Le passé est tout autant incohérent que le notre présent. Bien sûr, il existe des logiques, mais aussi tant d'incohérences. Pourquoi dès lors le travail de l'historien devrait-il consister à décrire des continuités, des évolutions, expliquées avec beaucoup de talents, mais qui ne sont fondées sur rien si ce n'est sur le fait que, grâce à son métier, il sait toujours la fin de l'histoire. Lorsque je demandais "Quel bruit ferons-nous ?", c'était sans doute une révolute à l'égard du présent. Aujourd'hui, quel bruit ferons-nous ? Quel bruit intime ferons-nous à partir de nos interrogations sur la pauvreté, sur ses seuils de plus en plus élevés, sur la misère, et sur ceux qui dorment dans la rue ? [...] Dans la question "Quel bruit ferons-nous ?", il y a aussi une intense révolte liée au fait qu'en histoire, nous savons ne pas ébruiter la violence réelle du passé.
Extrait de : Arlette Farge, Jean-Christophe Marti, Quel bruit ferons-nous ?, Les Prairies Ordinaires, 2005, p.211.
Et comment ébruiter la violence réelle du présent et de la Misère du Monde ?
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