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lundi 23 août 2010

Comment retrouver son compte Facebook désactivé

Le Monde publiait la semaine dernière un article intéressant sur Facebook. En fait, mon jugement est purement égocentrique, puisque le témoignage de Mahor Chiche sur son compte désactivé est paru le même jour que ma propre désactivation. Après de multiples doutes, j'ai succombé à la pression sociale en juin dernier et créé un profil sur le célèbre réseau social aux 500 millions d'utilisateurs, soit le 3e pays numérique ! Un pays ou presque... Car la citoyenneté sur Facebook a encore des progrès à faire.

Difficile de se faire entendre comme utilisateur de Facebook pour la reconnaissance de ses préoccupations par l'entreprise. En témoignent ainsi les récentes controverses autour de la protection par défaut minimaliste de la vie privée ou autour du droit d'auteur : à qui appartient la photo publiée par un utilisateur ? Son auteur ou Facebook ? Désormais une autre controverse pourrait éclater avec la désactivation des comptes, comme d'autres l'ont déjà souligné.

Du jour au lendemain, on peut retrouver sa page d'accueil qui affiche un message sybillin :
Votre compte a été désactivé. Si vous avez des questions ou des interrogations, vous pouvez visiter notre Foire aux Questions.

Et c'est le drame. Comme Facebook ne permet ni la sauvegarde, ni l'export, on perd tout : sa liste d'amis (dont parfois le seul lien avec certains était devenu Facebook), les photos auxquelles on avait été associé, ses messages privés, ses évènements. C'est ce que signale Tristan Nitot (Mozilla France) :
Facebook peut être monstrueux. Des gens se font virer de Facebook, c’est-à-dire qu’ils perdent leur graph social, leur équivalent d’e-mail, leurs documents, tout. Et sans justice. Récemment au Maroc, un type a fait un groupe pour que, dans leurs cours, les professeurs de science respectent la laïcité. Des gens lui sont tombés dessus, et le groupe a été viré, le compte du fondateur supprimé. Il n’y a pas de vrai justice ! Pas un jury qui décide si c’est vrai ou faux. Juste un gars aux États-Unis ou en Inde qui fait «oula, il y a eu beaucoup de signalements pour ce truc là. Je supprime».
On disparaît ensuite aux yeux de ses contacts : impossible de nous retrouver, on semble ne jamais avoir existé car toutes nos traces, tous nos commentaires disparaissent ensuite. On ressent davantage cette vulnérabilité quand on perd tout sans aucune précaution, sans aucun avertissement préalable. Pour Mahor Chiche, on peine à deviner les motifs de sa désactivation :
Trop de pokes (taquineries) et de demandes d'amis, trop d'articles mis en ligne, peut-être
Non ce n'est pas un motif possible prévu par la Déclaration des droits et responsabilités. Pour ma part, j'ai enfreint cette règle sciemment, sans savoir que la sentence deux mois plus tard allait être irrévocable. Facebook n'autorise pas l'usage d'un nom d'emprunt. En effet, pour revendre des données personnelles au meilleur prix, il est essentiel de connaître l'identité réelle des gens. Beaucoup jouent le jeu. Pour les besoins d'un pari, j'avais utilisé un pseudonyme qui faisait allusion à un personnage politique français associé à la pratique de la torture en Algérie. Je poussais même le vice à dire dans ma biographie que j'avais passé mes meilleures années à la Villa Sesini.

Ce pseudonyme était pratique pour débattre. Je me suis certainement fait remarquer en appelant un peu partout à signer l'appel citoyen organisé par la Ligue des Droits de l'Homme qui refuse la politique du pilori initié par les récentes déclarations au sommet de l'Etat. Que mon profil surenchère aussi sur les propos sarkozystes sur la page des amis de l'action de Nicolas Sarkozy ne manquait pas d'ironie...

Me voilà banni sans précaution alors qu'on aurait pu simplement me demander de. Faut-il se réinscrire quand d'autres décident d'arrêter ? Cette expérience m'a confirmé que Facebook était chronophage, utile pour les invitations, fermé technologiquement, utile pour le partage de vidéos et la fonction de commentaires, sans aucune garantie pour la protection des données personnelles. Si j'étais une association et que je faisais la promotion des formats ouverts, je serais hésitant pour utiliser ce mode de communication. Ce n'est pas la constitution d'un réseau de pression des utilisateurs de Facebook qui va changer la donne (sauf à aller manifester dans le comté de Santa Clara en Californie).

La fréquentation croissante de Facebook va de pair avec l'intérêt des entreprises, des collectivités et des organisations. Comme naguère pour les navigateurs avec la bataille entre Netscape et Internet Explorer, c'est le devoir de ces organisations de préparer la transition et de sensibiliser à d'autres réseaux sociaux ouverts, décentralisés et protecteurs de la vie privée. qui que l'on doit accepter unilatéralement sans avoir le poids suffisant pour peser dans les futures modifications. L'alternative se prépare et exister à l'automne avec Diaspora.

samedi 21 août 2010

Comment la Finlande peut améliorer notre santé

Jenni Viitanen, chercheure à l'Institute for Public Policy Research North vient de publier une tribune dans le Guardian qui prend modèle sur la Finlande. Cet exemple sera sans aucun doute parlant pour le public français.


Les inégalités de santé britannique sont les pires d'Europe. Voyons comment la Finlande renversé la vapeur dans les années 1970.


On trouve en Grande-Bretagne les inégalités géographiques dans l'espérance de vie de sa population les plus frappantes d'Europe. La dernière décennie de prospérité économique a connu une polarisation croissante de façon alarmante, avec des décès prématurés dus aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux notamment dans le nord en particulier. Manchester est en tête du classement des décès prématurés. Le nord-ouest est la pire région, suivie par le nord-est. Un mauvais état de santé limite l'espérance de vie et l'autonomie, et c'est l'expérience de première main dans les communautés les plus pauvres dans le nord.
Face aux inégalités de santé persistantes, le gouvernement de coalition a peut-être raison de s'interroger sur l'efficacité des campagnes de santé publique. Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain ! Les Finlandais ont prouvé qu'on pouvait lutter contre les inégalités de santé grâce à des actions collectives et de la détermination.

Le projet de la Carélie du Nord montre comment la géographie de l'inégalité peut être vaincue en engageant le cœur et l'esprit des populations locales. Dans les années 60, la Finlande avait le plus fort taux du monde de décès prématurés pour les maladies coronariennes. Des gens sont morts de jeunes en grande partie pour des causes évitables et curables, particulièrement concentrées dans la province pauvre de l'est de la Carélie du Nord. Après bien des débats politiques et des travaux scientifiques, le programme de prévention a été mis sur pied en 1972 et coordonné par l'université locale.

Le message-clé était autour de la question du choix de mode de vie, tels que le tabagisme ou l'exercice, un équilibre approprié entre le sel, les graisses saturées, les fruits et légumes frais. L'engagement a été fait par le biais des groupes communautaires locaux et aucun partenaire potentiel n'a été négligé : les médecins et les infirmières, les écoles, les bibliothèques, les médias locaux, les supermarchés et l'industrie alimentaire ont tous participé à cette campagne.

L'initiative a été accueillie par des sentiments mitigés. La production laitière a été une importante source de subsistance dans les régions rurales de Carélie du Nord et le beurre faisait partie des produits locaux très appréciés. À cette époque, les gens croyaient que les maladies du cœur ne pouvaient pas être contrecarrées. La perspective de pouvoir lutter et même d'éviter la maladie a été un puissant message. Les familles touchées par les décès précoces et une maladie cardiaque invalidante pour des générations d'hommes et de femmes ont finalement été convaincues que leur santé et leur bien-être pourraient être améliorées en changeant de mode de vie. Et c'est ce qui s'est passé : en 2006, la région avait vu une réduction énorme de 85% de la mortalité due aux maladies coronariennes chez les hommes en âge de travailler.

Compte tenu du temps écoulé et les différences culturelles en jeu, nous pouvons nous retrouver à comparer des choux avec des pommes de terre. Mais il y a quatre principes clés d'un message retentissant à la situation actuelle au Royaume-Uni [et en France] :
  • Le mythe de l'"état minimaliste" : la campagne a été déclenchée grâce à l'action collective de la communauté elle-même ; ce sont les élus locaux qui ont demandé l'intervention du gouvernement.
  • La localisation compte : l'intervention a été basée sur des recherches scientifiques solides, de trouver des réponses sur mesure pour s'adapter à la situation locale.
  • Les sciences comptent : le programme était basé sur la recherche pluridisciplinaire coordonnée par l'université locale.
  • Les réseaux comptent : les individus, les amis, les collègues et les voisins échangeant des informations et des expériences se sont révélés inestimables.
Dans les années 70, des slogans tels que « co-production » et « grande société » n'avaient pas été inventés [les slogans de la récente campagne électorale britannique; NdT], mais les réussites du programme de Carélie du Nord sont étroitement liées à ces concepts. Le contexte social et physique de la Carélie du Nord a été transformé grâce à une compréhension approfondie de la situation locale et un large consensus sur les valeurs dans les différents secteurs et la société civile - les personnes étaient placées avant le profit, ce qui finirait par se révéler plus rentable à long terme. Il y avait l'enjeu important autour du commerce et le programme a finalement bénéficié aussi aux détaillants. L'hypothèse sous-jacente de la marque de la « grande société », telle que l'action étatique étouffe en quelque sorte l'action communautaire, est à questionner si la Finlande apporte la preuve du contraire.
La leçon la plus importante est que la promotion de la santé a besoin pour être  efficace d'engagement soutenu envers la recherche scientifique et envers le développement communautaire. Le contexte médiatique et les progrès scientifiques de ces dernières année ont créé un environnement plus complexe qu'il y a 30 ans.

Le gouvernement aura besoin d'un leadership fort pour coordonner les activités et  redonner le pouvoir aux gens dans les quartiers défavorisés de faire de meilleurs choix. Le cas de la Carélie du Nord montre que les gens témoignent d'un grand intérêt pour leur santé et leur bien-être. Armés de conseils qui prennent en compte les spécificités locales et du soutien des autres, les gens peuvent changer leur vie.

samedi 7 août 2010

Comment la Semaine Européenne de la Démocratie Locale rafraichit la démocratie locale

Pour la première fois, la Ville de Paris va oser participer à la Semaine européenne de la démocratie locale organisée une fois par an. Depuis quelques années, les pouvoirs locaux et régionaux qui y participent organisent, dans les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, des manifestations simultanées afin de mieux faire connaître la démocratie locale et de promouvoir l'idée d'une participation démocratique au niveau local. Parmi les objectifs principaux on retrouve :
  • Mieux faire connaître aux citoyens européens les rouages de la démocratie locale – les informer sur le fonctionnement des pouvoirs locaux, leur montrer comment ils peuvent participer aux processus de décision au niveau local et encourager leur participation.
  • Sensibiliser les élus et les agents publics locaux aux besoins et aux préoccupations des citoyens – les aider à rencontrer les citoyens dans un cadre informel.
  • Mettre l’accent sur le fait que la démocratie locale est un des piliers essentiels de la construction d’une Europe unie et démocratique

À l'heure où le gouvernement français appuie une recentralisation forcée, le coordinateur de la semaine Keith Whitmore le rappelle : « Les autorités locales peuvent souvent mener des actions que les autorités centrales ne sont pas à même de réaliser ». Pour lui, l'organisation de la semaine contibue beaucoup à la reconnaissance de la démocratie locale et régionale en Europe :

C’est avant tout, bien sûr, de rapprocher les citoyens et les pouvoirs locaux, mais aussi d’encourager ceux-ci à mieux coopérer au niveau européen, car les problèmes sont souvent les mêmes d’un pays à l’autre. La semaine rappelle aux élus locaux européens que nous faisons tous partie de la même « famille ». Par ailleurs, les autorités locales peuvent souvent mener des actions que les autorités centrales ne sont pas à même de réaliser, y compris pour le dialogue entre les communautés… Par exemple, la semai incite les élus locaux et les citoyens des communes de Bruxelles à mieux se parler, par delà les clivages politiques entre les communautés française et flamande. Souvent, les politiciens locaux peuvent aller là où les politiciens nationaux ne pénètrent pas ! D’ailleurs, bien avant la semaine, le Congrès fut aussi, dans des circonstances plus dramatiques, le premier à œuvrer pour restaurer le dialogue local dans les pays de l’ex-Yougoslavie.

Comment faire le bilan d'un an de blogging

Voilà plus d'un an que je tiens ce blog. Tout d'abord merci pour votre fidélité, car grâce aux statistiques de Google Analytics, j'ai quelques informations sur vos habitudes de navigation sur ce blog. À l'origine, je voulais tenir ce blog pour valoriser des textes ou des rapports que j'ai l'occasion de lire et qui ne bénéficient pas d'une attention assez soutenue à mon goût. Si c'est davantage ce contenu que je voulais mettre en avant, ce n'est pourtant pas forcément ce qui capte la grande majorité des visites...

En effet, en dehors de la page d'accueil, ce sont plutôt des coups de gueule sur l'actualité qui sont lus : 
  1. L'article critique sur Avaaz et sa naïve pétition sur les OGM 
  2. L'article sur l'ancien président du comité consultatif anglais sur les drogues, David Nutt, viré pour avoir critiqué la réglementation actuelle des drogues
  3. La critique de l'Esquisse pour une auto-analyse de Pierre Bourdieu
  4. Ma présentation de mes activités militantes...
  5. Le rôle des enseignants dans  l'animation de débats en classe
  6. Tous les articles relevant du domaine de l'empowerment
  7. L'article sur mon niveau de vie durant un an sous le seuil de pauvreté
  8. La préparation sur les États généraux du Renouveau organisé par Libé et le Nouvel Obs
  9. Un article sur le droit de porter la burqa
  10. Un extrait d'un livre d'Arlette Farge
  11. L'article sur la Main à la pâte et l'innovation à l'école en général
  12. Le programme des journées doctorales sur la participation du public et la démocratie participative en 2009
  13. L'article sur l'impact des stéréotypes dans la persistance des inégalités
  14. La méthode pour animer un brainstorming avec des post-it
  15. Une critique de la très fade Charte parisienne de la participation 
Pourtant, la grande majorité des visiteurs ne reviendra cependant pas sur ce blog après avoir lu ces articles : en effet seul un quart des visiteurs reviendront lire d'autres articles. Certainement la faible fréquence de publication y est pour quelque chose, à moins que les billets traitent majoritairement que de sujets mineurs pour le lecteur-type : parmi le top 5, ce sont des sujets qui ne feront pas l'objet d'un suivi particulier de ma part et qui répondent à un besoin d'information éphémère (en dehors de l'empowerment).
Je le sais car vous venez de trois manières :
  1. grâce à un autre site pour 45% d'entre vous en venant de Wikipedia ou d'autres blogs comme celui de Maitre Eolas ou de Denis Colombi
  2. grâce à des requêtes sur un moteur de recherche pour 35% :  5 thématiques se retrouvent dans les quinzes premières requêtes, vous voulez en savoir plus sur Avaaz, sur moi, sur l'animation de débat, sur les États Généraux du Renouveau ou sur ce qu'est un territoire de coresponsabilité
  3. enfin, pour 20% d'entre vous, vous arrivez directement sur le site sans aucun intermédiaire : vous recevez un lien dans un email ou bien vous m'avez  parmi vos favoris.
Connaître vos habitudes de navigation est important pour moi. À l'heure actuelle, je réfléchis au référencement du site de l'ADELS que j'espère voir bientôt refondu. Une partie des billets de ce blog avec d'autres pourrait servir pour alimenter les actualités de ce site associatif. Cela serait cohérent avec nos deux vocations de sites-ressources. Je me rends compte qu'au regard des sujets qui attirent le chaland, le système de mots-clés reste inefficace pour garder le visiteur sur le site en dehors de l'empowerment.

Enfin, si l'animation de débat intéresse, je vais dans ce cas relater davantage de ressources dans le semaine qui viennent.

jeudi 5 août 2010

Comment évaluer la participation

Depuis longtemps, j'étais à la recherche d'expériences d'évaluation de démarches participatives. J'ai enfin trouvé quelque chose de réussi dans un article de Vincent Luyet, d'Ion Iorgulescu et de Rodolphe Schlaepfer de la revue Géocarrefour intitulé "Introduire et évaluer la participation lors de projets environnementaux : le cas de la troisième correction du Rhône en Suisse". Sous forme de questionnaire d'autoévaluation administré à tous les participants, il aborde à la fois le processus et la position des acteurs présents. Avec des réponses binaires, il reste assez simple d'emploi et d'analyse pour avoir une idée basique d'évaluation. Cela n'empêche pas d'associer à ce questionnaire des débrieffings informels en fin de processus.

Processus de participation

Intégration des intérêts : Est-ce que les acteurs sont représentatifs des intérêts liés au problème ?

Organisation du processus : Est-ce que la localisation des réunions et leurs horaires sont adaptés aux acteurs ? Est-ce que la fréquence et la durée des réunions sont pertinentes ? Les acteurs ont-ils été présents ?

Règles du jeu : Est-ce que les règles du jeu sont définies (objectifs initiaux, rôle de chacun, qui arbitre les conflits...), connues et respectées ?

Transparence : Est-ce que le processus est transparent ? Est-ce que les membres ont fait de la rétention d’information ?

Équité : Tous les acteurs peuvent-ils s’exprimer ? Ont-ils le même temps de parole ? Tous les points ont-ils été pris en compte de la même façon ?

Précocité : Quand la participation est-elle introduite ?

Modération :
Est-ce que la modération est adaptée ?

Base légale : Existe-t-il dans la législation une incitation ou une obligation à faire participer certains acteurs ?

Soutien institutionnel : Existe-t-il des mécanismes (politiques ou financiers par exemple) pour soutenir la participation ?
Acteurs

Compétence des acteurs : Est-ce que les acteurs communiquent de façon pertinente lors des réunions ? Est-ce qu’ils sont compétents dans leur domaine ?

Représentativité de l’acteur : Est-ce que l’association reconnaît et valide le discours de l’acteur la représentant ?

Confiance de l’acteur : Existe-t-il un rapport de confiance entre les acteurs et les responsables du projet ? Est-ce que les échanges se sont faits dans le respect ?

Apprentissage des acteurs : Est-ce que le processus a produit un effet sur l’acteur (ex : compréhension du problème...) ?

Satisfaction des acteurs : Est-ce que les acteurs sont satisfaits de la participation? Ont-ils eu l’impression d’être écoutés ? Sont-ils frustrés ?

Effets de la participation sur le résultat : Est-ce que le résultat final a tenu compte des avis des acteurs?

Impacts de la participation : Quelle a été l’influence de la participation sur le résultat final ?

mercredi 4 août 2010

Comment de nouveaux outils renouvellent la démocratie locale

Dans ce numéro de l'Espace politique, on retrouve certaines contributions du colloque "Gouvernement et gouvernance des espaces urbains". A travers ces contributions, ce numéro cherche à mettre en lumière des expériences participatives citoyennes du quotidien (Paris, Nantes, Montréal) et à poser le décor complexe du jeu d'acteurs à l'échelle de grandes métropoles (Grand Paris, Sydney).

En complément, deux textes se distinguent par leur caractère plus prospectif. Tout d'abord, celui co-écrit par Dubus, Helle et Masson-Vincent soulève l'hypothèse de l'émergence d'une géogouvernance dans laquelle les nouveaux outils numériques (SIG, cartographie dynamique) contribueraient à une meilleure compréhension citoyenne des enjeux des politiques d'aménagement. Enfin, la contribution de Nancy Ettlinger (Ohio State University – Columbus) nous amène à réinterroger la notion de ségrégation, souvent au cœur de la démocratie urbaine, en dépassant le caractère trop spatialisé des phénomènes ségrégatifs afin de privilégier une entrée par les réseaux sociaux, notamment professionnels.

vendredi 23 juillet 2010

Comment les libertés progressent

Le décret n°2010-835 du 21 juillet 2010 relatif à l’incrimination de l’outrage au drapeau tricolore est publié aujourd’hui au JO, et incrimine d’une contravention de 5e classe (1500 € d’amende max, 3000€ en cas de récidive)
le fait, lorsqu’il est commis dans des conditions de nature à troubler l’ordre public et dans l’intention d’outrager le drapeau tricolore :
1° De détruire celui-ci, le détériorer ou l’utiliser de manière dégradante, dans un lieu public ou ouvert au public ;
2° Pour l’auteur de tels faits, même commis dans un lieu privé, de diffuser ou faire diffuser l’enregistrement d’images relatives à leur commission.
Comme Maitre Eolas le souligne, le décret "entre donc en vigueur ce soir à minuit (art. 1er du Code civil) et ne peut s’appliquer à des faits commis avant son entrée en vigueur (art. 112-1 du Code pénal)". Donc publions et republions cet outrage au patriotisme (avant minuit).

mardi 20 juillet 2010

Comment Marmot veut un monde plus juste

Sir Michael Marmot vient d'accepter d'être président de la British Medical Assocation. Dans son premier discours qu'on peut lire ici, il réaffirme son envie d'un monde plus juste : "Alors, rêvez avec moi d'un monde plus juste, mais abordons de manière pragmatique les étapes nécessaires pour y arriver."

Marmot est célèbre pour son travail comme chercheur sur les déterminants sociaux de la santé. Il a notamment collaboré avec l'OMS puis en Grande Bretagne avec un rapport intitulé Fair Society, Healthy Lives: A Strategic Review of Health Inequalities in England Post-2010 dont le gouvernement français gagnerait à s'inspirer.

Quand les inégalités de santé rejoignent l'injustice en général, Marmot cite Neruda et demande à vous insurger avec moi contre l'organisation de la misère !

lundi 19 juillet 2010

Comment démocratiser la décision

Pour débattre et repenser le progrès social, plusieurs dizaines d'associations, dont l'ADELS, ont participé aux États Généraux du Renouveau à Grenoble ALPEXPO du 18 au 20 juin.

Dans la suite de ses 12e rencontres de la démocratie locale, l'ADELS a organise une nouvelle rencontre à Grenoble le 18 juin à 18h30 : ce fût l'occasion de revenir sur toutes les propositions émises lors des 12e rencontres pour renouveler les pratiques démocratiques. L'atelier était intitulé "Démocratiser la décision" et était co-animé par Serge Depaquit, Pascal Aubert et moi-même.

En attendant la prochaine édition qui aura lieu en janvier 2011, vous retrouverez nos conclusions dans cette une carte heuristique dans laquelle vous pouvez circuler en déplaçant les mots clés.

jeudi 15 juillet 2010

Comment compter les pauvres dans le monde

L'Inde compte plus de pauvres dans seulement 8 de ses 28 États qu'il n'y en a dans les 26 pays les plus démunis d'Afrique, selon un nouvel indice créé par l'université Oxford pour les Nations unies, indice qui vient raffiner le portrait que l'on fait de la pauvreté dans le monde.

Plus de la moitié des 1,2 milliard d'Indiens vivent toujours dans la pauvreté en dépit de la spectaculaire croissance économique qu'a connue le pays depuis des années, ont rapporté hier les chercheurs de l'Oxford Poverty & Human Development Initiative en dévoilant leur nouvel Indice de pauvreté multidimensionnelle. De ce nombre, on en trouverait plus de 421 millions rien que dans huit États de la fédération indienne, alors que les 26 pays les plus pauvres d'Afrique en comptent 410 millions. Ces chiffres globaux cachent toutefois des écarts marqués en termes de nature et de gravité entre régions urbaines, comme celle de Delhi qui n'a que 15 % de pauvres, et régions rurales, comme l'État du Bihar où cette proportion atteint 81 %.

«Le sort des personnes pauvres n'est pas seulement déterminé par leur niveau de revenu», ont souligné les auteurs de l'étude qui se sont penchés sur le cas de 104 pays en voie de développement représentant 78 % de la population mondiale. «Notre indice va plus loin que les approches habituelles en reflétant aussi le degré de privation des personnes pauvres en matière d'éducation, de santé et de niveau de vie.»

Le nouvel indice a été mis au point en collaboration avec plusieurs experts, dont ceux du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il se base, en fait, sur dix indicateurs allant du taux de scolarité à la mortalité infantile, en passant par le degré de malnutrition, l'accès à l'électricité et la possession de quelques biens de consommation.

Selon ce nouvel outil, les 104 pays étudiés compteraient 1,7 milliard de pauvres, dont plus de la moitié (51 %) se trouveraient en Asie du Sud et un peu plus du quart (28 %) en Afrique.

Ce chiffre de 1,7 milliard est supérieur au total de 1,3 milliard auquel on arrive avec l'habituelle mesure de la Banque mondiale, qui établit le seuil de pauvreté extrême à un revenu de 1,25 $US par jour. Certains pays voient ainsi leur taux de pauvreté grimper brutalement, comme l'Éthiopie, qui passe de 39 à 90 %, et le Pakistan, qui passe de 23 à 51 %. D'autres, au contraire, apparaissent sous un meilleur jour, comme la Tanzanie (de 89 à 65 %) et le Vietnam (de 22 à 14 %).

L'un des avantages du nouvel indice est qu'il permet de mieux évaluer non seulement le niveau, mais aussi la gravité de la pauvreté, disent ses concepteurs. C'est une chose de ne pas manger à sa faim tous les jours, de ne pas pouvoir envoyer ses enfants à l'école ou de même pas avoir de plancher dans sa maison, mais c'en est une autre d'avoir tous ces problèmes en même temps.

Un autre avantage est de pouvoir aller au-delà des moyennes nationales et de discerner les différences importantes qui séparent souvent les régions et les groupes ethniques. «C'est une image en haute définition qui révèle toute la gamme des problèmes auxquels sont confrontées les familles les plus pauvres», déclarait hier l'une des conceptrices de l'indice, la professeure Sabina Alkire.

L'Inde et la Chine


Dans le cas de l'Inde, on constate, par exemple, qu'en dépit d'une croissance économique fulgurante et d'une baisse du taux de faible revenu, la proportion des enfants de moins de trois ans qui sont sous-alimentés n'a pratiquement pas bougé de 1998 (47 %) à 2006 (46 %). Ainsi, le taux de pauvreté en Inde ne serait pas de 29 %, comme le disent les statistiques gouvernementales, ni de 42 %, comme le dit la Banque mondiale, mais de 55 %. La situation serait particulièrement grave en zone rurale, où les principaux problèmes sont la malnutrition, la faible présence des enfants à l'école primaire et la mortalité infantile.

L'autre grande économie émergente, la Chine, ferait meilleure figure de ce point de vue. Si on en croit les statistiques de 2003, son score à l'échelle du nouvel indice de pauvreté (12 %) se révèle même supérieur à la proportion de sa population vivant avec moins de 1,25 $ par jour (16 %). Là encore, le problème serait plus aigu en zone rurale, mais tiendrait cette fois essentiellement à la faible proportion des ménages comprenant au moins un membre ayant cinq années d'école.

Le nouvel indice arrive à point nommé, disent ses concepteurs, alors que la communauté internationale doute de plus en plus de sa capacité d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement qu'elle s'était fixés pour 2015. Il permet, par exemple, de voir que les pauvres de Syrie, d'Irak et d'Azerbaïdjan ont actuellement moins besoin qu'on relève leur pouvoir d'achat que d'un meilleur accès aux services minimums de santé et d'éducation. Il permet aussi de voir comment le Bangladesh a pu réduire son taux de pauvreté de 69 à 59 % en l'espace de seulement trois ans grâce à une vaste campagne encourageant l'envoi des enfants à l'école.

Miroir, miroir

Les chercheurs d'Oxford ne sont pas les seuls à essayer d'améliorer les outils de mesures à notre disposition depuis des années. De nombreux autres experts travaillent depuis des années sur de nouvelles façons d'évaluer le progrès économique et social des nations. Le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, en appelait encore l'automne dernier à l'invention d'un nouvel indice du bien-être.

Les concepteurs du nouvel indice de pauvreté ont dit hier souhaiter y ajouter des indicateurs sur l'emploi, la sécurité des personnes et leur capacité d'influencer leur propre destinée dès qu'on aura les données nécessaires. Ils ont promis, en attendant, de dévoiler un deuxième rapport qui porterait, cette fois, sur les pays développés.

Le PNUD a d'ores et déjà annoncé qu'il intégrera leur nouvel outil de mesure à la vingtième édition de son fameux Rapport sur le développement humain attendu cet automne. Le Mexique a dit qu'il l'adoptera aussi à des fins nationales, alors que le Chili et la Colombie l'envisagent.

Source : Le Devoir