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mardi 1 décembre 2009

Comment faire la promotion de la démocratie directe suisse

Un vrai coup de pub pour la votation populaire ! Généralement, les Français n'entendent parler d'aucun sujet de votation populaire. Depuis hier soir, coup de tonnerre !

Après trois mois de campagne acharnée de l'extrême droite sur la question des minarets, les Suisses ont donc voté à 57,5% pour leur interdiction sur le territoire suisse alors même qu'il n'y a que 4 minarets. Tout cela est bien résumé par le ministre italien Roberto Calderoli : « Oui aux clochers, non aux minarets ».

Du coup, certains s'empressent en France de critiquer la démocratie directe et quelques masques tombent avec notamment Najat Vallaud-Belkacem :
"Il ne faut pas confondre la démocratie participative telle que Ségolène Royal la conçoit, et cette forme très particulière de démocratie directe telle qu'elle se pratique en Suisse par le biais de la votation. Nous voulons que les citoyens débattent, qu'ils fassent valoir leur expertise, qu'ils prennent la parole librement et qu'ils contribuent activement au renouveau de l'action politique : jamais Ségolène Royal n'a proposé que les citoyens décident à la place de leurs représentants élus au suffrage universel."
Quand je pense que le PS a accueilli (il y a longtemps certes) un mouvement autour de la VIe république avec la question du référendum d'initiative populaire... Heureusement chez les défenseurs du référendum, les réactions sont plus mesurées comme celle du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe Thorbjørn Jagland. Il ne remet pas en cause la référendum, puisque "le droit de débattre et de voter sur des questions importantes pour la société est un droit fondamental des Etats démocratiques".

Cela n'empêche pas Jagland de poser le problème autrement, car cette histoire “soulève néanmoins la question de savoir si les droits fondamentaux individuels, protégés par des traités internationaux, devraient être soumis à des référendums populaires".

La liberté religieuse est même une disposition de la Déclaration universelle des droits de l'homme. La question est donc bien de savoir si finalement ce droit est reconnu comme universel... Et si même le peuple suisse a décidé du contraire, on peut supposer quelques répercussions. Il ne s'agit pas de déclarer que le peuple suisse a mal voté, mais de s'alarmer de ce qui n'est qu'un symptôme d'un malaise bien plus profond... En Europe, la tolérance n'est qu'un mot et cela se démontre autant par la démocratie directe que par la représentation nationale.

4 commentaires:

  1. Mais si c'est aussi simple que ça: le peuple suisse a mal voté. On peut lui chercher des excuses, mais ça ne change rien au fond.
    La morale est au dessus de la démocratie dans l'échelle des valeurs, et il est bien clair qu'on a inventé la démocratie représentative dès que l'Agora athénienne s'est revélée trop petite pour contenir les débats citoyens, et les comités d'éthique pour éclairer les représentants, le tout pour éviter ce genre de dérives.
    Bref, la démocratie directe pour décider certains points pratiques ça va, mais pour les grandes questions qui engagent, le référendum est inapproprié comme outil.

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  2. En fait c'est un peu plus compliqué que ça, parce que la Suisse a développé un garde-fou. Comme l'explique le conseiller national socialiste Andreas Gross dans le journal Le Temps du 2 décembre, ce garde-fou n'a pas fonctionné, alors que normalement sont invalidées les initiatives contraires au droit international :

    – Ce n’est pas la démocratie directe qui est la cause du problème, mais la manière dont elle fonctionne en Suisse. C’est un miroir. Il ne suffit pas de casser le miroir pour améliorer le modèle. [...] En Suisse, trop de gens pensent encore que la démocratie directe est un privilège des Suisses, pas un droit de l’homme et qu’en cas de contradiction entre les droits de l’homme et la démocratie directe, c’est la seconde qui doit l’emporter. L’une ne va pas sans les autres. Partout, il faut faire en sorte que les êtres humains deviennent de bons démocrates, et ils ne le peuvent que s’ils respectent les libertés fondamentales.

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  3. En fait je suis curieux de savoir quels seraient les points qui, selon toi, seraient susceptibles d'être l'objet d'un référendum et ceux qui ne le sont pas.

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  4. Pour peu qu'une question soit soumise à votation et reconnue comme "constitutionnelle", on peut se demander la pertinance de ce type de referendum pour des questions complexes attendant plus qu'un simple oui ou non pour réponse...

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