Hier, Jay Rosen était à l’Ecole de Journalisme de SciencesPo à Paris où il a donné la leçon inaugurale montrant que démocratisation de la prise de parole et transfert de pouvoir des médias vers l’audience, loin de signifier « tous journalistes », favorisaient des formes plus riches d’exercice du métier. Eric Scherer nous en livre la substance en dix règles (ah... cette passion pour les chiffres ronds dans les présentations américaines...) :
1 – Transformez vos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs en usagers.
Faites en sorte que le public utilise votre travail, les informations, analyses, images, sons etc. que vous produisez. Et surtout évitez de travailler pour vous adresser aux autres journalistes !2 – N’oubliez jamais que le public en sait plus que vous.
Non seulement, dans son ensemble, il en sait bien plus que vous, mais il peut aussi s’adresser à vous et vous aider. Le New York Times l’a bien compris qui puise désormais dans les compétences de ses millions de lecteurs internautes. Un rubricard doit suivre 1.000 comptes Twitter sur son secteur pour s’aider dans sa couverture !3 – Habituez-vous à la mutualisation du journalisme.
Traitez votre audience et le public en égaux. Entretenez une relation d’égalité et non de surplomb. Il y a davantage de photos publiées chaque jour sur Facebook que dans tous les journaux réunis.4 – Facilitez la tâche à vos usagers dans la réutilisation de votre production.
Ouvrez vos outils. Aider les à participer. Nourrissez leur appétit d’informations.5 – Rappelez-vous que si chacun est en mesure désormais de prendre la parole, tout le monde ne le fera pas.
Ils seront même très rares ! Le ratio est bien connu dans le monde du web où 90% des internautes sont passifs, 10% participent et 1% produisent eux-mêmes. Les gens ne veulent pas votre boulot ! Ils ne veulent pas devenir journaliste professionnel !6- Sachez que le journaliste ne vit pas dans un monde à part. C’est juste un citoyen un peu mieux informé que les autres.
Ses compétences sont loin d’être sophistiquées et n’ont rien à voir avec celles d’un neurochirurgien ou d’un pilote de 747 !7 – Gardez en tête que l’autorité du journaliste vient d’abord du service qu’il rend.
Celui de raconter le monde de manière originale : « je suis ici, vous n’y êtes pas, laissez-moi vous raconter et vous expliquer ce qui se passe ». Vous savez quelque chose que le public ne sait pas, vous avez un accès qu’il n’a pas, etc…8 – Maintenez un savant équilibre entre ce que le public veut et ce qu’il ne sait pas qu’il veut.
Répondez à ce qui l’intéresse, mais trouvez aussi les informations qu’il ne sait pas encore qu’elles vont l’intéresser.9 – Ne sur-jouez pas l’objectivité, mais dévoilez vos motivations et votre point de vue.
Evitez la posture du journaliste objectif pour chercher le respect. Elle ne convainc plus personne aujourd’hui ! Faites preuve de transparence dans votre travail et les gens vous feront confiance.10 – Aidez les communautés d’intérêt à partager et à s’exprimer.
Les gens qui partagent une passion ou des centre d’intérêt ne sont plus isolés : ils peuvent désormais se parler, partager des informations et les publier. Vous pouvez les aider à créer des services d’informations. Et apprendre ainsi à créer de nouveaux revenus.
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