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jeudi 30 septembre 2010

Comment Charpak laissera une trace indélibile

J'avais déjà raconté l'intérêt des expériences innovantes à l'école comme celle de la Main à la pâte il y a maintenant plus d'un an. Au lancement de la Main à la pâte, il s'en expliquait ainsi : ""C'est vrai. Je m'intéresse à la société, à mon pays, et je serais heureux d'être associé, par exemple, à la guérison de certaines tares comme l'échec scolaire, confirme Georges Charpak. Au CERN, j'utiliserais volontiers le poids du Nobel pour leur casser les pieds afin qu'ils intègrent plus volontiers dans les grands groupes de recherche quelques inadaptés dans mon genre qui travailleraient sur les détecteurs. Ce serait un bon stimulant pour attirer de meilleurs chercheurs. Plus généralement, j'aimerais favoriser un meilleur contact, une meilleure communication, entre disciplines scientifiques. Le monde scientifique est trop structuré, et il n'est pas facile de passer d'une communauté à une autre. J'en sais quelque chose, moi qui suis désormais à moitié physicien et à moitié biologiste."

"Inculquer, dès l'enfance, les méthodes de base du raisonnement scientifique est la seule chance de doter les générations futures des moyens d'un rapport dépassionné, raisonnable avec la science. C'est là un enjeu de civilisation", écrivait-il. "Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de faire de la politique intéressante" : "tout cela doit peu à des directives ministérielles", mais "beaucoup au terrain" confessait-il encore en novembre 2006 au “Figaro”.

Il était aussi très fier d'une lettre écrite à Mikhaïl Gorbatchev en 1987, et dont des extraits furent publiés par le Nouvel Observateur. "Je lui conseillais de "trahir ses ennemis "en reculant ses chars vers l'est, et de spéculer en Bourse sur la baisse des actions des sociétés d'armement qu'aurait inévitablement provoquée ce retrait unilatéral. Il aurait pu, ensuite, vendre des tanks compressés par le sculpteur César pour remplacer les monuments aux morts dans chaque village français. C'est ainsi que je fais de la politique : comme un bouffon désespéré."
 
Le bouffon désespéré à l'origine de la Main à la pâte s'est éteint hier à Paris à l'honorable âge de 86 ans.

Comment désobéir en démocratie

Avec cette rentrée littéraire chargée, difficile de tout lire. Si j'ai commencé le dernier livre de Dominique Cardon (La démocratie internet), il va me falloir davantage de temps pour entreprendre Pourquoi désobéir en démocratie ? de Sandra Laugier et Albert Ogien.

Je trouve curieux que l'on reproche depuis hier à Martin Hirsch d'avoir transgressé la loi en publiant Pour en finir avec les conflits d’intérêt. Je ne l'ai pas encore lu non plus, mais ça m'a tout l'air d'être un livre utile au débat politique et le fait qu'il semble avoir anonymisé les cas dont il a eu connaissance lui empêchera tout problème. Sa posture de chevalier blanc pour mieux se faire une santé politique une fois son oeuvre achevée auprès de Sarkozy ne me surprend d'ailleurs pas.

Hier, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a déclaré quelque chose de curieux : «Quand on se veut chevalier blanc, il faut commencer par respecter la loi et ne pas divulguer des informations confidentielles auxquelles on a accès parce qu’on est membre d’une commission qui a été installée par le Parlement et qui vise à la transparence.»

Le brio de cette phrase qui réussit à associer la confidentialité à la transparence m'interpelle.  Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est, à son tour, interrogé : «J’ai adressé ma propre déclaration (à la commission) est-ce que c’est dans le domaine public ou dans le domaine privé ?» M'est avis que cela devrait être public. Comme c'est le cas pour les commissaires européens. Décidemment, la confusion règne en France.

Comment l'accord Chirac nuit à la démocratie


Une démocratie qui a soif de justice, de transparence et d'égalité vient de voter cette semaine une chose importante. Dans cette démocratie pour qui il n'y aucun homme au dessus de la loi, les élus ont voté hier pour traduire devant une cour spéciale leur ancien Premier ministre pour "négligence". Cela vient de se passer pas plus tard qu'hier en Islande. Et puis il y a Paris.

Quand Libération demandait le mois dernier au Maire de Paris s'il pouvait comprendre que l'accord avec Chirac puisse choquer les Français, sa réaction était celle-ci : «Faites-vous élire au suffrage universel et vous représenterez les français !», balançait-il furieux, avant de tourner les talons et de planter les micros des radios. Quelle dignité ! Quelle conception étroite de la démocratie, quelle vision étonnante de la justice !

Si Delanoé est persuadé que son acte est juste, alors qu'il organise un référendum local. Pourquoi un référendum ? Parce que c'est la seule technique qui relève vraiment de la démocratie participative. Lors d'un précédent débat, Delanoé m'affirmait qu'on ne pouvait pas faire mieux qu'à Paris en terme de démocratie participative grâce à ses comptes-rendus de mandat. Il n'a pas dû se rendre souvent à Berlin et ils en font davantage qu'ici en organisant régulièrement des référendums d'initiative populaire (on pourrait aussi citer Arcueil ou Bagnols pour leurs référendums consultatifs). C'est autre chose que le droit de pétition que je contribue à contrôler à la CPDP.

Un référendum local sur l'accord avec Chirac, Delanoé le gagnerait facilement... si les parisiens partagent sa conception curieuse de la morale, de l'éthique et de la justice. Mais rares sont ceux qui comprennent son sens de la justice en dehors de ses sous-fifres. D'ailleurs, c'est bien ça qui l'empêche d'avoir recours au référendum, qui repose sur une valeur essentielle et pourtant si loin de ses manières de faire : l'égalité de tous. L'égalité de tous devant la loi. L'égalité politique de tous pour décider du bien commun. Rien n'est plus clair, plus simple, plus logique.

Or le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avec le comportement de diva avec Libération, on reconnaît bien là les puissants et leur arrogance. L'abolition des privilèges doit être assez loin dans son esprit. C'est d'ailleurs confirmé dans son bouquin tristement nommé De l'Audace :
"J'ai un respect pour la fonction présidentielle… […] J'ai dit à notre avocat Jean-Pierre Mignard : “Je ne veux pas que tu demandes l'audition de Jacques Chirac.” […] Je crois qu'il faut faire preuve de respect et d'élégance dans les rapports humains, même en politique. Je n'ai aucune envie que Jacques Chirac aille en prison."
Pour Delanoé, il y a donc des hommes qui doivent échapper aux auditions et à la prison du seul fait de leur fonction... Eh bien, c'est en "bonne" voie, Jacques Chirac va être relaxé grâce au maire de Paris. Mais est-ce à lui de décider de ce qui est juste ? Delanoé répète à qui veut l'entendre qu'il ne faut pas confondre justice et vengeance. Mais malheureusement ce que sa défintion de la justice n'est que de la complaisance. Tous les gens choqués ne veulent pas une vengeance, mais juste la justice. Une justice libre, c'est à dire une justice sans entrave. Et ceci a été rappelé par Arnaud Montebourg, par Ségolène Royal et par Eva Joly. Bientôt Delanoé nous dira que faire voter des morts, ce n'est pas très grave : après tout, si on n'est pas content, on n'a qu'à se faire élire au suffrage universel...

Pour conclure, quand on sait que l'ONG Transparency France a écrit dans son dernier rapport que "la France continue de véhiculer une image relativement dégradée de sa classe politique", quand on sait que la France n'est classée qu'au 24e rang mondial en ce qui concerne la lutte contre la corruption, quand on sait tout ça, la seule conclusion qui s'impose, c'est que cet accord avec Chirac est particulièrement minable.

Et tout ça pour quoi ? Parce que Delanoé est une autorité morale ? C'est peu crédible, il ne sortira pas grandi de cet épisode. Ou est-ce une autre raison ? Peut-être ce protocole serait l'arbre qui cache la forêt ? La politique, c'est plutôt ça, du donnant-donnant. Alors quelles sont les affaires qui vont rester sous le tapis grâce à cet accord ? La presse a cité le cas d'Eric Ferrand, d'autres ont souligné que le préfet venait d'enteriner une décision municipale pourtant entachée d'irrégularités sur les Halles.

Quel dommage que l'Islande soit si loin de Paris !





Jacques Chirac et les emplois fictifs
envoyé par reunionspubliques. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

jeudi 23 septembre 2010

Comment appréhender l'autre

Il est illusoire, lorsque l’on s’engage dans une carrière de mobilité qui amène à changer de pays tous les deux ou trois ans, ou lorsque l’on est amené à travailler dans des milieux très pluriculturels, de penser que l’on puisse connaître la culture de l’autre. Mais il est utile, dans ces situations, de prendre l’habitude de se poser un minimum de questions sur les représentations que chacun a de notions supposées communes – le temps, l’argent, la nature... – et sur les différentes manières de fonctionner des uns et des autres. Nos évidences ne sont pas forcément celles de l’autre, nos références et notre situation sociale non plus, nos formatages initiaux et notre éducation encore moins.
La grille proposée ici constitue l’un des documents d’appui utilisés notamment lors de séries de cours [par Michel Sauquet] lors de séminaires à Sciences Po (Master affaires internationales) et à l’Ecole Centrale de Paris (séminaire SH/E), ou lors de sessions de formation de formateurs d’ONG. Elle est donc plutôt destinée à de futurs cadres ou volontaires expatriés ou appelés à travailler dans leur pays en milieu pluriculturel. Avec ses 122 questions, elle voudrait les inciter, chaque fois qu’une action de coopération, une négociation commerciale, un débat scientifique ou technique présente des difficultés inattendues, à se demander : qu’est-ce qui a plu « clocher » ?
 

mardi 14 septembre 2010

Comment l'ADELS fait parler d'elle sur Internet

Depuis hier, je suis chargé de la politique de communication de l'ADELS. Vaste programme... Elle édite déjà une excellente revue, Territoires, qui gagnerait à être davantage connue et reconnue. Elle édite déjà des livres, avec notamment certains guides pratiques ou des livres théoriques.

Et puis il y a Internet. Elle est présente sur Facebook, elle a un site internet un peu vieillot et des blogs pour des besoins très précis (celui de la rédaction de Territoires, un blog pour chaque rencontre de la démocratie locale qu'elle organise régulièrement). Face aux faibles moyens mis sur la communication jusqu'à présent, il fallait réfléchir à l'e-réputation de l'association en même temps qu'on réfléchit à la refonte de son site internet. Qu'est-ce qu'on retrouve sur Internet sur elle ? Quelles sont les informations que l'on retrouve sur le web mais pas sur son site ? Les vidéos dans lesquelles on la cite ou on interroge certains de ses membres ?

Ce questionnement a donné lieu à la cartographie suivante :


Désormais à la suite de ce travail il y a plusieurs moyens de valoriser ces ressources :
  • en incluant sur le site internet de l'ADELS toutes les informations, vidéos,... dont l'association est à l'origine et qu'elle ne valorise pas encore. L'exemple-typique est cet entretien de Georges Gontcharoff sur la réforme des collectivités territoriales.
  • en animant une démarche de réseau pour promouvoir le site de l'ADELS et ses productions sur les sites qui parlaient déjà d'elle, l'ensemble du contenu du site va passer en Creative Commons pour la libérer du droit d'auteur trop restrictif
  • en continuant cette démarche en attirant de nouveaux contributeurs pour le site de l'ADELS pour témoigner des réalités de la démocratie locale en France
Ainsi en réalisant cet état des lieux, il y a de grandes chances pour que la cartographie des ressources sur le web permettent d'animer une stratégie collaborative qui sera gagnante-gagnante du point de vue éditorial. Rendez-vous dans un an pour faire le bilan !

vendredi 10 septembre 2010

Comment réévaluer la démocratie locale à Paris

A la suite du Printemps de la démocratie locale à Paris, je faisais un vœu pieux :
Une évaluation un tant soit peu rigoureuse demandera donc un minimum de moyens humains pour la mener à bien : il faut du temps et de l'énergie pour analyser tous les rapports des instances, mener des entretiens et des sondages, analyser des questionnaires.
La proposition a été plébiscitée puisque sur une cinquantaine de propositions, la question de l'évaluation a été classée dans le top 7 des préoccupations des participants. La dimension de l'évaluation a d'ailleurs été évoquée par la Commission Parisienne du Débat Public le 8 septembre avec une présentation que j'ai basée sur le billet écrit le 23 avril. Du coup, un groupe de travail va se former au sein de la CPDP pour proposer un référentiel. Comme il est important qu'on associe dans ce travail les instances et leurs participants (la méthode n'est pas fixée), je commence par publier ce travail sur ce blog. Une carte heuristique est visible entièrement ici et résume les propositions que je ferai à la CPDP.


jeudi 9 septembre 2010

Comment garantir le bon fonctionnement d'une concertation

Parfois les concertations publiques se déroulent mal. Saisie de cette question, la Commission Parisienne du Débat Public a réfléchi au profil d'une personne qui servirait de médiateur dans une concertation publique. "Le rôle et le profil du garant ici définis s’inscrivent dans la continuité des fonctions déjà  confiées  par  la  Ville  de Paris sur  de  grands  chantiers  municipaux  à  un  garant.  Ils  en précisent  le  sens  et  le  contour  en  tenant  compte  de  la  Charte  parisienne  de  la participation adoptée récemment" :

La concertation est placée sous la vigilance d’un garant qui, impliqué dans toutes les phases de la concertation, facilite le dialogue entre les acteurs et l’expression de tous les avis.

Il veille au respect des modalités et étapes du processus telles qu’elles sont énoncées dans la Charte Parisienne de la Participation et prévues dans le plan de concertation.

1. Garantir la participation du plus grand nombre

Le garant veille au respect des engagements pris dans la Charte Parisienne de la Participation en matière de recherche de la participation du plus grand nombre.

Il veille par conséquent à ce que la pluralité des citoyens, instances de démocratie participatives, associations de quartier ou associations spécialisées soit consultée.

En outre, il s’assure que l’expression des attentes des populations jeunes, de celles qui connaissent des difficultés sociales et de celles qui sont en situation de handicap, soit systématiquement recherchée selon des modalités adaptées.
 
(...)  L’enjeu métropolitain du projet sont également des objectifs constants de la concertation.

2. Veiller à la diffusion d’une information transparente et accessible pour le grand public

Le garant veille, en lien avec les autorités compétentes, à ce que chacun ait accès à une information complète,  pluraliste, transparente, et compréhensible de tous, notamment des non spécialistes, tout au long du processus participatif.

Il veille à la mise en ligne des informations dans des délais raisonnables sur le site dédié et au rôle de la Maison du Projet comme lieu d’accueil et d’information de qualité.

3. Garantir la prise en compte des avis exprimés et la restitution des décisions dans un esprit de construction commune

Le rôle du garant ne se confond pas avec celui de l’animateur, c’est pourquoi il n’est pas comptable de la bonne tenue de la réunion, de la circulation de la parole et de l’esprit de respect mutuel qui doit y présider.

Le garant valide les comptes-rendus de réunions. Il oriente les travaux à venir et les thèmes à aborder dans les concertations de l’année suivante. Il participe à la rédaction de bilans d’étape réguliers.

Il a en charge le bilan annuel de la concertation pour lequel il rédige un rapport. Il restitue aux élus et aux citoyens ses conclusions lors de l’Assemblée annuelle de la Concertation dont il est le Président de séance, avec cette fois autorité sur la tenue des débats.

Le garant ne prend pas parti sur le fond du dossier. Il conserve tout au long du processus une stricte neutralité.

En toute indépendance vis-à-vis des parties prenantes privées ou publiques, le garant peut à tout moment alerter les maîtres d’ouvrages sur un problème particulier concernant la concertation.

En cas de conflit, il a un rôle de médiateur.

Profil du garant

Le garant est une personnalité réceptive aux enjeux de logement, notamment pour les personnes défavorisées, et ayant une importante pratique du terrain dans le domaine associatif, de l’aménagement et/ou du développement territorial.

Il possède une expérience concrète de la concertation et du dialogue public. Il est doté d’un sens de l’intérêt général, d’une aptitude à la communication et à l’écoute.

Il doit répondre à une condition d’impartialité vis-à-vis de l’opération.

La nationalité française n’est pas requise, et il n’y a pas non plus d’exigence de résidence.
Remarque :

J'ai réussi à convaincre les autres de la nécessité de rajouter l'adjectif "pluraliste" pour définir le rapport du garant à l'information. Sans ça, cela donnait l'impression qu'il pouvait exister une information officielle, nécessairement juste et les autres ne sont que des opinions.

J'avais aussi proposé, sans succès, que le rapport annuel fasse figurer une synthèse des différents types de réclamations reçues par le garant, comme c'est le cas pour le Médiateur de la République.


Certains au sein de la Commission s'interrogeaient aussi sur les conditions concrètes d'exercice de cette fonction. On avait évoqué notamment le niveau d'indemnisation de ce poste (autour de 1500 euros pour un temps partiel, qu'on peut investir aussi comme un temps-plein). Cela pose des questions concrètes de motivation. Certains noms de personne pouvant être proposés comme garant posent ce problème très concret : comment estimer avant l'entrée en fonction du garant de son adéquation sans audition au préalable ? Comment auditionner une personne sans qu'on réfléchisse aux critères d'évaluation pour définir pourquoi telle ou telle personne remplira mieux le rôle ?

 

La CPDP n'a pas tranché ces questions pour le moment et je pousserai au maximum à ce qu'on réfléchisse à une véritable méthodologie en la matière. Roland Peylet, le président de la CPDP, hier soir semblait déterminé à ce qu'on joue pleinement ce rôle.

vendredi 3 septembre 2010

Comment le journalisme peut redonner du pouvoir à l'audience

Hier, Jay Rosen était à l’Ecole de Journalisme de SciencesPo à Paris où il a donné la leçon inaugurale montrant que démocratisation de la prise de parole et transfert de pouvoir des médias vers l’audience, loin de signifier « tous journalistes », favorisaient des formes plus riches d’exercice du métier. Eric Scherer nous en livre la substance en dix règles (ah... cette passion pour les chiffres ronds dans les présentations américaines...) :

1 – Transformez vos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs en usagers.

Faites en sorte que le public utilise votre travail, les informations, analyses, images, sons etc. que vous produisez. Et surtout évitez de travailler pour vous adresser aux autres journalistes !

2 – N’oubliez jamais que le public en sait plus que vous.

Non seulement, dans son ensemble, il en sait bien plus que vous, mais il peut aussi s’adresser à vous et vous aider. Le New York Times l’a bien compris qui puise désormais dans les compétences de ses millions de lecteurs internautes. Un rubricard doit suivre 1.000 comptes Twitter sur son secteur pour s’aider dans sa couverture !

3 – Habituez-vous à la mutualisation du journalisme.

Traitez votre audience et le public en égaux. Entretenez une relation d’égalité et non de surplomb. Il y a davantage de photos publiées chaque jour sur Facebook que dans tous les journaux réunis.

4 – Facilitez la tâche à vos usagers dans la réutilisation de votre production.

Ouvrez vos outils. Aider les à participer. Nourrissez leur appétit d’informations.

5 – Rappelez-vous que si chacun est en mesure désormais de prendre la parole, tout le monde ne le fera pas.

Ils seront même très rares ! Le ratio est bien connu dans le monde du web où 90% des internautes sont passifs, 10% participent et 1% produisent eux-mêmes. Les gens ne veulent pas votre boulot ! Ils ne veulent pas devenir journaliste professionnel !

6- Sachez que le journaliste ne vit pas dans un monde à part. C’est juste un citoyen un peu mieux informé que les autres.

Ses compétences sont loin d’être sophistiquées et n’ont rien à voir avec celles d’un neurochirurgien ou d’un pilote de 747 !

7 – Gardez en tête que l’autorité du journaliste vient d’abord du service qu’il rend.

Celui de raconter le monde de manière originale : « je suis ici, vous n’y êtes pas, laissez-moi vous raconter et vous expliquer ce qui se passe ». Vous savez quelque chose que le public ne sait pas, vous avez un accès qu’il n’a pas, etc…

8 – Maintenez un savant équilibre entre ce que le public veut et ce qu’il ne sait pas qu’il veut.

Répondez à ce qui l’intéresse, mais trouvez aussi les informations qu’il ne sait pas encore qu’elles vont l’intéresser.

9 – Ne sur-jouez pas l’objectivité, mais dévoilez vos motivations et votre point de vue.

Evitez la posture du journaliste objectif pour chercher le respect. Elle ne convainc plus personne aujourd’hui ! Faites preuve de transparence dans votre travail et les gens vous feront confiance.

10 – Aidez les communautés d’intérêt à partager et à s’exprimer.

Les gens qui partagent une passion ou des centre d’intérêt ne sont plus isolés : ils peuvent désormais se parler, partager des informations et les publier. Vous pouvez les aider à créer des services d’informations. Et apprendre ainsi à créer de nouveaux revenus.