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mercredi 27 octobre 2010

Comment faire boire un cheval qui n'a pas soif

Le conseil de la jeunesse du 18e organise une projection-débat. "On ne peut pas faire boire un cheval qui n'a pas soif" de Jonathan Duong et Maud Girault, est un film documentaire sur l'école Vitruve, dans le XXème à Paris, une école différente où la parole des élèves est très écoutée. Depuis 20 ans, la convention internationale des droits de l'enfant reconnaît le droit aux mineurs de participer aux décisions qui les concerne. Comment rendre ce droit possible à l'école?
Le film nous donnera les pistes pour en débattre.

mardi 9 novembre 2010 à 19h30

Projection-débat : Ecole, les élèves ont-ils la parole ?
  • 19h30 Projection "On ne peut pas faire boire un cheval qui n'a pas soif" (documentaire, 85 mn)
  • 21h Débat avec le réalisateur Jonathan Duong
Entrée libre
Centre musical Fleury Goutte d'Or - Barbara
1 rue Fleury
Métro Barbès-Rochechouart ou Gare-du-Nord
75018 Paris

carte

Comment Internet requestionne le pouvoir


Xavier de la Porte cite dans un article récent une ethnographe américaine que je ne connaissais pas. Elle travaille sur les réseaux sociaux et dit des choses très intéressantes à propos d'Internet. Xavier de la Porte résume les 4 défis dont l'ethnographe parlerait à propos des TIC :
  • La démocratisation : danah boyd tient à dénoncer ce qu’elle considère comme une erreur : le passage d’un modèle fondé sur la distribution à un modèle de l’attention n’est pas, en soi, porteur de démocratie. “Ce n’est pas simplement parce que nous passons à un état où tout le monde peut obtenir l’information que l’attention sera équitablement répartie.” Mais elle tient à dénoncer ce qu’elle considère comme une seconde erreur : ce ne sera pas non plus la méritocratie : “Certains, écrit-elle, penseront immédiatement : “Ah, mais c’est alors une méritocratie. Les gens donneront leur attention à ce qu’il y a de mieux !” C’est là encore une erreur logique. Ce à quoi les gens accordent leur attention dépend d’une série de facteurs qui n’ont rien à voir avec la qualité. Au un niveau très basique, considérons le rôle de la langue. Les gens accordent leur attention à un contenu qui est émis dans leur langue, même s’ils peuvent avoir accès à des contenus dans une multitude de langues. Ce qui signifie que, grâce à la loi du nombre, des contenus en Chinois attireront bientôt un plus grand nombre de visiteurs que des contenus en Anglais, et à plus forte raison en Allemand ou en Hébreu.” Voici pour la question de la démocratisation.
  • La stimulation : danah boyd explique que les gens consomment d’abord les contenus qui stimulent, c’est-à-dire qui provoquent une réponse émotionnelle. Ce n’est pas toujours le contenu le “meilleur” ou le plus instructif, mais c’est le contenu qui provoque une réaction. Or, ajoute-t-elle “en soi, ce n’est pas forcément une bonne chose”. danah boyd fait ensuite une analogie qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui n’est pas inintéressante : “Considérons la réaction équivalente dans le champ de la nutrition. Nos corps sont programmés pour consommer de la graisse et des sucres parce qu’ils sont rares dans la nature. Quand nous en avons devant nous, nous avons une propension instinctive à nous en saisir. De la même manière, nous sommes biologiquement programmés à être attentifs à des choses qui stimulent : des contenus qui sont outrés, violents ou sexuels, et des potins qui humiliants, gênants, ou agressifs. Si nous n’y prenons pas garde, nous allons développer un équivalent psychologique de l’obésité. Nous allons nous retrouver à consommer les contenus qui sont le moins bénéfiques pour nous pour la société, simplement parce qu’il est désormais facile d’y avoir accès.” Certes, dit danah boyd, la stimulation créée des connexions cognitives, mais il peut aussi y avoir surplus de stimulation. C’est un effet possible des évolutions qui ont lieu, et il faut compter, selon elle, sur ceux qui vont tenter d’exploiter cette dynamique dans leur propre intérêt, via le ragot dont danah boyd explique en détail comment il constitue un contenu particulièrement stimulant. “Nous devons commencer à nous demander ce que serait l’équilibre, et comment nous pourrions favoriser un environnement qui valorise la consommation de contenus qui bénéficient tout ensemble à l’individu et à la société. Ou, a tout le moins, comment nous pouvons apprendre à ne pas nourrir les trolls.”
  • L’homophilie : “Dans un monde de média connecté, explique danah boyd, il est facile d’éviter les points de vue de ceux qui pensent différemment de nous. L’information peut prendre des chemins qui renforcent les divisions de la société et c’est ce qu’elle fait d’ailleurs.” Si au cœur de la philosophie démocratique, il y a le partage de l’information, ajoute danah boyd, sa trop grande segmentation risque de nous priver du socle rhétorique commun nécessaire à son bon fonctionnement. Là, danah boyd détaille : “à l’occasion de mes travaux sur les réseaux sociaux, j’ai été étonnée par ces gens qui croient que tout site internet est fabriqué pour des gens comme eux. J’ai interviewé des gays qui pensaient que Friendster était un site de rencontre pour homosexuels parce qu’ils n’y voyaient que des gays. J’ai interviewé des adolescents qui pensaient que tout le monde sur MySpace était chrétien parce que tous les profils qu’ils voyaient contenaient des citations de la Bible. Nous vivons tous dans notre propre monde, avec des gens qui partagent nos valeurs ; avec les médias connectés, il peut être difficile de voir au-delà de ce que nous sommes en train de regarder.” danah boyd explique qu’il existe néanmoins aujourd’hui un moyen de décentrer, c’est de suivre les trendings topics de Twitter (il s’agit de suivre une conversation autour d’un sujet). Là, explique-t-elle, on peut se trouver confronté à des manières de penser tout autre (elle cite l’exemple d’une conversation sur la diversité culturelle et linguistique commencée en Afrique du Sud autour du hashtag #thingsdarkiessay). Mais conclut-elle tristement sur ce point : “A l’âge des médias connectés, nous devons reconnaître que les réseaux sont homophiles et agir en conséquence. La technologie n’a pas dans son essence de mettre fin aux divisions de la société. Et même, plus souvent qu’à son tour, elle les renforce.”
  • Le pouvoir : “Le pouvoir, c’est être capable de commander l’attention, d’influencer l’attention des autres, d’une certaine manière la circulation de l’information. Nous donnons le pouvoir aux gens quand nous leur donnons notre attention.” Or, dans une société en réseau, il y a aussi du pouvoir dans le fait d’être celui qui répand le contenu. “Quand, avec Scott Golder, j’ai examiné les retweets sur Twitter, nous sommes tombés sur une question fascinante. Pour faire court, faut-il créditer l’auteur du contenu ou celui par lequel vous est venue l’information ? Instinctivement, on aurait tendance à penser que l’auteur est celui vers qui va notre reconnaissance. Mais, peu d’idées sont vraiment le produit d’un seul individu. Pourquoi donc ne pas reconnaître le messager qui aide le contenu à s’écouler ? Elle en conclut que nous débarrasser des limites imposées par des canaux de distribution centralisés n’a donc pas correspondu à un transfert du pouvoir vers les créateurs de contenu. On a assisté au contraire, explique-t-elle, à l’émergence d’un nouveau genre de marchand de l’information, des gens qui tirent leur pouvoir d’une position structurelle.
L'article en entier se lit ici.

mardi 26 octobre 2010

Comment la démocratie est apparue sur Internet

L’espace public traditionnel s'est transformé avec l'arrivée d'Internet et c'est précisément ce qu'étudie Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs dans son dernier ouvrage au Seuil : la démocratie Internet. "Cet ouvrage voudrait montrer comment (ces attentes) dessinent une forme démocratique propre dont on peut trouver les principes dans l'histoire, les valeurs et les usages d'Internet."(p.10) En permettant à chaque lecteur d'être aussi contributeur à égalité avec les autres, la liberté d'expression prend son envol. Les portes-paroles traditionnels ont plus de difficultés à trier et organiser les informations disponibles pour le public.

L'auteur arrive à retracer ce que fait le web à la démocratie en se concentrant avec nuance sur les vertus de la libération de cette parole dans l'espace public : "Internet permet donc d'enrichir la discussion politique des citoyens. Mais il creuse aussi la fracture entre ceux qui lisent, s'affichent et discutent de politique, et ceux qui, moins politisés, informés par les seuls médias télévisés, n'entrent pas dans la conversation numérique." (p.69)

Les autres facettes de l'e-démocratie sont très rapidement esquissées dans cette synthèse efficace pour le lecteur quel que soit son usage des nouvelles technologies. On aurait aimé voir plus long comme les autres ouvrages de la même collection.

Quelques extraits :

p.86 Par le haut et par le bas, c'est la libération des informations qui, non sans risque, permet aux internautes de s'auto-organiser pour produire des formes collectives et critiques d'un nouveau genre.

p. 100 La méfiance à l'égard d'une parole sans contrôle ni censure cache une méfiance encore plus grande à l'endroit d'une société auto-organisée.

p.85 En rendant plus transparent le travail des administrations et des entreprises, l'accès aux données publiques ne préjuge pas des usages que les internautes, les collectifs associatifs, mais aussi les entreprises et les lobbies, pourront en faire. Soutenu par un argument libéral et une visée libertaire, le mouvement des "données ouvertes" se méfie de la capacité des représentants de conduire le débat avec les citoyens et incite ces derniers à profiter de l'ouverture des données pour les visualiser à leur guise, les agréger en fonction de leur questionnement, les croiser selon leurs interrogations propres.

p.84 Dès lors, celles-ci ne doivent pas chercher à initier ni conduire le débat, mais seulement à rendre plus faciles les conditions dans lesquelles les internautes peuvent créer leur propre débat.

p.80 Derrière l'horizon démocratique du "tout-participatif" se reproduisent des partages qui ont pour origine l'inégale distribution des capitaux socioculturels.

P.19 La participation se répartit systématiquement selon une "loi de puissance" (parfois appelée loi des 1/10/100) qui voit une fraction minime de contributeurs être très active, une petite minorité participer régulièrement et la masse bénéficier des ressources de la communauté sans y apporter de contribution décisive.

lundi 25 octobre 2010

Comment remettre des trophées de l'e-démocratie

Depuis dix ans, Internet et les réseaux sociaux ont développé de nouveaux comportements tournés vers le partage et la collaboration. Ces comportements qui poussent à l'auto-organisation sont fondés sur une culture prononcée pour la transparence et l'accès libre aux données. En chaque internaute se cache un lecteur mais surtout un contributeur potentiel : la participation devient directe entre les lecteurs participants sous la forme d’avis ou de commentaires.

La relation avec les institutions politiques s'en trouve modifiée puisque de nouvelles formes d'interaction dans la gouvernance sont possibles en dehors des périodes électorales. Les sociétés contemporaines sont désormais confrontées à des attentes renouvelées : on parle ainsi de gouvernement ouvert (Open government), de données ouvertes (Open data).

Mais jusqu'où les expériences d'e-démocratie sont-elles allées ? Quelles potentialités recèlent-elles pour les citoyens ? Quels seront les impacts de l'e-démocratie pour la société ? Mais avant tout, qu'est-ce qu'on entend généralement par e-démocratie ? 

L'e-démocratie kezako ?

On peut distinguer quatre grandes tendances que l'on retrouve dans le dossier de Territoires consacré à ce thème publié en février 2010 (n°505). On a d'abord le vote électronique qui connaît ses détracteurs en France. Il est utilisé principalement durant les élections traditionnelles et ne contribue pas à rapprocher les citoyens de la vie politique ou de leurs représentants.

La deuxième possibilité, qui est celle du gouvernement ouvert, repose sur l'idée que la gouvernance doit changer en même temps que les innovations technologiques. Cette évolution de la pensée démocratique implique que les processus de prise de décision, de gouvernement et d’administration doivent être aussi transparents que possible pour permettre une implication forte des citoyens en dehors de la période électorale.

À condition d'être intelligibles, les informations désormais disponibles via internet permettent d'inclure plus de gens dans la boucle en réduisant la distance entre les représentants et les représentés. On peut donc avoir accès au déroulement des travaux des assemblées élues et cette nouvelle transparence est un moteur de la confiance comme a pu l'être l'accès aux documents administratifs par le passé.
Un troisième aspect dérive du gouvernement ouvert sur l'extérieur. Il s'agit de l'ouverture des données publiques. On entend par là toutes les données publiques non nominatives ayant une dimension territoriale, produites soit par l'État, soit par une collectivité territoriale ou même une entreprise sous contrat public.

Ces données permettent, en étant réutilisées par les citoyens eux-même, de produire des services innovants. Comme cette dimension est complexe, Territoires reviendra d'ailleurs dans un prochain numéro sur les usages innovants qui peuvent être faits en France comme à l'étranger dans le domaine.

Enfin, la dernière possibilité à laquelle on pense quand on évoque l'e-démocratie est la participation en ligne. Qu'est-ce qui est vraiment participatif ? Qu'un processus soit accessible sur internet ou non, la question se pose. Pour séparer le bon grain de l'ivraie, il faut distinguer les sites de débat et les sites collaboratifs. Qui décide du résultat final ? Seuls les sites collaboratifs (comme Wikipedia) permettent que la synthèse soit validée par leurs participants.

La plupart des sites dits « participatifs »  relèvent plus du débat public : les internautes réagissent mais leurs propos seront filtrés par les élus qui en feront leur propre analyse. Il n'y a pas plus de place pour peser sur la décision finale que pour une banale pétition, alors que la démocratie participative implique une redistribution des pouvoirs (et de la prise de décision).

L'e-démocratie sur le chemin de la participation ?

Comme chaque année, la ville d'Issy-les-Moulineaux vient d'organiser du 13 au 15 octobre 2010 les Trophées de l'e-démocratie qui récompensent un organisme qui, dans le cadre d'un projet de démocratie sur internet,  « a su manier originalité et pertinence tout en remplissant l’objectif de rendre service aux citoyens ».

Cette année encore, beaucoup d'expériences scrutées et notées par la trentaine d'experts du jury relevaient davantage de l'e-administration que de la participation citoyenne. Ils ne résisteraient pas aux exigences portées par le manifeste que l'Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (ADELS) a adopté cette année autour de trois valeurs essentielles que sont l'égalité politique, la justice sociale et l'auto-organisation. Mais qu'en est-il des lauréats du concours français pour l'édition 2010 ?

Trois grands prix ont été décernés dans les catégories International, Europe et France : pour la France, c'est le nouveau site internet du Médiateur de la République  qui a remporté le trophée, tandis que le lauréat européen a été remis à la métropole de Rennes. Enfin, dans la catégorie Internationale, il s'agit d'une sénatrice australienne.

Quand il s'agit d'égalité politique, on soupçonne internet des pires maux. S'il est vrai que les internautes sont plus diplômés que les citoyens ordinaires, on pourrait reprocher à l'outil d'exclure de fait une partie de la population. L'expérience du Médiateur de la République apporte une nuance avec son expérience de-administration intelligente. Internet permet de simplifier les procédures de recours. Alors qu'elles sont soumises au droit de réserve, des personnes qui auraient peut-être gardé pour elles des situations kafkaïennes peuvent alerter le médiateur sous le couvert de l'anonymat.

Comme le rappelle le sociologue Dominique Cardon dans La démocratie Internet, « la méfiance à l'égard d'une parole sans contrôle ni censure cache une méfiance encore plus grande à l'endroit d'une société auto-organisée. » Alors que la justice sociale est certainement le parent pauvre de l'e-démocratie, force est de constater que la toile offre plus de possibilités pour toutes les expériences auto-organisées dont le projet d’encyclopédie Wikipédia est la réussite la plus connue.

Mais à qui ces expériences profitent-elles prioritairement ? Dominique Cardon le regrette, mais « derrière l'horizon démocratique du "tout-participatif" se reproduisent des partages qui ont pour origine l'inégale distribution des capitaux socioculturels. » Si l'on n'articule pas une forte présence sur le terrain à ces démarches en ligne, on oublie qu'internet est un outil de mobilisation et de collaboration parmi d'autres s'appuyant avant tout sur des réseaux humains. En continuant d'y prêter attention, on évitera de reprocher à l'e-démocratie de reproduire encore des clivages en ajoutant à la fracture numérique la fracture civique.

France

Le Médiateur de la République a été sélectionné pour son site Le Mediateur et vous, qui consacre sa fonction de relais entre les citoyens et les pouvoirs publics dans leurs réclamations. Le site est bel et bien collaboratif : les inscrits peuvent débattre et répondre aux experts ou encore dialoguer directement avec le Médiateur de la République qui pourra tenter de régler le problème. Les fonctionnaires, sous le couvert de l'anonymat, font remarquer des erreurs administratives qu'ils n'oseraient sinon pas signaler. Jean-Paul Delevoye le souligne : ce n'est pas de la dénonciation, mais ce recueil des réclamations est un élément intéressant, selon lui, dans la  « construction de la meilleure décision politique ».

Europe

Rennes Métropole et la ville de Rennes ont ouvert leurs données publiques pour les rendre disponibles à tous ceux qui voudront en faire quelque chose. C'est la première expérience française en matière de transparence qui a été sélectionnée dans la catégorie européenne. Concrètement, un certain nombre de données enfouies dans des ordinateurs sont rendues publiques en temps réel dans certains secteurs de la vie urbaine, comme l'état des transports ou des escalators. Maintenant que ces données sont accessibles et peuvent être partagées, leur réutilisation par les usagers est rendue possible. Rennes vient même de lancer un concours pour que les citoyens développent des applications sur des téléphones portables à partir de ces données.


International

C'est une sénatrice australienne, Kate Lundy, qui a reçu le trophée pour son engagement avec sa campagne Public sphere pour le gouvernement ouvert. Elle a ainsi organisé plusieurs forums pour un gouvernance plus participative. Ces rencontres qui rassemblaient des professionnels du domaine comme des citoyens a permis d’établir des recommandations en utilisant comme outil collaboratif un wiki. Ce rapport qui appelle à améliorer l’efficacité et la transparence de l’administration (loi sur l’information,...), à permettre l’implication de tous dans la réponse aux défis modernes complexes comme le changement climatique. Cette campagne a réussi en débouchant sur l'adoption par le gouvernement de l’époque d'une déclaration sur le sujet qui décline des axes de travail. Depuis, les choses évoluent : l'ensemble des publications de l'administration par exemple ne relèvent plus du copyright mais de la licence "Creative commons". Ainsi le gouvernement permet la réutilisation gratuite de toutes les informations des administrations à condition de citer la source.

dimanche 24 octobre 2010

Comment cautionner la présence des lycéens mineurs dans les manifestations

On trouve dans Libé, une information étonnante qui n'est pas sur le site internet de l’union départementale du syndicat CFE-CGC du Loiret :
elle «continuera de faire entendre sa voix en participant à la journée d’action du 28 octobre et du 6 novembre» contre la réforme des retraites, son président, Claude Guillier, a indiqué dans un communiqué qu’elle avait refusé de «signer le communiqué commun de l’intersyndicale du Loiret, estimant que les syndicats de salariés ne peuvent en aucun cas cautionner la présence de lycéens mineurs dans les manifestations».
Pourquoi les lycéens ne seraient-ils pas les bienvenus ? Est-on assez responsable quand on a quinze ans, se demandent parfois certains journalistes ?

Il est probable que l'irruption des jeunes dans les manifestations ne soit pas plus téléguidée que dans les autres manifestations où seuls les adultes viennent. Mais où est le problème ? Faudrait-il interdire la présence des mineurs dans les cortèges ? Le droit de manifester (qui n'a rien à voir avec le droit de grève) serait-il réservé aux adultes ? Ce présupposé, que partagent certains journalistes, ne repose pourtant pas sur la convention des droits de l'enfant. L'article 12 précise bien leur droit à la participation aux décisions qui les concernent.

Ce qui est étonnant en revanche, c'est que la liberté de manifester soit visiblement un problème pour les policiers qui à Montreuil ont tiré au flashball sur un jeune lycéen. Comme l'a montré la vidéo, le lycéen qui va certainement perdre son œil à cause de cette bavure, ne semblait pas constituer une menace à l'ordre public. Dans quel type de démocratie sommes-nous ?

Vidéo du lycéen blessé par un tir de flashball à Montreuil
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mardi 19 octobre 2010

Comment permettre la coproduction citoyenne sur Internet

Le contrat de la coproduction citoyenne implique que chacun apporte ses observations et son expertise, de manière régulière ou ponctuelle, dans le but d'élaborer des propositions visant à améliorer la situation de tous. Ce processus de création est fondé sur la création progressive d’un consensus entre des intervenants, se joignant librement à un débat collectif.
 
Quelles sont les règles de fonctionnement permettant la collaboration participative la plus large et la plus efficace possible ?
 
Le contenu doit être produit sous licence ouverte. Créé collectivement, chacun doit pouvoir se l’approprier. La licence utilisée par Wikipedia, de type “Creative Commons” par attribution, se prêterait ainsi à la coproduction citoyenne. Elle autorise la réutilisation et la modification du contenu à toutes fins tant que son origine est citée et qu'il est redistribué selon des termes identiques.

Le travail de production doit s'organiser sous la forme du rassemblement
de plusieurs individus en groupes de travail, qui traiteront chacun de sujets clairement délimités
. Il est à cette fin utile que la mise en place de ces chantiers soient coordonnés, afin éviter les doublons et les hors-sujet, et de maintenir la cohérence de l’ensemble. Si les initiateurs du projet remplissent cet office au départ, le mécanisme de coordination devra à terme être confié aux plus méritants en devenant communautaire.
 
Ces groupes doivent opérer de façon indépendante les uns des autres. Il est notamment important qu’un individu ne s'intéressant qu'à un seul sujet puisse participer à un groupe sans se soucier du travail des autres, sans se sentir engagé dans un projet plus large. Il doit être clair que la participation à un groupe donné n’implique aucunement l'adhésion aux conclusions d'autres groupes.
 
Chaque groupe doit compter parmi ses membres un ou plusieurs médiateurs. Ils ont pour fonction de faciliter le déroulement des discussions, de vérifier que les règles sont bien suivies, et de veiller à la courtoisie des échanges en intervenant si nécessaire pour  résoudre les discussions les plus vives. A l’image des coordonateurs, les médiateurs doivent à terme émerger de la communauté.

Des critères de qualité, simples mais systématiques, doivent régler l'élaboration des documents produits. Les propositions se doivent d'être techniques quand c'est nécessaire, chiffrées quand c'est possible et d’intégrer le principe de confrontation au réel.
INTERNET, POLITIQUE ET COPRODUCTION CITOYENNE, Robin BERJON, Fondapol, Septembre 2010.

mercredi 13 octobre 2010

Comment reprendre son entreprise en main

Depuis une semaine est sorti "Entre nos mains". Ce film intéressera tous ceux qui considèrent les coopératives comme des réelles alternatives. Ce tournage en "cinéma direct" suit les tribulations de ce projet pensé par les cadres de l'entreprise et accompagnée par une consultante. J'avais vu ce film à Cannes puisque l'ACID avait en effet sélectionné ce long-métrage.


Confrontés à la faillite de leur entreprise de lingerie, des salariés - majoritairement des femmes - tentent de la reprendre sous forme de coopérative. Au fur et à mesure que leur projet prend forme, ils se heurtent à leur patron et à la réalité du « marché ». L’entreprise devient alors un petit théâtre où se jouent sur un ton espiègle, entre soutiens-gorge et culottes, des questions fondamentales économiques et sociales. Les salariés découvrent dans cette aventure collective une nouvelle liberté.



Avec « Entre nos mains », je voulais porter mon regard sur une « utopie » qui se confronte au réel en racontant l’histoire de « gens » qui sont amenés très concrètement à remettre en question leur manière de vivre ou de travailler et à se penser ou se percevoir autrement, à travers d’autres pratiques.
C’est pourquoi je me suis intéressée aux Scops, des entreprises qui fonctionnent sous forme de coopérative. Elles « révolutionnent » intimement notre manière instituée de travailler et de vivre ensemble et amènent chacun à penser différemment son rapport au travail, aux collègues, aux proches, et plus généralement à revoir sa  manière « d’être au monde ».

Il m’a semblé que le meilleur moyen de montrer cette révolution à la fois intime et collective était de filmer non pas une Scop déjà existante, mais plutôt le prélude à sa naissance, c’est-à-dire la période courant sur quelques mois durant laquelle les salariés envisagent de construire ensemble leur propre coopérative.

C’est ainsi que je suis arrivée à Starissima, une entreprise de lingerie féminine située à proximité d’Orléans, constituée majoritairement de femmes (c’est pour cela que je dirais elles plutôt que ils, écorchant délibérément ainsi notre sacro-sainte règle de grammaire !).

Pour la plupart, elles ont travaillé dans ce lieu toute leur vie durant sans jamais se  syndiquer - à l’exception de l’une d’entre elles - et ne se sont même jamais mises en grève malgré leurs insatisfactions et leurs maigres salaires. Starissima est donc une entreprise  figée depuis des décennies dans un système hiérarchique et paternaliste fort,  « à l’ancienne » pourrait-on dire, mais aussi paradoxalement, à l’image du monde salarial actuel, moins syndiqué et politisé qu’il y a une trentaine d’années.

Avec cette possibilité de travailler en coopérative, des femmes d’origines culturelles différentes, habituées à travailler « en clans » et de manière individualiste, allaient devoir travailler ensemble : l’enjeu pour elles était de taille. Mais plutôt que de décrire le processus économique en lui-même, ce qui m’intéressait,  c’était de filmer - dans la suite de mon film précédent « Histoire d’un secret »  - le politique à hauteur d’hommes et de femmes, et de le faire au quotidien,  en essayant de m’approcher au plus près de chacun, de son évolution singulière, pour essayer d’en dégager au final un sens plus général et plus vaste. Et de faire ainsi de cette entreprise un petit théâtre aux personnages divers et attachants où allaient se jouer des questions fondamentales  économiques et sociales.

 A l’occasion de la sortie du film, la réalisatrice va débattre avec le public dans toute la France :

13 octobre - Théâtre - Malakoff
14 octobre - Cinéma Rialto - Nice
15 octobre - Espace 1789 - Saint Ouen
19 octobre - Théâtre - Poitiers
20 octobre - Trianon - Romainville
21 octobre - Luxy - Ivry/Seine / Select - Antony
25 octobre - Gardanne
26 octobre - Château Arnoux
27 octobre - Le Royal - Toulon
29 octobre - Prévert - Les Ulis / CinéMassy - Massy
30 octobre - Les 400 Coups - Chatellerault
31 octobre - Lectoure
1 novembre - Ciné 32 - Auch
2 novembre - Sainte Foy la grande
3 octobre - Pessac / Saint Medard
4 novembre - Marmande
9 novembre - Cinécentre - Dreux
13 novembre - Lumina - Saint Lunaire