Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

dimanche 11 octobre 2009

Comment une collectivité locale peut favoriser l'autonomie et l'engagement des jeunes

Avant-hier je participais au colloque national du CIDJ à la table-ronde sur le rôle d'Internet dans l'autonomie des jeunes. J'avais peut-être plus de choses à dire encore sur la 4e table-ronde, les moyens de favoriser l'engagement des jeunes. Le principal problème des dispositifs français, c'est qu'ils s'adressent aux initiatives individuelles sans pour autant proposer des actions systématiques. On pourrait aussi déplorer l'absence de plan transversal (école, loisirs,...).

Davantage de perspectives sociales par le capital social

Il faudrait sortir de l'enfermement des classes et des niveaux : pour le choix des loisirs et si on veut développer la construction autour de projets (pédagogie par projets), il faut développer des activités à l'extérieur des classes. En quelque sorte, il s'agirait de rajouter du non-formel dans l'éducation formelle.
Si on veut développer l'autonomie par rapport au milieu social, il faut pouvoir proposer des « alternatives ». Or, l'école, c'est pas tout à fait le lieu du brassage social (la carte scolaire actuelle ne la favorise pas).

Il faut développer ce que Burt en sociologie a appelé les trous structuraux, c'est-à-dire l'ouverture sur d'autres réseaux sociaux que ceux qu'on connait déjà. Cela permet d'accroitre les possibilités ? Pour cela, que peut faire une collectivité locale ? Il faut qu'elle s'intéresse aux activités hors de l'école : l'offre de loisirs est un exemple avec les activités informelles entre amis comme les activités non-formelles en club,... Un vrai travail de terrain est ici nécessaire pour faire un diagnostic partagé.

Une meilleure maitrise du code

Sur les activités non-formelles, je connais particulièrement bien l'exemple des conseils de la jeunesse. Que la Mairie souhaite consulter les jeunes, pourquoi pas. Mais le faible ratio de jeunes concernés pose des questions sur l'impact de l'exercice sur l'éducation active à la citoyenneté. La Mairie, c'est très loin comme lieu de vie d'un jeune. Ce n'est pas normal, mais c'est ainsi. Par contre, on peut remarquer que dans un lieu de vie, comme l'établissement scolaire, la consultation des jeunes, la prise en compte de leur parole ne bénéficie pas de la même bienveillance : c'est rarement institutionnalisé même. Le mouvement Freinet n'est pas en très bonne forme. Le nombre de lycées auto-gérés n'a pas varié depuis 1981. Alors qu'on a en France une éducation civique très théorique, qui fait l'expérience de la démocratie à l'école ? Le meilleur moyen d'apprendre, c'est pourtant de pratiquer le débat, le dissensus, le consensus, etc.

N'est-ce qu'un truc d'affreux gauchistes ? Il suffit de se renseigner sur ce qui peut se faire en Europe pour savoir que non. Le manuel du Conseil de l'Europe sur la gouvernance démocratique de l'école donne une multitude d'expériences impliquant à des degrés divers les élèves. Les compétences développées par l'éducation à la citoyenneté démocratique sont connues. Et ces compétences rappellent un peu la question des codes du sociologue britannique Basil Bernstein.

Les freins

Moderniser toute cette éducation demanderait de changer bien des habitudes. On assiste à une montée en puissance de la présidentialisation au lieu de la collégialité dans bien des domaines. Le dernier exemple dans les lycées, c'est la restriction par décret cette année du droit de réunion des élèves dans l'établissement : l'autorisation par le chef d'établissement est désormais obligatoire. Et puis qui financerait l'empowerment des jeunes ? Quel intérêt politique ? Si tout le monde était plus autonome, aurions-nous les mêmes inégalités en terme de pouvoir ? En terme de génération ? En terme de classes sociales ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire