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vendredi 19 février 2010

Comment s'initier à la pensée binaire

"Ma longue expérience politique m’a appris qu’il y avait deux catégories de personnes : celles qui créent les problèmes et celles qui les résolvent. Le moment est venu de choisir à quelle catégorie nous voulons appartenir."
Thorbjørn Jagland
Depuis quelques jours, je prête plus d'attention à ce que dit Thorbjørn Jagland, le secrétaire général. Dans son discours à propos de la future adhésion de l'UE à la Convention européenne des droits de l'homme, j'applaudis des trois mains. Il fait le point sur tous les défis auxquels se confronte cette organisation. On y trouve toute l'argumentation nécessaire pour tous les sceptiques quant à l'intérêt de l'adhésion de l'UE à la convention fondatrice de la Cour Européenne des Droits de l'Homme.

Puis j'ai trouvé cette citation de pur diplomate. Il faudrait faire la collection de ces petites phrases qui séparent le bon grain de l'ivraie. Qui voudrait créer des problèmes ? Qui ne voudrait pas voir chaque problème résolu ? Juste à la fin de son argumentation, son discours marque une figure de rhétorique bien connue des désencyclopédistes.

Ma préférée reste celle-ci : "Les gens se divisent en deux catégories : les uns cherchent et ne trouvent pas, les autres trouvent et ne sont pas contents." (Mihai Eminescu)

jeudi 18 février 2010

Comment animer une réunion de brainstorming à l'aide des post-it

Ce matin je participais à une matinée citoyenne dans le 18e : c'est l'occasion pour chaque délégué d'un certain nombre de collèges pour les niveaux de 4e et de 3e de se rencontrer : ils peuvent d'échanger sur des sujets qui dépassent leur simple établissement, découvrir la mairie et rencontrer Monsieur le Maire (à un mois des élections, c'est bien pratique). Plusieurs ateliers thématiques étaient prévus : un lieu pour la jeunesse, les libertés sur internet, la santé,... C'est un atelier sur la santé que j'ai animé ce matin à l'aide de la méthode des post-it. Ce fût l'occasion de faire le point sur les interventions de promotion de la santé en milieu scolaire.

Très pratique pour faire émerger de manière anonyme des problématiques, les post-it permettent de poser le problème (au sens propre comme au sens figuré). Puisque chacun a la possibilité de s'exprimer, c'est un moyen de faire remonter les signaux faibles et d'augmenter la participation. Mais qu'est-ce que la méthode des post-it ?
  1. On dispose trois grandes feuilles (Une qui récoltera les post-it abordant le positif, une 2e pour le négatif et une 3e pour les solutions possibles) sur lesquelles les participants collent des post-it. Pour les solutions possibles, il est possible de scinder la feuille en deux parties : l'une pour les actions qu'on peut faire soi-même, l'autre pour des souhaits qui dépassent notre simple volonté (politique publique par exemple,...)
  2. On sépare ensuite les élèves en 3 groupes. Chaque groupe travaillera sur une seule feuille. Au sein de chaque groupe les participants désignent un représentant du groupe.
  3. Chaque groupe analyse et résume ce qu'il y a sur la feuille qu'il a : recoupage thématique, repérage des contradictions, reformulation des propositions pour les enrichir.
  4. Le porte-parole synthétise ensuite aux deux autres groupes les analyses.
  5. S'engage alors une discussion commune des propositions : est-ce que les propositions reformulées correspondent aux souhaits initiaux de la personne qui les avait écrites ? Est-ce qu'on peut compléter les propositions pour qu'elles fassent consensus ?
  6. Les 3 rapporteurs peuvent ensuite se mettre d'accord pour présenter une synthèse au groupe. Les autres participants peuvent valider la synthèse.

mercredi 17 février 2010

Comment diminuer la violence scolaire

Je lisais ce matin un entretien dans Métro de Georges Fotinos. Cet ancien inspecteur général de l'Éducation nationale et membre associé de l’observatoire de la violence scolaire réagissait au mouvement des professeurs de l'académie de Créteil qui réclament plus de moyens pour assurer la sécurité des établissments.

Il y a quelques jours dans un texte publié par l'AEF (disponible que pour les abonnés), il développe ce qui lui semble être un des axes impensés par les gouvernements successifs : la prévention. Cette idée n'est pas nouvelle, car si les élèves sont acteurs et témoins de violence, repenser le climat scolaire semble aller de soi.

Le projet que je mène dans un collège du 18e autour de l'évaluation par les élèves du climat scolaire a débuté et nous allons commencer durant le mois de mars à co-construire un questionnaire d'évaluation avec les délégués. Dans la lignée des territoires de coresponsabilité, l'évaluation sera ensuite faite par l'ensemble des élèves et ils pourront aussi proposer des actions. Ces actions seraient mises en place à la rentrée 2010 : parmi elles des actions réalisées par des adultes sans doute, mais aussi d'autres par les élèves eux-même. Il a aussi été question de l'absence de l'infirmière qui ne trouvera certainement pas de réponse immédiate.

L'implication des élèves est essentielle pour faire évoluer le climat scolaire et tout démontre des attentes des élèves. Il faut commencer à prendre au sérieux l'éducation à la citoyenneté active et il faudra trouver tous les moyens pour encourager les innovations locales, comme celle à laquelle je participe. Georges Fotinos propose d'autres choses plus radicales mais surtout plus "descendantes" :
la réforme des lycées insiste sur l’importance de l’engagement associatif et le bénévolat des lycéens reconnus par un livret de compétences. Pour aller jusqu’au bout de cette orientation, ne faudrait-il pas à l’exemple de plusieurs autres pays considérer cet engagement comme un élément nécessaire à l’obtention des diplômes généraux et professionnels de l’enseignement secondaire… nous aurions alors considérablement avancé sur le chemin de la prévention de la violence et celui de l’avenir citoyen de nos lycéens.
Si le principe parait louable, la réalité est un peu différente. J'ai quelques doutes sur la faisabilité de la chose, car la liberté d'association inclut la liberté de refuser d'adhérer. Or en rendant obligatoire cette adhésion à une association (quel que soit son but), je ne sais pas si on renforce réellement la politisation. Par contre, la reconnaissance d'activités bénévoles comme le fait France Bénévolat serait tout à fait envisageable dans le cadre d'options facultatives. Cette reconnaissance de compétences acquises lors d'activités bénévoles existe déjà dans le cadre de la validation des acquis de l'expérience (VAE). Ce sera d'ailleurs peut-être bientôt le cas pour le Conseil Parisien de la Jeunesse, mais cela se fait un peu attendre. Et pour les diplômes ?

Comment être féministe et écolo

Je viens de lire un article de blog assez intéressant sur deux combats qui n'ont rien d'incompatibles : l'égalité homme/femme et l'écologie. Après la sortie du livre de BHL, les médias font la promotion d'une autre icône médiatique, la vieille Elisabeth Badinter. Elle prend position pour la liberté d'allaiter et contre l'obligation pour les mères de devoir allaiter. Elle y opposerait donc la liberté de la mère face au bien-être de l'enfant (puisque Badinter dénonce en passant l'injonction de santé publique).

J'ai presqu'envie de faire une comparaison avec la liberté de fumer mais peu importe : voilà encore un livre qui ne finira pas dans les annales. L'interview de Virginie Maris penche en ce sens :
Elisabeth Badinter s’est essentiellement prononcée sur trois gros enjeux de consommation liés à la maternité : le lait en poudre (alternative à l’allaitement), les couches jetables (alternatives aux couches lavables) et les petits pots (alternatives à une nourriture maison voire bio). Sa bataille pour le combat féministe s’apparente ici à une bataille contre la décroissance. En tant qu’actionnaire de l’agence de communication Publicis, elle devrait être plus prudente quand elle prend parti, indirectement, pour ces trois noeuds de la consommation de masse.
Comme je n'ai pas lu le livre de Badinter, c'est difficile d'en dire quelque chose d'intéressant (si c'est nécessaire d'en dire quelque chose). Il est probable que le lire serait une perte de temps. Comme BHL, c'est difficile de comprendre comment de telles impostures continuent de perdurer. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de...
Actualité du 19 février : Le réseau européen EPHA vient d'envoyer une lettre pour demander des mesures pour garantir et encourager l'allaitement aux députés européens membres de la commission "Droits de la femme et égalité des genres".

mardi 16 février 2010

Comment Miliband a couvert la torture

C'est étonnant cette manière typiquement non-française de mener des entretiens de choc.


Heureusement en France nous avons de grandes pointures comme Laurence Ferrari et XXX (complétez la liste nombreuse).

Avec tout le délire autour d'Ashton, certains ont espéré la nomination de David Miliband, le chef actuel de la diplomatie britannique, au poste de ministre des affaires étrangères de l'Union Européenne. Finalement, sans ce grand promoteur des droits fondamentaux, c'est pas plus mal comme ça.

lundi 15 février 2010

Comment la Commission Parisienne du Débat Public travaillera

J'assistais ce matin à l'inauguration de la Commission Parisienne du Débat Public (CPDP) prévue par la Charte parisienne de la participation. Je vais y assister durant les 3 ans à venir, donc voici un petit topo sur ses missions :
  • elle rend des avis sur l'opportunité d'organiser des débats publics et sur les méthodes et formes envisagées d'interpellation de la population sur les projets municipaux soumis au débat, notamment des populations les plus éloignées de la participation ;
  • elle évalue la démarche de participation à l’échelle de Paris, au regard notamment des principes de la Charte de la participation ;
  • elle vérifie que chaque pétition relève bien de la compétence municipale ou départementale et s’assure que les signataires n’apparaissent qu’une fois et qu’ils remplissent les conditions d’âge et de résidence ;
  • elle présente chaque année au Conseil de Paris un rapport sur son activité.
 J'ai été assez critique sur la Charte de la participation. En même temps, comme cela a été rappelé ce matin, cette Charte est évolutive et la CPDP sera chargée d'ailleurs de formuler des amendements. J'ai pu faire connaissance avec Roland Peylet, chargé de la présider par le Maire de Paris. La composition de la Commission est en tout cas un gage de richesse pour les débats à venir.

Si les débats n'en sont qu'à leur début, j'ai été surpris et déçu d'apprendre ce matin que les avis ne seront pas publics tant que le rapport annuel ne sera pas publié. Dans d'autres circonstances, des commissions sont habilitées à faire publier un communiqué de presse "Ville de Paris".

Hamou Bouakkaz a ensuite donné une conférence de presse qui n'avait fait venir aucun journaliste (en dehors de Sylvie Andreu, membre de la Commission). C'est dommage mais c'est habituel : ce n'est pas un sujet qui mobilise les foules... Il a présenté le nouvel outil d'e-petition sur lequel nous travaillerons : assez simple et efficace pour ce qui a été montré ce matin. Il reste à voir à l'usage comment cela va se passer. Le seuil de pétition est de 3% d'habitants majeurs, soit 54 000 Parisien(ne)s. Nous verrons bien combien de fois ce seuil est atteint et s'il est adapté.

vendredi 12 février 2010

Comment jeter un oeil sur le Royaume-Uni

Quelques idées de lecture comme revue de presse :
  • Une tribune parue dans le Guardian aborde la question des inégalités avec un titre que j'apprécie : Investir dans l'égalité. Il est question de l'excellent rapport Marmot.
  • Sur l'identité nationale, le débat se poursuit depuis bien longtemps en Grande-Bretagne : dans le Guardian est débattue la place de l'identité anglaise après la dévolution. Un papier plus complet était paru auparavant dans le même think tank sur l'identité britannique.
  • Il y a quelques mois j'avais lu un autre article dans le Guardian sur le fait que les enfants d'origine asiatique réussissaient mieux en maths en Grande-Bretagne que les autres. Une sorte de cliché qu'on peut entendre aussi en France, mais par les statistiques ethniques, c'est possible d'y voir plus clair. Pour la première fois cette année, les tests globaux plaçaient en moyenne les blancs pauvres derrière tous les autres pauvres des autres communautés. Il est aussi dit que les filles réussissent bien souvent mieux que les garçons. Une bonne façon d'ignorer les explications culturalistes simplistes. 
  • Un rapport sur la participation des jeunes pointe plusieurs nécessités : pour qu'elles soient bien perçues, les consultations doivent être fréquentes et dirigées par les jeunes. Il est important d'évaluer l'efficacité des différentes modalités de participation pour les jeunes. Par ailleurs, il faut toujours prévoir l'information en aval des décisions qui sont prises. L'impact des discussions en amont doit être en effet non seulement significatif mais en plus il doit être perçu par les participants.
  • Enfin il faut s'étendre sur un sondage sur les jeunes Londonniens : une chose impensable à organiser pour la Mairie de Paris.

mercredi 10 février 2010

Comment une décennie de messages de promotion de la santé "n'ont eu que peu d'impact"

Ce n'est pas moi qui le dis. C'est un article du Independent qui le raconte grâce à une enquête du Food Standards Agency, créé dans le même mouvement que notre AFSSA.

On apprend ainsi que seuls 35 % des adultes mangent les fameuses 5 portions de fruits et légumes recommandées chaque jour. Pour les ados, la proportion tombe encore plus bas avec seulement 15%.

D'autres chiffres très négatifs incitent l'Independent à en conclure que ces messages n'ont servi à rien :
People are eating as badly as they were 10 years ago despite the spending of hundreds of millions of pounds of taxpayer’s money on advertsing campaigns on fruit and vegetables, saturated fat and other health issues
C'est un argument que j'ai déjà entendu et qui est assez mauvais. Si ces campagnes n'avaient pas été mises en oeuvre, qui peut dire que les chiffres auraient été encore plus bas ? À grand renfort de publicité pour le fast food ("tout ce que j'aime"), c'est pourtant plus que probable que la consommation de légumes et de fruits aurait baissé encore davantage.

La morale de l'histoire... Les chiffres ne parlent jamais d'eux-même ! D'ailleurs à la fin de l'article est cité le professeur Sanders qui dit l'inverse de ce que font encore les Français et les Anglais : “toutes les interventions réussies ont toujours été orientées sur la modification de l'offre alimentaire plutôt que sur le changement des comportements individuels.” Je serai très curieux de lire les études sur lesquelles il se fonde, mais rien n'apparait dans sa bibliographie plutôt spécialisée sur les impacts biologiques de la diététique.