrés. De plus, au Québec, aucun dérapage majeur n'est apparu. C'est d'ailleurs pour ça qu'il faut « privilégier, dans le traitement des demandes d’accommodement, une déjudiciarisation et une décentralisation du processus. ».

Ici aucune volonté de gérer la diversité par décret et on peut espérer que cette formule favorise l'action collective de proximité. Mais jusqu'où ? Placer une grande confiance dans la proximité, n'est-ce pas aussi éluder la question des inégalités pour se mobiliser ? A partir de quand les disparités d'un établissement à un autre seront-elles inacceptables ? Le rapport Bouchard-Taylor ne donne pas de réponse pour laisser la place à l'expérience du terrain. Une étude précédente au Québec avait été organisée par le comité Fleury sur l'école seulement : 51,7 % des demandes sont acceptées, 21,9 % sont rejetées et 26,4 % se résolvent par un compromis. Et quand les refuser ?

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samedi 12 septembre 2009

Comment voir la laïcité française depuis le Québec (1)

Je voulais publier dans Mouvements cette fiche de lecture du livre de Jean Baubérot : Une laïcité interculturelle : Le Québec, avenir de la France ?, Éditions de l'Aube, 2008. Finalement ce texte ne se trouvera qu'ici dans 3 billets.

En France, la question des mesures positives en faveur de la diversité semble essentiellement se limiter à une question de quotas. L'an dernier était publié au Québec un rapport qui apporte un panel de réponses intéressantes aux problèmes du multiculturalisme et de l'émergence de certaines religions dont les administrations françaises seraient bien inspirées de s'approprier. Le lecteur pressé retiendra la position sur le port de signe religieux (ou la tentative étouffée dans l'oeuf de retirer le crucifix dans les assemblées municipales), mais Jean Baubérot se propose d'apporter sa propre lecture du débat suscitée par ce rapport.

À la lecture de ce livre, on se demande bien pourquoi la commission STASI ne s'était pas déplacée au Canada alors que le dispositif des accommodements raisonnables apparaissaient à plusieurs reprises dans le rapport de 2003. Cela avait pourtant donné lieu à quelques remous. En 22 ans, plus de la moitié des cas recensés ont été médiatisés durant la période d’ébullition 2006-2007 qui précède (et a justifié) la mise en place de la commission Bouchard-Taylor. Cette commission tranche avec la commission Stasi tout d'abord par son fonctionnement : animée par un philosophe reconnu du multiculturalisme et d'un historien, elle avait de gros moyens, une méthodologie ambitieuse : 5 millions de dollars, avec 13 recherches de disciplines différentes, 13 groupes-sondes et 4 forums pour rencontrer l'avis des gens.

Au delà des moyens financiers considérables, une lecture rapide permet de saisir le contraste avec les recommandations de la commission Stasi. Évidemment, le lecteur français sera peut-être frappé de savoir que la commission réaffirme qu'il soit autorisé aux enseignants, aux fonctionnaires, aux professionnels de la santé et à tous les autres agents de l’État. Pour Bouchard et Taylor, « l’attribution à l’école d’une mission émancipatrice dirigée contre la religion n’est pas compatible avec le principe de la neutralité de l’État entre religion et non-religion ». C'est pour cette raison qu'ils entendent voir privilégier « le recours à la voie citoyenne et à l’ajustement concerté », et ce pour plusieurs raisons : « il est bon que les citoyens apprennent à gérer leurs différences et leurs différends ; cette voie permet de ne pas engorger les tribunaux ; les valeurs qui sous-tendent la voie citoyenne (l’échange, la négociation, la réciprocité) sont celles qui fondent aussi le modèle d’intégration du Québec. »

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vendredi 11 septembre 2009

Comment réduire l'idée de progrès à la consommation

De la complexité de l'idée de progrès, de sa richesse, la comptabilité ne retient qu'une dimension : celle qui est susceptible d'être quantifiée, celle dont on pourra mesurer la progression. Le progrès, c'est la progression d'un taux. Une telle assimilation du progrès au taux de croissance du PIB signifie de surcroît que l'on tient pour prouvé que dans nos sociétés les progrès de toutes sortes suivent automatiquement celui des richesses comptables : si nous avons la croissance, alors le reste suivra.

Extrait de : Dominique Méda, Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Flammarion, 2008, p.156.

Ce quasi-consensus me rappelle l'incompréhension d'un ouvrier dans un reportage que j'ai vu il y a quelques temps sur la décroissance : "encore faudrait-il qu'on puisse déjà y participer à la consommation !" Peut-être un peu briefé par le syndicaliste qui l'accompagne, la société de consommation semble être un idéal pour tous.

Cette problématique de la définition de la consommation devrait interpeller ces temps-ci : quel que soit ce qu'on pense de la taxe carbone et des efforts à produire collectivement (tant les individus que les gros pollueurs), il y aura bien des changements à apporter à notre mode de consommation. C'est peut-être le plus dur. C'est certainement difficile à imaginer pour ceux qui sont exclus dans l'organisation générale de la "société de consommation" (résumée par les décroissants comme système de surconsommation inégalitaire et peu convivial).

Rien que l'évolution de l'évaluation de notre progrès (social et environnemental), ce sera un premier pas à faire pour changer notre cadre de perception. Et ce pas n'a pas de sens si elle n'est pas le fruit d'un travail collectif et consensuel. Jean Gadrey s'est largement exprimé là-dessus autour de la commission présidée par Sen & Stiglitz : il faudrait pour cela une grande concertation autour de nos conceptions du bonheur, du bien-être ou du progrès. Il n'y a pas forcément de modèle pour cette concertation : comme débats de grande ampleur, les Français ont connu ceux récurrents sur l'école qui ont fini par lasser par manque d'impact ou de visibilité.

Enfin, si débat il devait y avoir, il faut tenir compte de l'échelle européenne puisque le PIB est essentiel comme indicateur européen : "le déficit budgétaire ne doit pas dépasser les 3% du PIB". Le gouvernement Fillon voulait ne plus compter dans le PIB les investissements dans le secteur de la recherche, ou des "industries vertes", mais ça n'a pas été accepté par le Conseil Européen. Il faudra donc de toute manière élaborer ces nouveaux indicateurs de richesse avec l'ensemble des pays de l'UE. Un jour ou l'autre.

jeudi 10 septembre 2009

Comment mourir avant 5 ans à Paris ?

J'ai déjà parlé du taux de mortalité infantile. Un lecteur mal intentionné m'a reparlé du taux de mortalité infantile à Paris. Alors j'ai commencé à regarder ce que nous apprenait l'INSEE :
Paris 3,6 ‰
Hauts-de-Seine 3,1 ‰
Seine-Saint-Denis 5,6 ‰
Val-de-Marne 3,5 ‰
Seine-et-Marne 4,0 ‰
Yvelines 3,4 ‰
Essonne 3,9 ‰
Val-d'Oise 4,4 ‰
Ile-de-France 3,9 ‰
France (avec DOM) 3,7 ‰
On remarque les inégalités selon les départements et que la région Ile-de-France est au-dessus de la moyenne nationale. Imaginez-vous qu'il n'est pas uniforme à Paris selon les arrondissements. Un rapport de l'APUR avait été caviardé fin juin mais les résultats ont fuité dans Le Monde :
"Dans les 12e, 18e et 19e arrondissements, le taux de mortalité infantile dépasse de plus d'un point la moyenne parisienne sur la période 2000-2007. Cela n'est pas lié à la présence de services de médecine périnatale dans ces arrondissements, les statistiques étant rapportées au lieu de domicile de la mère (et non au lieu du décès). L'explication réside plutôt semble-t-il dans la présence sur le territoire de ces arrondissements de populations cumulant un suivi médical insuffisant et de mauvaises conditions sanitaires."
Je me demande si ces enfants de moins de 5 ans meurent aussi de pneumonie ou de diarrhée, les maladies mortelles les plus courantes dans le reste du monde à cet âge-là...

Ces inégalités sont effectivement à remettre en perspective. L'UNICEF vient de publier aujourd'hui les nouvelles données actualisées. Au niveau mondial, on est passé d'une moyenne de 90 décès pour 1000 naissances vivantes en 1990 à 65 décès pour 1000 naissances vivantes en 2008. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour parvenir à l'objectif du millénium sur la mortalité infantile. Il faudrait passer pour ça à 30 ‰ au niveau mondial et nous en sommes loin. Trop loin.

Comment définir le progrès

Un passage d'une de mes lectures d'hier m'a refait penser à l'université d'été de l'ADELS qui se déroulait le week-end dernier. On y retrouve deux aspects qui ont fait l'objet d'un billet : la définition de la pauvreté et la question de l'espérance de vie. On notera d'ailleurs que cette dernière question est à prendre avec des pincettes. Est-ce vraiment une valeur partagée par tout le monde ? Que dire des gens qui veulent mourir jeunes ? Quelle est la place au consentement ? Pour ceux qui développent des maladies professionnelles en tout cas, ou d'autres maladies des temps modernes tout à fait subies, la question ne se pose pas. Comme dans le texte qui suit :

Kende* propose une tentative de décomposition simple de l'idée de progrès. Il en distingue six acceptations :

  • l'amélioration du bien-être physique (réduction des peines physiques attachées au travail et plus généralement à toute activité humaine, multiplication des biens d'usage individuel ou collectif ;
  • mise au point de nouvelles inventions élargissant soit la gamme des commodités disponibles, soit le pouvoir humain au sens large ; accroissement du temps de loisir) ;
  • la protection et l'allongement de la vie humaine ;
  • la qualité de la vie humaine ;
  • la rationalisation des efforts ;
  • l'élargissement du savoir humain et l'accumulation des œuvres de culture ;
  • le postulat de justice.

On aurait envie d'ajouter :

  • l'accroissement des libertés individuelles et publiques ;
  • une meilleure égalité ;
  • l'augmentation de la participation de tous à la vie démocratique.

Extrait de : Dominique Méda, Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Flammarion, 2008, p.154.

* Pierre Kende, L'abondance est-elle possible ? Gallimard, 1971, à partir de la page 50.

L'ensemble du livre de Méda décortique les aspects les plus criticables du PIB comme indicateur de progrès. C'est d'ailleurs pour ça que d'autres indicateurs ont été créés, comme le coefficient de GINI, l'IDH ou le BIP 40.

Dans l'analyse de Kende, je suppose qu'une meilleure égalité est entendue en terme de revenus, puisque la dernière proposition relève de l'égalité politique. Ces deux derniers aspects étaient au coeur du projet de l'ADELS tel que les participants le définissaient. On a eu à ce propos un remue-méninge intéressant, où chaque participant était appelé à écrire un texte, puis à négocier avec son voisin ce qu'il voulait garder en fusionnant leur texte, puis le binôme rejoignait un autre binôme et ainsi de suite. Les valeurs qui sont ressorties étaient l'égalité politique effective, l'émancipation sociale et la justice sociale. Une sorte de Liberté, Égalité, Fraternité revisitée.

mardi 8 septembre 2009

Comment Vidal-Naquet proposait le tirage au sort

Au cours de ces débats, je proposai un jour qu'à côté du conseil élu qui gouvernerait l'École [EHESS], on adjoigne un "anti-conseil" qui serait, lui, tiré au sort. C'était une suggestion inspirée d'Athènes, mais elle ne fut pas retenue. Il m'est arrivé de la reprendre pour d'autres institutions de l'Éducation nationale, et même de la faire aboutir pendant une brève période, au début du pouvoir de la gauche. Les sections du CNU (Conseil national des universités) qui nomment les professeurs ont été ainsi tirées au sort. Cela ne marcha pas mal du tout, mais cela ne dura pas.

Extrait de : Pierre Vidal-Naquet, Mémoires. Le trouble et la lumière 1955-1998, Le Seuil/La Découverte, 1998, p.293.

J'espère voir d'autres exemples de ce type dans les deux ouvrages d'Yves Sintomer à paraître dans les semaines qui arrivent... Inutile de dire que j'attends avec impatience :

  • La démocratie participative: histoires (en coll. avec M.H. Bacqué), La Découverte, coll. Recherches
  • Généalogies des dispositifs participatifs contemporains (en coll. avec M.H. Bacqué), Adels/Yves Michel

lundi 7 septembre 2009

Comment inventer les minorités mélaniques

Les violences sportives sont pléthores. Elles s’échelonnent des propos et des actes en cours de jeu à ceux qui se perpétuent en dehors des enceintes sportives. Les institutions sportives, lorsqu’elles le décident, peinent à limiter racisme, sexisme ou homophobie. Dans de nombreux pays, malgré les mesures incitatives en faveur de la parité homme/femme, les lois contre le sexisme, le racisme, la xénophobie, etc., les situations sont toujours délicates pour l’ensemble des minorités : sexuée, sexuelles, mélaniques, etc. Au-delà des violences sportives les plus manifestes, nous démontrons l’importance des insultes et les blagues chez les jeunes. Ces propos injurieux constituent des préjudices indéniables et des entames discriminatoires non négligeables. Elles sont précisées ici à partir d’une recension de la littérature internationale et d’une enquête récente en France auprès de collégien-ne-s et de lycéen-ne-s bretons (N=1 321).
C'est issu d'un abstract d'un article en ligne. C'est bien la première fois que j'entends parler des minorités mélaniques. Je vois très bien pourquoi ce qualificatif a été créé. Exit les débats sur les minorités ethniques. Exit les débats sur la racialisation de la société, notamment ouverts en France par le livre collectif autour des frères Fassin :
De la question sociale à la question raciale ?

Le mot n'est pas encore très usité, en témoigne Google : 872 occurences à la date d'aujourd'hui, 873 demain avec la publication de ce billet. Parmi les résultats, on repère le nom de Stéphane Héas qui semble vouloir lancer la mode.

J'ai aussi repéré une autre page, qui est un billet sur un blog intitulé Les théories racialistes gagnent-elles la télévision ? Il pose sans le savoir les mêmes questions que le débat qu'il dénonce. Il suffit de lire le quatrième de couverture du bouquin sur la question raciale :
comment articuler, plutôt que d’opposer, question sociale et question raciale ?

Comment la démocratie locale crée des rencontres

Il y a un an, je suivais les 11e rencontres de l'ADELS. J'ai notamment suivi des ateliers sur les savoirs citoyens et sur l'articulation élus-administration-habitants. J'ai pris des bribes de notes sur des sujets divers et variés. J'ai aussi pris des documents notamment la Charte de participation du Conseil Général 94 et la charte des comités de quartier d'Ivry pour préparer la Charte de participation de Paris.

Les agents territoriaux ont reconnu qu'il arrivait souvent que les gens qui se plaignent après ou pendant une concertation ne sont pas forcément ceux qui viennent aux réunions physiques. Le constat a donc été fait qu'il fallait dépasser ça en les intégrant au maximum avec d'autres démarches : visites déambulatoires, questionnaires (parfois co-élaborés avec un panel d'habitants). C'est ainsi qu'on peut éviter la disqualification des luttes sociales via la démocratie participative (« ils n'avaient qu'à venir aux réunions »), car chacun peut avoir sa place dans le débat à différents moments en différents lieux.

Il faut aussi parfois résoudre les problèmes liés à l'acquis des réunions antérieures, parfois chamboulé par de nouveaux arrivants, ou des participants intermittents.

Il est important qu'il y ait en tous lieux une reconnaissance par chacun des savoirs des autres. Un débat a eu lieu sur la capacité d'expertise des citoyens. Certains témoignent que ce mot fait peur aux habitants, d'autres le trouvent exagéré. Certains proposent le terme de savoir ou celui d'expérience. Dans tous les cas, les réunions devraient être lieu non de formation, mais de déformation mutuelle (ou même de déformatage pour les ingénieurs).

Une personne a proposé de transposer le schéma de l'urbanisme sur la démocratie participative : l'élu a la maîtrise d'ouvrage, le technicien la maîtrise d'œuvre, les habitants la maîtrise d'usage.

Les agents territoriaux doivent réussir à être le grain de sable dans la mécanique des administrations. C'est aussi le cas de certains agents transversaux (développement durable par exemple) et des ateliers devraient se mettre en place pour échanger sur la problématique du lien et des modalités d'action avec les autres services.

Comme je suis attentif à la circulation de l'information, j'ai posé plusieurs fois la question du devoir de réserve pour les agents chargés de la démocratie participative pris entre le marteau (élus) et l'enclume (instances). C'est un problème de taille visiblement. On a raconté l'histoire d'une fermeture de certains services dont les agents étaient au courant depuis bien longtemps, mais l'annonce officielle ne devait intervenir qu'au mois de juin pour éviter toute organisation possible de revendications. Certains ont revendiqué le « droit d'égarer un dossier dans un bar » pour organiser une fuite (une manière pour eux de militer pour que la démocratie participative marche). Un autre a parlé de son expérience au sein d'un débat de l'ADELS où une personne d'un conseil général affirmait qu'elle n'avait eu aucun problème éthique dans son poste et qui plus tard en privé révélait l'inverse en expliquant pourquoi elle ne pouvait pas le dire en public. Il y a donc une incapacité à résoudre publiquement ce problème pourtant répandu. D'autres ont évoqué aussi le problème de la communication entre services.

Dans un autre atelier a été évoqué le fait qu'il ne peut pas y avoir de démocratie participative si elle n'existe pas en interne aussi dans les administrations. Chaque agent constitue une interface avec les usagers. Il a donc accès à différentes expériences en dehors de la sienne et peut contribuer à améliorer la qualité du service public. Il faut donc qu'il y ait des méthodes pour faire circuler ces savoirs.

Certains se sont aussi plaint du nouveau statut pour les agents qui pourrait constituer un frein pour leur mobilité et leur évolution en terme de grade. Si certains sont confiants à propos de l'atout que peut constituer l'expérience de la démocratie participative dans le service public du 21e siècle, certains doutent qu'un nouvel état d'esprit apparaisse vraiment dans l'administration. Pour l'évolution de carrière semble aussi jouer le fait que ces agents n'aient pas à gérer un gros budget.

En tout cas, ce qui m'a fait plaisir, c'est qu'un des critères d'évaluation de ces ateliers était la participation : si plus de la moitié de la salle avait réussi à prendre la parole, on estimait que ça avait plutôt bien marché... Et ça a plutôt bien marché...

samedi 5 septembre 2009

Comment les systèmes de santé tuent des petits enfants

Taux de mortalité infantile (nombre de décès pour 1000 naissances)

Albanie 6 ‰

Allemagne 4 ‰

Andorre 4 ‰

Australie 4 ‰

Autriche 4 ‰

Belgique 4 ‰

Biélorussie 5 ‰

Bosnie-Herzégovine 5 ‰

Canada 5 ‰

Chypre 6 ‰

Corée du Sud 4 ‰

Croatie 5 ‰

Cuba 5 ‰

Danemark 4 ‰

Espagne 4 ‰

Estonie 4 ‰

Finlande 3 ‰

France 4 ‰

Grèce 4 ‰

Hongrie 5 ‰

Hong Kong (Chine) 2 ‰

Iles vierges 5 ‰

Irlande 3 ‰

Islande 3 ‰

Israël 4 ‰

Italie 4 ‰

Japon 3 ‰

Liechtenstein 3 ‰

Lituanie 5 ‰

Luxembourg 2 ‰

Macao (Chine) 3 ‰

Norvège 3 ‰

Nouvelle-Calédonie 6 ‰

Nouvelle-Zélande 5 ‰

Pays-Bas 4 ‰

Pologne 6 ‰

Portugal 3 ‰

Royaume-Uni 5 ‰

Singapour 2 ‰

Slovaquie 5 ‰

Slovénie 2 ‰

Suède 2 ‰

Suisse 4 ‰

Taïwan 5 ‰

République Tchèque 3 ‰

Extrait de : Gilles PISON, "Tous les pays du monde", Population et société, Numéro 458, Juillet-août 2009

Quelques données remarquables :

  • Les données de mortalité infantile pour le Vatican et Monaco manquent : j'ai une vague idée du pourquoi pour le Vatican mais pas pour Monaco.
  • La France se classe légèrement au-dessus de la moyenne européenne.
  • La situation en France est à nuancer, car la moyenne (4‰) ne reflète pas la situation de ses territoires datant du bon vieux temps des colonies : Guadeloupe 6‰, Polynésie 7‰, Martinique 8‰. Mais comment ces inégalités se forment ?
  • Même chose pour la Chine où Hong Kong et Macao restent des exceptions (2 et 3 décès pour 1000 naissance) alors que la moyenne de la Chine communiste est 21. N'est pas Cuba qui veut...
  • Les États-Unis arrivent à la 56e place avec 7. Je suppose que là encore de fortes disparités territoriales existent sur le territoire. Sans compter les disparités en terme de couverture maladie.

On peut aussi dire que ces données ne reflètent pas complètement la qualité du système de santé. C'est vrai, d'autres déterminants de santé (la qualité de l'alimentation par exemple).

Cela se reproduit avec un autre critère, à savoir l'espérance de vie à la naissance. Le classement reste proche : la France (78 ans pour les hommes, 84 pour les femmes) reste au-dessus de la moyenne des autres pays de l'UE. On vit moins longtemps à la Martinique (76/83) et à la Guadeloupe (75/83) qu'en métropole mais leur écart entre elles a diminué. Les États-Unis sont à la 51e place (75/80), bien après Cuba (76/80) et le Costa Rica (77/82).

Ceci est une contribution aux préjugés des Européens du système de santé des États-Unis... corroborés par les chiffres du World Population Data Sheet publiés par le Population Reference Bureau.

vendredi 4 septembre 2009

Comment Royal visite une exploitation bio

Et bien avec des talons...



Pourquoi Ségolène Royal repart en croisade - Politique - 03/09/2009 - leParisien.fr

Comment préparer Graines de citoyens en lisant

Petite bibliographie sur l'éducation à la citoyenneté

Hervé Cellier, La démocratie à l'école. Apprendre, mais ensemble, L'Harmattan, 2000 : Descriptions de dispositifs

Colette Crémieux, La citoyenneté à l'école, Syros, 2001 : État des lieux

Taina Kaivola et Monica Melén-Paaso (dir.), Education for Global Responsibility - Finnish Perspectives, Publications of the Ministry of Education, 2007 : rappelons le savoir-faire finlandais en la matière.

Claudine Leleux, Éducation à la citoyenneté, 3 tomes, De Boeck, 2000, 2008 : exercices pratiques pour les 6-14 ans intéressants, surtout le tome 3.

Alain Mougniotte, Pour une éducation au politique en collège et lycée, L'Harmattan, 1999 : réflexions sur les thèmes à aborder.

Betty A. Reardon, La tolérance, porte ouverte sur la paix, Éditions UNESCO, 1997 : 3 tomes centrés sur l'éducation à la paix, mais ça converge.

Jean-François Vincent, Éduquer à la citoyenneté, Delagrave, 2006 : petit guide pratique... pratique !

J'en profite pour poster un extrait des questions sur notre démocratie que se pose Mougniotte :

  • Est-elle vraiment participative ?
  • La responsabilité des citoyens est-elle effective ?
  • Est-elle vraiment décentralisée ?
  • Le laïcisme n'est-il pas sans cesse renaissant ?
  • Le pluralisme y est-il d'ores et déjà accepté ?
  • L'ouverture mondiale résulte-t-elle d'une stratégie délibérée ou d'un suivisme conformiste ?
  • Les droits de l'homme y sont-ils toujours respectés ? Ne les célèbre-t-on pas plus volontiers qu'on ne les observe ?
  • Tous les individus peuvent-ils vraiment y poursuivre leur éducation ?

Poser ces questions, n'est-ce pas déjà y répondre ?

Effectivement, c'est y répondre. Par contre je ne sais pas quoi réponre à la question sur la mondialisation. La formulation me gêne...

jeudi 3 septembre 2009

Comment les jeunes Européens appréhendent les droits de l'Enfant

Je signale la parution fin août sur le site de la Commission européenne d'un Eurobaromètre Flash. Rien que la parution, c'est une bonne nouvelle, car ce n'est pas un domaine proprement communautaire. C'est à dire qu'à l'aube des diverses commémorations des 20 ans de la Convention des droits de l'enfant, la Commission pousse un peu, délicatement, à l'évaluation de la situation chez les États membres. L'étude consiste en un sondage des 15-18 ans.

Premier commentaire : s'agit-il d'un sondage sur les droits de l'enfant ? En tout cas, pas tel que l'entend la Convention relative aux droits de l'enfant. Il s'agit d'un sondage sur la conscience pour les enfants d'avoir des droits spécifiques par rapport aux adultes. C'est flagrant sur le test de connaissances : les deux questions portent sur une situation de divorce où l'un des parents partiraient dans un autre pays de l'UE. On rigole un peu pour la deuxième question porte sur la labellisation des jeux vidéos selon l'âge. Cela ne rentre absolument pas dans la convention des droits de l'enfant.

Sur la méthodologie, je suppose qu'ils ne suivent pas la méthodes des quotas. Le sondage a concerné 10000 jeunes Européens, dont 400 Français. Ce n'est qu'un sondage, et que nous enseigne-t-il ?

Les jeunes Français semblent moins conscient de leurs droits (p.16). La question portant sur un ressenti, ce n'est pas le plus convaincant.

Je trouve beaucoup plus intéressant les priorités politiques qu'ils définissent p.20 : en premier vient l'éducation (77% des Européens concernés et 68% des Français), puis la sécurité (47% UE, 37% France), la santé (42% UE, 40% France), les loisirs (32% UE, 30% France), la justice (28% UE, 35% France), l'environnement (23% pour l'UE et la France aussi), les migrations (16% UE, 18% France).

Contrairement à la plupart des autres pays, les jeunes sondés de France inversent santé et sécurité dans leurs préoccupations, la santé passant en deuxième position. Au niveau européen, c'est bien un sujet qui discrimine les filles des garçons contrairement aux autres questions. Si l'éducation est citée autant chez les unes que chez les autres, les priorités s'inversent pour les domaines suivants : quand on est une fille, on semble privilégier la sécurité (47% contre 41% chez les garçons) et la santé (48% contre 37% chez les garçons). Quand on est un garçon, la deuxième préoccupation avant la sécurité semble être les sports et les loisirs (39 contre 24% chez les filles).

Une autre question porte sur ce que définissent les jeunes comme priorités nationales. Les jeunes Français sondés sont en queue de peloton pour mettre la violence, l'exploitation sexuelle ou les drogues comme priorités nationales. Par contre, on apprend p.33 qu'ils sont 48% à classer en premier le racisme et les discriminations (27%UE) : c'est le plus fort taux par rapport aux autres pays. Et les sondés français sont aussi bien au dessus pour vouloir s'attaquer à la pauvreté (29% contre 23%).

Mais alors que faire ? Si les Français sont moins informés, comment leur apporter l'information à propos de leurs droits et sur les moyens pour eux de s'informer ? 94% des sondés en France comme dans le reste de l'UE demandent des campagnes d'information par divers canaux (Internet surtout, télé). Je suis très étonné que parmi les canaux proposés ne figure pas l'école.

Cette situation rend nécessaire l'opération Graines de citoyen organisée par la section du 18e de la LDH, parmi d'autres évolutions souhaitables comme la rénovation de l'éducation à la citoyenneté à l'école.

Comment Martine Aubry a-t-elle été arrêtée ?

Pas vu à la radio... Étonnant hein... On nous cache tout...

Coup de filet sur la gauche
«Martine, 59 ans »

Flash spécial : coup de filet réussi dans les milieux de l'ultracentre, un groupuscule qui s'apprêtait à saboter la gauche. Par notre nouvelle recrue Guillaume Podrovnik (le Journal du futur, lien ci-dessous) et Marie-Andrée de Saint-André (Audioguide de bord, quelque part ici). Chaque semaine, l'actualité en bricolage sonore.

Comment ébruiter la violence réelle du passé

Le passé est tout autant incohérent que le notre présent. Bien sûr, il existe des logiques, mais aussi tant d'incohérences. Pourquoi dès lors le travail de l'historien devrait-il consister à décrire des continuités, des évolutions, expliquées avec beaucoup de talents, mais qui ne sont fondées sur rien si ce n'est sur le fait que, grâce à son métier, il sait toujours la fin de l'histoire. Lorsque je demandais "Quel bruit ferons-nous ?", c'était sans doute une révolute à l'égard du présent. Aujourd'hui, quel bruit ferons-nous ? Quel bruit intime ferons-nous à partir de nos interrogations sur la pauvreté, sur ses seuils de plus en plus élevés, sur la misère, et sur ceux qui dorment dans la rue ? [...] Dans la question "Quel bruit ferons-nous ?", il y a aussi une intense révolte liée au fait qu'en histoire, nous savons ne pas ébruiter la violence réelle du passé.

Extrait de : Arlette Farge, Jean-Christophe Marti, Quel bruit ferons-nous ?, Les Prairies Ordinaires, 2005, p.211.

Et comment ébruiter la violence réelle du présent et de la Misère du Monde ?

mardi 1 septembre 2009

Comment Graines de Citoyen donne des compétences

Organiser des débats, c'est bien gentil... Mais à quoi ça va servir si ça ne résout aucun problème du quotidien ? Parler pour parler, à quoi bon ? Et bien, même parler pour parler a certains mérites.

L'éducation à la citoyenneté démocratique, tel est le nom officiel, "vise à donner au gens les connaissances, la compréhension, les compétences et les attitudes qui les aideront à jouer un rôle efficace dans la société". Les compétences pratiques sont tout aussi importantes que les connaissances théoriques sur les droits. Pour cela, il faut apprendre à :
  • résoudre les conflits de manière non violente ;
  • argumenter et défendre son point de vue ;
  • entendre, comprendre et interpréter les arguments des autres ;
  • reconnaître et accepter les différences ;
  • faire des choix, considérer des alternatives et les soumettre à une analyse éthique ;
  • assumer des responsabilités partagées ;
  • établir avec les autres des relations constructives et non agressives ;
  • développer l'esprit critique concernant l’information, les modèles de pensée, les conceptions philosophiques, religieuses, sociales, politiques et culturelles, tout en sachant rester ferme sur les valeurs et les principes fondamentaux du Conseil de l’Europe.
Les principes fondamentaux reposent sur la Convention européenne des droits de l'homme et la Charte Sociale Européenne. L'éducation à la citoyenneté démocratique est tout un programme complet, destiné à renforcer la démocratie dans les jeunes démocraties des pays de l'Est. Mais du coup, leurs programmes deviennent bien meilleurs que le nôtre en France. À quand l'intégration de l'éducation à la citoyenneté démocratique ici, tel que c'est défini par le Conseil de l'Europe ?