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vendredi 9 octobre 2009

Comment Internet peut renforcer l'autonomie des jeunes

Hier je participais au colloque national du CIDJ à la table-ronde sur le rôle d'Internet dans l'autonomie des jeunes. J'ai pu évoquer les principales opportunités dont j'ai pu bénéficier : l'accès à des informations difficilement trouvables par ailleurs et la possibilité de rencontres au delà du milieu social et géographique (j'ai notamment cité ma participation à la conférence européenne sur la santé des jeunes comme bloggeur).

Comme la table-ronde a été plutôt unanime, des objections ont fusé dans la salle, notamment sur le risque : on peut trouver n'importe quoi comme info (rumeurs, incitations à la haine, au suicide,...). Le délégué aux usages de l'internet avait en plus fait sa pub pour les actions que la délégation a financées. Drôle manière de concevoir l'autonomie, c'était essentiellement axé sur la prévention : les drogues, les prédateurs sexuels,... Les campagnes sur les prédateurs sexuels m'ont toujours un peu irrité : pourquoi dépenser tant de fric pour des faits statistiquement dérisoires quand une grosse majorité des cas relève de l'inceste ? Le tabou a de beaux jours devant lui...

J'ai voulu compléter sa longue liste de projets par l'expérience de la consultation menée par Richard Descoings. C'est peut-être le seul site qui donnait une possibilité institutionnelle de demander l'avis aux jeunes, en l'occurrence pour améliorer leur lycée. Ce n'est pas forcément l'idéal de la délibération : peu de jeunes ont participé au site (on peut même parler d'échec), je soupçonne que ce sont des jeunes plutôt politisés qui ont participé, pas forcément des jeunes de la FIDL, mais en tout cas des jeunes qui voulaient jouer le jeu. Et finalement le site donne ni la possibilité d'hiérarchiser les propositions, ni de les amender, ni de permettre de suivre leur prise en compte.

Je n'ai pas été très fin en essayant de parler de cette expérience un peu ratée, parce que si on veut être sincère sur la réalité française, c'est que le potentiel des nouveaux médias est complètement sous-utilisé pour donner la parole aux jeunes. Le Conseil Parisien de la Jeunesse se plaint depuis des années de ne pas avoir de forum pour faire participer d'autres jeunes aux propositions, mais cela traine en longueur. On pourrait faire la même remarque sur pour le Conseil National de la Jeunesse. En fait, les pouvoirs publics se désintéressent complètement de l'apport d'Internet pour favoriser la mobilisation citoyenne. Or ma remarque sur la consultation de Descoings a peut-être pu faire croire que je disais que notre gouvernement faisait des choses en ce sens alors que je voulais être moqueur... Mais des choses se font ailleurs en Europe, un rapport intéressant vient d'ailleurs d'être publié sur le sujet par le Conseil de l'Europe.

En fait, j'ai été un peu déçu de la qualité des échanges par rapport aux Rencontres sur les pratiques numériques des jeunes. Il manquait peut-être la présentation de la sociologue britannique Sonia Livingstone sur l'enquête EUKidsonline avec son excellent tableau sur les risques et les opportunités :


J'ai eu l'impression d'un consensus sur le fait qu'on trouvait tout et n'importe quoi sur Internet. C'est étrange de s'étonner que les propos du café du commerce peuvent aussi avoir lieu sur Internet. Ce qui est justement formidable, c'est la relative publicité : le public, ce n'est plus le cercle amical et familial, ce n'est plus seulement le cercle immédiat. N'importe qui peut tenir un blog et raconter ce qu'il veut, ce qui est une réelle avancée sur la liberté d'expression, notamment dans la capacité à diffuser de l'information : c'est parfois une alternative aux médias et aux maisons d'éditions. Internet rend peut-être les gens plus autonomes, mais il ne les rend pas plus intelligents pour autant : le café du commerce continue d'exister... Car ce n'est qu'un outil : cela permet de gagner du temps, mais encore faut-il savoir trier l'information, comparer les sources, faire preuve d'esprit critique. Mais est-ce une nouveauté par rapport au journal de TF1 ?

Quelle éducation pour les nouveaux médias ?

Ce qui est certain, c'est que l'école doit cesser l'ignorance de la télé et d'Internet. Mais c'est un voeu pieux, puisqu'on sait très bien que l'Éducation Nationale a beaucoup de mal à intégrer les nouvelles éducations (à l'environnement, à la citoyenneté, à la santé). L'éducation à l'image se fait très marginalement alors que les besoins sont énormes. Une personne de la salle a cité l'expérience où dans un collège ce travail était pris en charge par les documentalistes dans leur CDI. Mais comment cela pourrait suffisant ? Cela a besoin d'être systématisé dans le cadre du projet d'établissement avec un véritable projet pédagogique pour avoir de l'impact au lieu d'actions ponctuelles. L'équipe pédagogique doit participer pour que chaque classe soit prise en compte parce qu'on sait très bien que ceux qui visitent le CDI ne sont pas les élèves les plus en difficulté... Mais où sont les sous pour ça ?

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