En France, la question des mesures positives en faveur de la diversité semble essentiellement se limiter à une question de quotas. L'an dernier était publié au Québec un rapport qui apporte un panel de réponses intéressantes aux problèmes du multiculturalisme et de l'émergence de certaines religions dont les administrations françaises seraient bien inspirées de s'approprier. Le lecteur pressé retiendra la position sur le port de signe religieux (ou la tentative étouffée dans l'oeuf de retirer le crucifix dans les assemblées municipales), mais Jean Baubérot se propose d'apporter sa propre lecture du débat suscitée par ce rapport.
À la lecture de ce livre, on se demande bien pourquoi la commission STASI ne s'était pas déplacée au Canada alors que le dispositif des accommodements raisonnables apparaissaient à plusieurs reprises dans le rapport de 2003. Cela avait pourtant donné lieu à quelques remous. En 22 ans, plus de la moitié des cas recensés ont été médiatisés durant la période d’ébullition 2006-2007 qui précède (et a justifié) la mise en place de la commission Bouchard-Taylor. Cette commission tranche avec la commission Stasi tout d'abord par son fonctionnement : animée par un philosophe reconnu du multiculturalisme et d'un historien, elle avait de gros moyens, une méthodologie ambitieuse : 5 millions de dollars, avec 13 recherches de disciplines différentes, 13 groupes-sondes et 4 forums pour rencontrer l'avis des gens.
Au delà des moyens financiers considérables, une lecture rapide permet de saisir le contraste avec les recommandations de la commission Stasi. Évidemment, le lecteur français sera peut-être frappé de savoir que la commission réaffirme qu'il soit autorisé aux enseignants, aux fonctionnaires, aux professionnels de la santé et à tous les autres agents de l’État. Pour Bouchard et Taylor, « l’attribution à l’école d’une mission émancipatrice dirigée contre la religion n’est pas compatible avec le principe de la neutralité de l’État entre religion et non-religion ». C'est pour cette raison qu'ils entendent voir privilégier « le recours à la voie citoyenne et à l’ajustement concerté », et ce pour plusieurs raisons : « il est bon que les citoyens apprennent à gérer leurs différences et leurs différends ; cette voie permet de ne pas engorger les tribunaux ; les valeurs qui sous-tendent la voie citoyenne (l’échange, la négociation, la réciprocité) sont celles qui fondent aussi le modèle d’intégration du Québec. »
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